Cotidienne du 10 juin 2020

Tendances des marchés céréaliers et oléagineux du 9 juin 2020

Retrait des céréales dans un contexte lourd

Les cours du blé tendre sur les places françaises ont perdu du terrain, mardi 9 juin, à la faveur de conditions météorologiques plus favorables aux cultures sur le territoire hexagonal. Les pluies et la baisse des températures permettent de lever certaines craintes, notamment le risque d'échaudage à quelques semaines des travaux de récolte. Par ailleurs, le marché à terme de Chicago a vu le contrat Blé clôturer en retrait dans un contexte mondial d'amélioration des conditions de culture même si le blé d'hiver états-unien n'affiche que 51 % de cultures jugées dans un état "bon à excellent" par l'USDA (stable par rapport à la semaine précédente). Le maïs états-unien bénéficie de conditions de culture "bonnes à très bonnes" pour 75 % des parcelles, en progression. 

A noter la parution du bilan de FranceAgriMer ce mercredi 10 juin en fin de journée et la publication du rapport états-unien de l'agriculture jeudi 11 juin. Le ministère de l'Agriculture français a communiqué pour sa part quelques chiffres mardi 9 juin. 

Pour la campagne 2020/2021 en France, les surfaces de blé tendre reculeraient de 8,3 % par rapport à 2019, à 4,586 Mha. Les surfaces d’orges progresseraient de 3,9 % par rapport à l’année en cours, à 2,021 Mha, compte tenu principalement de la hausse des surfaces d’orges de printemps (+14,1 %). La production d'orge d'hiver pourrait s'élever à 8,171 Mt (première estimation) à comparer aux 9,251 Mt de l'an dernier. En maïs, les surfaces affichent une progression de 8,3 % par rapport à 2019, à 1,640 Mha, selon le ministère.

Pour rappel, le Coceral, qui a publié ses chiffres en début de semaine, attend une production de blé dans l'UE (Grande-Bretagne incluse) de 129,7 Mt, contre 135,4 Mt le mois dernier et 146,8 Mt l'an passé. En orge, la moisson est en revanche attendue à 63,4 Mt, contre  61,5 Mt Mt le mois deniers. Enfin, la récolte de maïs pourrait s'élever à 66,8 Mt, contre 65,5 Mt attendu le mois dernier.

Autre élément fondamental, la nette correction à la hausse de la production de blé australienne par Abares, qui table sur un volume de 26,7 Mt contre 21,3 Mt le mois dernier. Les surfaces ont été revues à la hausse à 13 Mha, en progression de 8 % par rapport à mars. En orge,  la production pourrait atteindre 10,6 Mt.

En maïs, le marché français reste toujours lourd avec les attentes d'une forte production à venir notamment en Ukraine et aux Etats-Unis. En face, la demande reste incertaine, et ce, d'autant que le maïs est toujours corrélé au marché du pétrole.

Sur la scène mondiale, on notera le retour sur le marché de l'Egypte qui profite de la baisse des prix pour lancer un appel d'offres en blé pour une livraison prévue entre le 12 et le 22 juillet 2020.

Stabilisation des cours du colza

Les prix du colza se sont stabilisés entre les sessions du 8 et du 9 juin sur Euronext et le marché physique français. Les cours sont tiraillés entre, d'une part, le repli de ceux du soja sur Chicago et le renforcement de l'euro face au dollar, et, d'autre part, la hausse du canola canadien sur Winnipeg et de l'huile de palme sur Kuala Lumpur et du pétrole.

En soja, les cours sur Chicago ont légèrement reculé, compte tenu des bonnes conditions météorologiques aux États-Unis. La Conab s'attend à une récolte brésilienne cette année à 120,4 Mt. Néanmoins, des traders ont annoncé à Reuters que 120 000 t de soja états-unien ont été vendu à la Chine, pour un chargement en décembre. La compagnie étatique Sinograin serait l’acheteur. Notons que le gouvernement argentin a décidé qu'il nationalisera le géant de la trituration nationale, Vicentin, afin de préserver l'emploi. La société, connaissant de grosses difficultés financières, est menacée de mettre la clef sous la porte. Glencore était en course pour racheter l’industriel argentin. Reste à surveiller les conséquences de cette décision sur la trituration du pays à l'avenir.

Du côté du canola canadien, la hausse des prix sur Winnipeg est attribuée à des raisons techniques et quelques inquiétudes concernant un excès d'humidité sur certains secteurs au Canada. Néanmoins, les conditions de culture canadiennes sont jugées globalement bonnes pour le moment.

Concernant l'huile de palme, la hausse des prix sur Kuala Lumpur est liée à la hausse du pétrole et au fait que le gouvernement malaisien ait décidé le 5 juin d'exempter de toute taxe les exportations du pays sur l'ensemble de l'année 2020. Attention toutefois, l'Inde considèrerait la possibilité de rehausser les taxes sur les importations d'huile, afin de protéger la production locale d'oléagineux. Le dernier rapport du MPOB (Malaysian Palm Oil Board) s'avère haussier : les stocks malaisiens d'huile de palme sont évalués en baisse de 0,5 % entre avril et mai, alors que le marché s'attendait à une hausse de 9,9 %, selon Reuters. Ceci notamment en raison d'une hausse des exportations de 10,7 % sur la même période (7 % attendus par le marché).

Du côté du pétrole, la hausse des prix est encore liée à la prolongation de l'accord sur la limitation de la production mondiale. Toutefois, il convient de rester prudent quant à cet accord.

Rappelons la tension sur le marché européen et français du colza. Le Coceral table sur une production de l’UE à 27 plus le Royaume-Uni à 16,524 Mt pour 2020/2021, contre 16,907 Mt en 2019/2020. La production hexagonale est attendue à 3,641 Mt, contre 3,465 Mt l’an dernier. Des chiffres en ligne avec ceux de Stratégie Grains de fin mai, tablant sur une récolte de l’UE plus le Royaume-Uni à 16,7 Mt et une récolte hexagonale à 3,6-3,7 Mt. Plus pessimistes que le Coceral, les services statistiques du ministère de l’Agriculture français tablent au 9 juin sur une récolte de colza hexagonale 2020/2021 à 3,462 Mt, un chiffre stable par rapport à 2019/2020, sur 1,092 Mha (1,087 Mha estimées en mai). Mais si l'offre est réduite, la demande l'est également, la pandémie de Covid-19 pénalisant la consommation de biodiesel.

Signalons que la production australienne de canola est attendue à 3,25 Mt par Abares (services statistiques du ministère de l'Agriculture australien) pour la présente campagne commerciale, contre 2,33 Mt l'an dernier.

En tournesol, les cotations sont reconduites. Agreste évalue la sole hexagonale de tournesol à 706 000 ha en 2020, en progression de 17% par rapport à l'an dernier, un chiffre un peu plus optimiste que celui de Stratégie Grains en fin mai, tablant sur un chiffre un peu inférieur à 700 000 ha.

Marchés physiques français du 9 juin 2020 (base juillet pour les céréales)

Cotations des issues de meunerie du 9 juin 2020

Cotations commerciales des produits laitiers du 4 juin 2020

Evolution dollar / euro du 9 juin 2020

Clôture du marché à terme de Chicago du 9 juin 2020

Clôture du marché à terme Euronext du 9 juin 2020

Cotations des marchés internationaux du 9 juin 2020