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Une conduite performante qui limite les animaux improductifs

François Fouqueron, dernier lauréat des Sabots d’or limousins dispose aujourd’hui d’un cheptel au fort potentiel génétique, de type mixte-viande, avec de bonnes qualités maternelles. Productivité des animaux et valorisation fourragère maximale sont au cœur de son système.

François Fouqueron, installé à Villevêque dans le Maine-et-Loire, a repris en 2013 l’exploitation de son oncle, conduite en 100 % IA depuis maintenant quarante ans (75 % de réussite en première IA). « À mon installation, je disposais déjà d’une très bonne génétique. J’ai donc essayé de continuer dans ce sens, tout en améliorant la technique », souligne l’éleveur, à la tête d’un cheptel naisseur de 50 mères limousines. L’obtention des Sabots d’or en 2021 est là pour en attester. Groupage des vêlages et optimisation des accouplements ont été, dès ses débuts, deux points clés de la conduite de son troupeau. « Je recherche avant tout des vaches qui vêlent seules et qui élèvent leurs veaux seules. » Dorénavant, l’éleveur s’attache à ramener de la conformation en conservant la bonne productivité du troupeau. « Je suis producteur de viande. » Entre 2017 et 2020, le poids carcasse des femelles, environ une quinzaine par an, est passé de 450 kg carcasse à 482 kg. Sur l’année 2021, 18 vaches ont été abattues à un poids carcasse moyen de 487 kg, classées U-/U=.

Les mises bas ont quant à elles été recentrées sur deux mois, en début d’automne. En 2019, les vêlages ont même été groupés sur à peine deux mois (48 jours). Le choix de la période de vêlages, du 15 août au 15 octobre, s’est fait en adéquation avec la production de maïs semence qui demande beaucoup de temps pendant la période estivale (semis, irrigation, gestion du personnel, castration). « La production de maïs semences se joue sur trois mois. L’été, je suis moins exigeant sur le troupeau. C’est une des raisons pour laquelle je reste en vêlage 3 ans, en plus de posséder des animaux assez tardifs. »

Composer avec la nature

Une particularité de l’exploitation réside dans sa localisation dans la basse vallée angevine. La production fourragère est pour cette raison très dépendante de la nature et des conditions météorologiques, d’une année à l’autre. 60 hectares de prairies se trouvent en zone inondable. L’exploitation est en effet proche du regroupement de trois rivières (le Loir, la Sarthe et la Mayenne) qui donnent naissance à la Maine, rivière traversant la ville d’Angers. Aussi, afin d’éviter que les crues n’arrivent sur Angers, l’eau se retrouve dans les prés des Basses vallées angevines. « En année normale, elle se retire en février-mars. Mais en cas de printemps humide, en moyenne une année sur deux, les vaches ne peuvent sortir qu’en mai », précise François Fouqueron. En cas de fortes pluies annoncées, l’éleveur doit surveiller les crues sur Vigicrue pour ramener les animaux en cas de besoin. Ses prés sont également sous Maec pour la protection d’un oiseau, le Râle des genêts. Un retard de fauche est donc nécessaire (au 20 juin, 10 et 20 juillet selon les dates de nidification). « Au 20 juillet, je récolte plus du foin pour litière ou pour nourrir les taries. »

Sur le haut de l’exploitation, les terres sont au contraire séchantes. Toutefois, l’éleveur a su composer avec des terres aux caractéristiques radicalement différentes. Les pâtures, sur les terres hautes séchantes, lui permettent de sortir tôt les animaux. Celles tardives, de déborder sur l’hiver. Les génisses sortent fin février, début mars pour déprimer les champs. Les vaches début avril.

Deux périodes rigoureusement suivies

Toutes les femelles sont remises à la reproduction, hormis accident de vêlages. L’âge n’est pas un critère de réforme mais l’improductivité si. Avec le lot de génisses qui rentre cela représente 60 à 65 femelles, pour un objectif de 50 à 55 vêlages. « Restant en vêlages à 36 mois, les génisses sont conduites à l’économie. Elles valorisent au maximum le pâturage. Celles d’un an ont été rentrées cette année le 23 décembre. » Les futures mères vêlent dehors pour profiter des meilleures conditions sanitaires possibles. Elles ont ensuite un accès à la stabulation. « Tous les matins, je leur distribue à manger. Les veaux sont pendant ce temps bloqués pour effectuer les soins. Ainsi, je consomme moins de litière et d’aliment. »

L’alimentation du troupeau est basée sur le pâturage et les fourrages récoltés de l’exploitation. Les vaches disposent d’une ration vêlage à base d’ensilage et d’enrubannage d’herbe et de farine de méteil-triticale. A partir du 15 octobre, les mères rentrent en fonction de leur date de vêlage et passent à une ration reproduction. Les primipares sont conduites à part. Elles ont alors à leur disposition du maïs ensilage, de l’ensilage et de l’enrubannage d’herbe, de la farine de triticale (1 kg pour les multipares et de 1 à 1,5 kg pour les primipares), du foin et du minéral. Les veaux sont bloqués la journée pour favoriser l’expression des chaleurs. Ils sont ainsi plus dociles.

Des femelles bien valorisées

Toutes les mères et les veaux nés des derniers vêlages ressortent à l’herbe. Les broutards mâles prêts à partir sont maintenus en stabulation. Une dizaine est vendue au 15 avril, une autre au 15 mai. Les veaux de l’année, sortis à l’herbe, sont sevrés en stabulation au 15 juin et vendus après pesées. En 2020, ils sont partis en moyenne à 323 kg vifs. Les vaches pleines sont alors réparties en fonction de leur date de mise bas. Les génisses sont sélectionnées au sevrage. Elles sont mises seules au pré et rentrent à Noël. Des coprologies sont réalisées tous les ans sur les génisses pour piloter au mieux le parasitisme (strongles, douve et paramphistome). Les frais vétérinaires sont peu élevés sur l’exploitation. Les vaches sont vaccinées quinze jours avant vêlages contre les diarrhées néonatales, les veaux le sont pour prévenir les maladies respiratoires.

Un gros travail a été engagé par l’éleveur pour valoriser au mieux l’herbe pâturée. Les prairies temporaires ont été semées avec des espèces plus résistantes au sec et des légumineuses (fétuque, lotier, trèfle blanc). Dès son installation, François Fouqueron a mis en place le pâturage tournant. À l’avenir, il voudrait essayer de valoriser les zones boisées de l’exploitation pour faire de l’écopâturage. L’exploitation est autonome à 88 %. Seul un aliment correcteur est acheté pour les veaux et l’engraissement des femelles.

Les femelles échographiées vides en février sont, quant à elles, pré-engraissées sur des prairies temporaires, voire pour certaines, engraissées à l’herbe avec un complément et de la farine de triticale. Deux-tiers des vaches sont valorisées depuis 2017 en direct avec un Super U des environs, en moyenne à 4,70 euros le kilo carcasse. L’achat d’une cage de pesées est en cours de réflexion pour conduire de manière encore plus rigoureuse l’engraissement des animaux.

Chiffres clés 

50 mères limousines
110 ha dont 85 d’herbe (60 en zone inondable), 15 de maïs semence et 10 de méteil/triticale
100 % IA
4,3 % de mortalité
376 jours d’IVV
30 % de renouvellement
88 % d’autonomie en concentrés (409 kg de concentrés consommés en 2020)

De l’énergie pour les femelles en reproduction

 

 
 

 

En maïs semence, seul le rang femelle est récolté. Le rang mâle qui ne sert qu’à la pollinisation est généralement broyé. Pour valoriser ce dernier, l’éleveur a adapté un enjambeur de castration sur lequel il a installé un bec d’ensileuse. Ce maïs ainsi ensilé et incorporé à la ration des femelles, apporte de l’énergie pour la reproduction.

Avis d’expert - Alexis Kupperroth, conseiller viande chez Seenovia

« Un éleveur perfectionniste »

 

 

 

« François est un éleveur très technique, rigoureux et perfectionniste. Les résultats techniques et génétiques de l’exploitation sont très bons, à la hauteur de ses objectifs. C’est un plaisir de l’accompagner. Il n’hésite pas à tester des choses et attend un retour sur investissement ce qui est tout à fait normal. Dorénavant, il cherche les points de détail lui permettant de gagner en économie. Le pâturage fait partie des pistes en cours avec la diminution des stocks fourragers consommés. Les prairies temporaires ont été ressemées en tenant compte des terres séchantes de l’exploitation et des légumineuses ont été intégrées. Il a également intégré un groupe d’éleveurs qui travaille cette année sur le diagnostic carbone et sur les coûts de production pour mesurer son impact environnemental et servir la rentabilité de son exploitation. »

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