Aller au contenu principal

Strongles, une nouvelle méthode pour cibler les traitements chez les vaches adultes

Sélectionner les troupeaux et les vaches adultes pour lesquels un traitement contre les strongles digestifs est rentable, c’est possible avec le protocole mis au point par Nadine Ravinet, d’Inrae-Oniris.

Plus économe, moins risqué en termes de développement de résistance chez les parasites, meilleur pour l’environnement… Le traitement sélectif cumule les avantages. Mais la parasitologie étant un domaine complexe, le ciblage des troupeaux et des vaches adultes à traiter nécessite d’utiliser des critères objectifs et compatibles avec les contraintes de terrain.

Grâce à une étude menée en collaboration avec le laboratoire Ceva, Nadine Ravinet, enseignante-chercheuse Inrae-Oniris, a tenté de développer une approche pour optimiser le choix des vaches à traiter. Pour les vaches laitières, la prise de décision est en effet complexe. Une vache exprime très rarement des signes cliniques. Une baisse de production laitière est possible. Mais elle varie selon les troupeaux et les vaches au sein d’un même troupeau.

« Cela ne vaut pas le coup de traiter tous les troupeaux ni 100 % des vaches dans un troupeau à la rentrée en stabulation. L’étude avait donc pour but de quantifier la réponse en lait post-traitement pour cibler les troupeaux et vaches pour lesquelles la probabilité de gain de production laitière post-traitement est forte », explique Nadine Ravinet.

L’étude s’est appuyée sur un échantillon de 123 troupeaux répartis dans les différents bassins laitiers français. La moitié des 6 200 vaches a reçu un traitement anthelminthique à la rentrée en stabulation. Le suivi de leur production laitière a permis de calculer le gain de production laitière suite à un traitement et comment il pouvait varier entre troupeaux et vaches.

Premier constat : la réponse en lait après un traitement est plus forte dans les troupeaux fortement pâturants. Dans l'étude, ils se caractérisent par plus de 75 % d’herbe dans la ration pendant au moins deux mois, de mars à juin, et plus de 50 % d’herbe pendant au moins deux mois durant le reste de la saison de pâturage en été-automne. Les troupeaux moyennement pâturants répondent à l’un ou l’autre de ces deux critères. Les très peu pâturants n’entrent dans aucune de ces deux catégories.

 

 
 © F. Mechekour
© F. Mechekour

 

La réponse en lait a été de +1,2 kg/VL/j dans les troupeaux très pâturants contre respectivement +0,75 kg/VL/j et 0 kg/VL/j dans les troupeaux moyennement et très peu pâturants Dans les troupeaux où un gain de production a été observé, il s’est révélé en moyenne un peu plus élevé (+ 1,4 kg/VL/j) lorsque le temps effectif de contact (TCE) des génisses avec le parasite avait été faible avant qu’elles ne rejoignent le troupeau adulte (TCE inférieur à 8 mois). « L’immunité était peut-être moins bien installée dans ces troupeaux », suggère Nadine Ravinet.

La comparaison des dosages des anticorps anti-Ostertagia (DO) dans le lait de tank des dix-sept troupeaux qui pâturaient le plus et qui avaient un TCE faible a donné un résultat mitigé. « Les troupeaux qui avaient la DO la plus élevée ont mieux répondu au traitement, mais le nombre de troupeaux étant limité, il est difficile de généraliser cette observation. »

Traiter seulement un tiers ou la moitié des vaches

Une fois les troupeaux identifiés, la phase suivante consiste à repérer les vaches candidates à un traitement. « Les vaches qui ont une forte probabilité d’avoir une augmentation de la production laitière après traitement sont celles qui ont moins de 200 jours de lactation lors de la rentrée en stabulation. Et à rang de lactation équivalent, les vaches qui n’ont pas bien réussi leur pic de lactation au sein du troupeau ont une plus forte probabilité d’augmenter leur production laitière après traitement. »

Lors de l'étude, les vaches ayant vêlé depuis moins de 200 jours ont été réparties en trois catégories : les fortes, moyennes et faibles productrices. Traiter les faibles productrices revient donc à ne traiter qu’un tiers des vaches. « Si un éleveur avait l’habitude de traiter toutes ces vaches, il est alors possible de lui proposer de ne traiter que les faibles et moyennes productrices. En moyenne, le gain de production obtenu sera probablement identique à celui obtenu après avoir traité toutes les vaches, mais le nombre de traitements sera réduit », souligne Nadine Ravinet. Le traitement sélectif permet ainsi de s’adapter aux habitudes des éleveurs.

A retenir

La réponse en lait après traitement augmente avec la part de pâturage dans la ration.
Le gain de production a été un peu plus élevé (+1,4 kg/VL/j) lorsque le temps effectif de contact des génisses avec le parasite a été faible.
L’intérêt d’utiliser les résultats des dosages des anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank (DO) reste à confirmer.
Le gain de production est plus marqué chez les vaches ayant vêlé en saison de pâturage et dont le pic de lactation a été plus faible que celui de leurs congénères.
La parité ne joue pas.

Un seul anthelminthique adapté au traitement sélectif

L’éprinomectine injectable est un anthelminthique adapté au traitement sélectif parce qu’il s’injecte. « Cela permet d’éviter toutes les problématiques liées au « pour-on ». Ces derniers ont en effet tendance à diffuser d’un animal à un autre, par exemple d’une vache traitée à une non-traitée. Cela conduit à un sous-dosage, facteur de risque d’apparition de la résistance aux anthelminthiques », explique Nadine Ravinet.

Second avantage, cette molécule est la seule en France à avoir un temps d’attente nul pour le lait (63 jours pour la viande). « Toutes ces raisons nous ont amenés à construire une collaboration avec le laboratoire Ceva qui produit ce médicament. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Selfie de Yohann Allain dans son champ avec ses vaches laitières.
« J’espère que mon salarié deviendra mon associé sur mon exploitation laitière en Loire-Atlantique »

À la SCEA du Chêne Vert, en Loire-Atlantique, après le départ à la retraite de son père, Yohann Allain a modernisé sa salle de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière