[VIDEO] Litière des poulaillers : un scarificateur Benza qui fait le job
Le brassage de la litière contribue à améliorer le taux de pododermatites des poulets, mais il ne remplace pas totalement le repaillage.
Le brassage de la litière contribue à améliorer le taux de pododermatites des poulets, mais il ne remplace pas totalement le repaillage.
Jusqu’à présent il n’y avait pas en France d’offre satisfaisante en équipements de mélange de litière avicole. Peut-être faute de demande et parce que cette pratique ancienne était tombée en désuétude, à la suite d’interrogations sur son impact sanitaire (résurgence de coccidies ?) et sur la qualité de l’ambiance après brassage (relargage d’ammoniac). Les éleveurs qui voulaient entretenir la litière se contentaient de motoculteurs lents et peu maniables qui donnaient un résultat moyen. C’était le cas d’Olivier Rousseau, producteur de poulets et de dindes en Ille et Vilaine. « Avec le motoculteur j’obtenais une litière hétérogène avec des mottes grossières. De plus, il fallait mobiliser deux personnes, l’une au motoculteur et l’autre pour écarter les oiseaux. » Sur les conseils d’un technicien, Olivier Rousseau a testé et adopté en 2018 un scarificateur venu d’Espagne. « Maintenant, j’obtiens une litière bien émiettée et homogène. Surtout, j’ai vu l’impact sur le taux des pododermatites. » Pour l’instant, sa grille de paiement n’en tient pas compte, même si la notation est indiquée sur sa fiche de résultats. Il y a eu un avant et un après. « Sans rien changer d’autre, je suis passé de 10 à 20 % de taux de conformité entre 55 et 70 %. Je suis convaincu que les deux sont liés. »
Trois passages en poulet
Les sols des bâtiments d’Olivier Rousseau sont en terre battue recouverte de copeau en dinde et de « farine » de paille en poulet, obtenue par un broyage à façon avec des marteaux rotatifs. Avant la mise en place, il prend bien soin de préchauffer le sol nu, puis la litière pour qu’elle reste sèche et chaude. « En poulet, je passe le scarificateur vers 8-10 jours ; ensuite une fois par semaine jusqu’à 25 jours. Soit trois fois. Le premier passage me fait économiser l’enlèvement manuel du papier de démarrage, une tâche relativement fastidieuse. Le résidu est broyé et contribue à absorber l’humidité. À cet âge, je ne brasse pas la litière sous les radiants, restée bien sèche. » En dinde, le brassage commence vers l’âge de 21 jours pour se terminer vers 70 jours, avec une fréquence liée à l’état de la litière, « sans attendre qu’elle ne soit dégradée. » L’éleveur compte au maximum 1 h 45 d’intervention pour 1 500 m2, relevage et abaissement des lignes compris. Il préconise deux personnes en poulet, alors qu’une seule suffit avec les dindes plus mobiles. Olivier a virtuellement séparé chaque bâtiment en trois segments, eux-mêmes divisés en trois zones. Pour ne pas séjourner trop longtemps dans le même segment, il travaille une seule zone par segment, puis passe au suivant en respectant un ordre de passage. « Le brassage n’exonère pas de recharger en litière, pour absorber l’humidité des fientes qui s’accumulent avec l’âge, souligne Olivier Rousseau. Les oiseaux ont besoin de confort et j’aime les voir avec de la paille ou du copeau. » Il répand la litière manuellement avec le tuyau à propulsion pneumatique. En poulet, il recharge une à trois fois selon la saison et l’état des fientes. En dinde, c’est autant de fois que nécessaire, surtout dans les zones humides autour des mangeoires. En définitive, avec cet outil qui lui a permis d’améliorer son taux de pododermatites, Olivier Rousseau n’envisage pas de bétonner les sols de ses poulaillers.
Un engin trouvé en Espagne
Conçu pour brasser la litière de paille broyée, le scarificateur Benza est commercialisé par Bernard Motoculture en Bretagne, Normandie, Pays de la Loire. Fin août Michel Bougis, chargé des ventes, annonçait une vingtaine de machines vendues depuis deux ans. « C’est pour répondre à la demande d’un producteur de dinde des Côtes d’Armor que nous avons découvert cette machine en Espagne. Puis le bouche-à-oreille a fait son effet. » L’axe de 73 cm porte deux rangées de fers plats pivotants. Il est entraîné par un moteur thermique de 9 CV. C’est la grande vitesse de rotation qui assure le brassage intime de la litière par les fers. La hauteur de l’axe est réglable. L’engin se pilote comme un motoculteur, avec deux vitesses et une marche arrière. La version la plus vendue correspond au modèle autotracté avec deux roues avant pivotantes, ce qui évite de soulever l’engin pour repartir dans l’autre sens. « Beaucoup de femmes interviennent en poulailler a constaté Michel Bougis. Pour elles, c’était très difficile avec le premier modèle à roues fixes qui pèse jusqu’à 125 kg. À ma demande, le fabricant a installé les roues pivotantes pour manœuvrer facilement et la déconnexion d’une roue arrière le fait tourner plus court. » Benza propose un modèle moins sophistiqué, avec un axe muni de fers recourbés (comme un motoculteur) qui convient mieux à de la litière grossière. Il fait 45 cm de large et n’a pas de roues pivotantes (poids de 73 kg). Le prix catalogue de ces deux machines est de 3 600 euros HT.
Moins de repaillage chez Dominique Laizé
Éleveur de poulets à Parigné en Ille et Vilaine, Dominique Laizé a fait trois lots avec son scarificateur Benza. « La machine rend la litière plus souple, confirme l’éleveur, mais je n’ai pas vu d’impact sur le taux de pododermatites. » Il le met sur le compte de sa paille initialement mal broyée et de qualité médiocre. « Je commence à le passer vers 3-4 jours jusqu’à trois semaines, à raison d’un passage tous les 4-5 jours. Et je ne rajoute plus du tout de litière neuve comme avant. » La durée d’une intervention est d’environ 1 h 30 pour 17 longueurs réalisées dans son 1 200 m2 « Il faut être deux pour passer l’appareil et ranger les poulets, surtout au premier passage. Au second, les poulets reviennent vite à leur place. »
Brasser en poules repros aussi…
Installé à Lanrodec dans les Côtes d’Armor, Éric Guéno utilise le scarificateur Benza une fois par semaine sur ses poules et coqs repros chair, entre l’âge de 28 à 42 semaines (1). Au-delà, c’est inutile car la litière est devenue friable et souple. « Je l’ai acheté cette année pour décroûter sous les lignes où se perchent les poules. J’en suis très satisfait. Enlever ces croûtes à la fourche et ajouter du bouchon de paille sur les zones trop humides est vraiment très pénible. » Il compte environ 3 heures pour son 1 500 m2 qui loge 10 000 poules. « Il est efficace. Avec ses roues pivotantes, il est beaucoup plus maniable qu’un microtracteur et il coûte moins cher. » Quant au bruit, il lui a suffi d’habituer les animaux une seule fois en faisant tourner le moteur sans travailler la litière.