Traite : comment réaliser des économies d’énergie ?
Le bloc traite est le premier poste de consommation électrique. Il représente en moyenne 85 % de la consommation totale des élevages laitiers, selon le GIE Élevage de Bretagne. Le tank à lait consomme plus d'un tiers de l’électricité du bloc traite, suivi par le chauffe-eau, puis la pompe à vide. Pour faire face à la hausse des tarifs, quelles sont les solutions pour réaliser des économies sur sa facture d’énergie ?
Le bloc traite est le premier poste de consommation électrique. Il représente en moyenne 85 % de la consommation totale des élevages laitiers, selon le GIE Élevage de Bretagne. Le tank à lait consomme plus d'un tiers de l’électricité du bloc traite, suivi par le chauffe-eau, puis la pompe à vide. Pour faire face à la hausse des tarifs, quelles sont les solutions pour réaliser des économies sur sa facture d’énergie ?
Des gestes simples
« Il faut penser à nettoyer et dépoussiérer le condenseur du tank à lait, explique Alexandre Marien, conseiller traite à la Chambre d’agriculture du Nord Pas de calais. Sinon il fonctionne moins bien et consomme plus. »
Autre astuce : isoler le ballon d’eau chaude et la tuyauterie. « Souvent ce n’est pas le cas alors que cela peut être facilement réalisé », indique Joanna Herrera, chargée de mission au GIE Élevage de Bretagne. Les déperditions de chaleur sont alors moins importantes, notamment en hiver, et le chauffe-eau a moins besoin de fonctionner. L’entretien du chauffe-eau est aussi source d’économie : un chauffe-eau entartré consommera plus d’électricité.
Bien penser sa laiterie et ses équipements
« Une laiterie bien conçue, c’est jusque 20% d’économie d’énergie sur le tank », avance Alexandre Marien. En effet, le tank dégage de la chaleur. Conséquence : si la laiterie n’est pas bien ventilée, la température du local peut augmenter de 10 degrés. Le tank a alors de plus en plus de mal à se refroidir et consomme plus. « Il faut veiller à une bonne ventilation de la laiterie et à envoyer la chaleur générée par le tank à l’extérieur. » Autre possibilité : positionner le groupe frigorifique à l’extérieur ou dans un autre local soit en le déconnectant du tank soit en positionnant le tank à cheval.
« Il y a aussi de fausses économies, interpelle le conseiller du Nord Pas de Calais. Lorsque l’on agrandit sa salle de traite, il faut penser à dimensionner le chauffe-eau en conséquence. Sinon il va tourner en continue toute la journée. » Mieux vaut légèrement le surdimensionner, quitte à agencer deux chauffe-eau en série, pour lui permettre de fonctionner uniquement pendant les heures creuses moins chères avec le contrat adéquat.
Côté pompe à vide, plus la traite sera rapide, moins elle tournera longtemps. Bien raisonner le déplacement des animaux en amont de la traite, s’organiser pour disposer de tout le nécessaire à proximité ou encore avoir des vaches propres permettra de réduire le temps traite. La puissance de pompe à vide doit également être dimensionnée par rapport à vos besoins. Si elle est sous-dimensionnée alors elle risque de fonctionner plus longtemps. Si elle est surdimensionnée son moteur le sera et consommera plus d’énergie.
Investir pour un retour rapide
« Le premier investissement à opérer pour réaliser des économies d’électricité à la traite est le prérefroidisseur, explique Joanna Herrera. Il permet jusqu’à 50 % d’économie. » Dans cet échangeur thermique, le lait et de l’eau circulent à contre-courant. Il permet à l’eau d’extraire les calories du lait trait et d’abaisser sa température (entre 17 et 23 degrés) avant qu’il entre dans le tank. Bilan : le groupe frigorifique du tank a moins besoin de refroidir le lait et consomme moins. L’économie est d’autant plus appréciable que le tank fonctionne pendant les heures pleines de tarification de l’électricité qui sont les plus chères. « Le seul point à bien réfléchir en amont est la valorisation de cette eau tiède », prévient la chargée de mission bretonne. Il faut compter 1,5 à 2 litres d’eau par litre de lait refroidi. « En général, les vaches ont la capacité de boire toute l’eau en une journée mais cela peut être compliqué à gérer en période de pâturage », prévient-elle.
Deuxième investissement possible : le récupérateur de chaleur. Son principe : récupérer les calories extraites du lait par le fluide frigorigène pour préchauffer l’eau du chauffe-eau. « 80 % de la chauffe de l’eau est alors déjà réalisée », estime Alexandre Marien. Bilan : 70 à 80 % d’économie d’électricité. Un point de vigilance : si la laiterie est propriétaire du tank il faudra obtenir son accord car le récupérateur de chaleur est positionné directement sur le tank.
« Si vous voulez réaliser ces deux investissements, il faut bien raisonner le projet en amont, prévient le conseiller du Nord Pas de Calais. Ils peuvent se pénaliser mutuellement. » Avec un prérefroidisseur, le tank à lait fonctionne moins et il y a donc moins de chaleur à récupérer. « Dès 700 000 litres, il est possible de mettre en place les deux équipements. »
Autre investissement possible : la pompe à vide à débit variable. « Elle permet d’ajuster le débit. S’il n’y a pas de fuite ou de décrochage, alors elle tourne au ralenti puis accélère quand il y a besoin », illustre Alexandre Marien. Bilan : 50 à 60 % d’économie par rapport à une pompe normale.
Côté éco
Prérefroidisseur
Coût : entre 4 000 et 10 000 € selon la taille de la salle à traire et le niveau d’automatisation
Retour sur investissement : de 2 ans pour d’importants volumes à 6 à 7 ans pour une petite installation
Récupérateur de chaleur
Coût : 5000 à 6000 € pose comprise
Retour sur investissement : autour de 4 à 5 ans pour un élevage produisant 600 000 litres de lait
Pompe à vide
Coût : 7 500 à 10 000 € selon le débit de pompe choisi, soit un surcoût par rapport à une pompe à vide sans variateur de vitesse de 2 500 à 3 000€
A retenir
L’aération du local de stockage du lait, le positionnement du tank ou du groupe frigorifique, et le nettoyage des condenseurs peuvent assurer jusqu’à 40 % d’économies d’électricité.