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Ensilage maïs : quel bilan pour la récolte 2024 ?

Les retards de semis et les difficultés de récolte ont fait craindre le pire cette année. Mais les résultats de l’ensilage de maïs, tant en rendement qu’en valeurs alimentaires, sont plutôt une bonne surprise. Toutefois, le risque de mycotoxines est particulièrement présent. 

Chantier d'ensilage de maïs
Le principal défi de cette récolte a souvent été de rentrer des maïs suffisamment secs.
© Réussir SA


 

Dans ses prévisions, le ministère de l’Agriculture annonce une production nationale de 16,2 millions de tonnes de maïs fourrage, un chiffre en baisse de 7,2% par rapport à 2023, mais quasiment stable (+0,5%) par rapport à la moyenne 2019/2023. Ramené à l’hectare, cela donne un rendement de 12,6 tMS/ha, soit -8,8% par rapport à 2023 mais +2,7% par rapport à la moyenne de cinq dernières années. 

Voilà pour les statistiques. Concrètement, sur le terrain, certaines zones touchées par les tempêtes automnales ont connu de sérieuses difficultés de récolte, mais, dans l’ensemble, il ressort une impression d’avoir "sauvé les meubles" entre des semis perturbés par les pluies, une humidité persistante sur tout le cycle de la plante et une période d’ensilage de maïs très étalée de fin août à mi-novembre. 

 

Malgré des taux de matière sèche variables, des rendements somme toute corrects 

Le principal défi de cette récolte de maïs a souvent été de rentrer des maïs suffisamment secs. Les maïs semés fin avril/début mai ont été récoltés à des taux de matière sèche corrects même si plutôt dans le bas des recommandations. Les derniers semés ont eu plus de mal à dépasser les 30% de matière sèche. Ce qui peut entrainer des coulures, donc des pertes de valeurs alimentaires. Certains éleveurs, par manque de stocks au regard du mois de retard de récolte, ont dû rentrer du maïs un peu trop vert. « L’ensilage de maïs trop vert apparaît aussi une conséquence de semis qui se sont déroulés en 2 périodes. Les dernières parcelles semées étaient vertes alors que les autres étaient bonnes à ensiler », note Anthony Baslé, responsable de l’équipe expertise animal d’Eilyps. 

 

Ensilage de maïs : des résultats 2024 meilleurs qu’espérés 

Une année sans stress hydrique plus favorable au développement végétatif... 

Cette année, les cultures n’ont pas subi de stress hydrique ou thermique. Ce qui a favorisé le développement végétatif. « Les rendements sont tout à fait corrects, autour des 14t MS/ha », chiffre Jérôme Larcelet, consultant nutrition chez Seenorest. Même constat, chez son collègue de l’Union laitière de la Meuse. « Les ensilages de maïs sont plutôt bons, surtout ceux qui ont été récoltés à maturité, avec de bons taux d'amidon dont des taux d'amidon by pass intéressants et des rendements autour des 14 tMS /ha », apprécie Lionel Vivenot. 

A l’Ouest aussi, les rendements sont satisfaisants. « Le développement végétatif était bien présent. En revanche, les taux d’amidon sont parfois décevants avec 25/26%. Comme il y a régulièrement des volumes excédentaires, il sera possible d'utiliser des parcelles pour enrichir la ration avec du maïs épi ensilé ou du maïs humide », considère Mickaël Sergent, consultant nutrition et robot pour Seenovia. 

... Qu'au remplissage des grains

L’année a été plus favorable au développement végétatif qu’au remplissage des grains. « Ce qui donne des maïs riches en fibres, heureusement assez digestibles », constate Jérôme Larcelet. « La digestibilité est à un bon niveau, avec une DMO autour de 73%. Malgré la grande taille des maïs, ils n’étaient pas trop riches en lignine. Nous observons une moyenne de 20,8% de cellulose, avec 45% de NDF. » Une valeur UFL (INRA 2018) autour des 0,97 – 0,98 / kg MS se dessine. 

 

Des points de vigilance après les premières analyses des ensilages de maïs 

Un maïs pauvre en azote 

Point noir de cette année, les premières analyses montrent des maïs assez pauvres en azote, avec des MAT entre 6 et 7%. 

« Comme ils ont souvent un taux en matière sèche assez faible, les maïs sont relativement encombrants, note Anthony Baslé. Les vaches vont donc manger moins de quantité de maïs, et comme celui-ci n'est pas non plus très riche en énergie, il va falloir booster les rations en énergie avec des amidons lents. » Le maïs -qu'il soit sous forme humide, grain sec, ou épi- sera une meilleure complémentation que les céréales dont l’amidon est rapide. 

 

Mise en garde sur l’ensilage de maïs de 2024 

Comme au sein d’un même silo, il peut y avoir des maïs semés à des périodes différentes, avec des écarts importants de valeurs alimentaires, des analyses régulières seront bienvenues pour ajuster au mieux la ration. 

 

Attention au risque mycotoxines surtout sur l’ensilage de maïs tardif 

La météo douce et humide a favorisé le développement du fusarium, le champignon à l’origine des mycotoxines. 

 

 
<em class="placeholder">vaches laitières au cornadis</em>
Les premières analyses montrent des niveaux élevés en DON et une présence, principalement dans les régions Est, de zéaralénone. © Annick Conté

Cette année, le risque de mycotoxines est particulièrement présent. En plus, les attaques de pyrales ont engendré des blessures sur les tiges, comme autant de portes facilitant la colonisation par le champignon. Autre facteur aggravant, les mycotoxines se développent à un rythme exponentiel en fin de cycle. Plus les ensilages de maïs sont tardifs, comme cette année, plus il y a de risque. 

 

Des niveaux élevés en DON

Les premières analyses montrent des niveaux élevés en DON et une présence, principalement dans les régions Est, de zéaralénone. « Face à ce risque, nous préconisons une prise d’échantillon en vert le jour du chantier pour une analyse mycotoxine. Ainsi, le taux de contamination du fourrage sera connu avant ouverture », recommande Mickael Sergent, consultant nutrition et robot chez Seenovia. Si l’analyse détecte une charge élevée, il sera possible d’agir dès la distribution du maïs 2024, avant l’apparition des premiers symptômes. 

« Les capteurs de mycotoxines, distribués à l’auge, marchent bien, encourage Jérôme Larcelet, consultant nutrition Seenorest qui anime l’observatoire national des mycotoxines. Ils reviennent entre 25 et 45 centimes par vache. Un coût à mettre au regard des 2 à 3 litres que font facilement perdre les mycotoxines. Sans parler des problèmes de santé et de reproduction qu’elles entrainent ». Des conséquences d’autant plus importantes que le niveau de production est élevé.

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