Semis de tournesol 2025 : les points essentiels à retenir pour réussir son implantation
Travail du sol, implantation, ravageurs, désherbage, maladies… Voici un tour d'horizon des stratégies à adopter pour maximiser ses chances de réussir les semis de tournesol.
Travail du sol, implantation, ravageurs, désherbage, maladies… Voici un tour d'horizon des stratégies à adopter pour maximiser ses chances de réussir les semis de tournesol.

Comment trouver le bon créneau pour réussir son semis de tournesol ?
« De campagne en campagne, les créneaux de semis pour les cultures de printemps comme le tournesol se réduisent soit parce qu’il fait trop humide, soit parce qu’il fait trop sec », constate Matthieu Abella, ingénieur développement chez Terres Inovia, lors d’un webinaire organisé par le semencier RAGT il y a quelques semaines.
Être prêt à semer le tournesol dès la fin mars
Il faut donc se tenir prêt à semer tôt, dès fin mars, début avril, et être opportuniste si une fenêtre de tir favorable se présente en surveillant l’humidité et la température du sol. « Lorsque la température atteint 8°C à 5 cm de profondeur, les conditions sont bonnes pour le semis », précise l’ingénieur. L’objectif est de faire lever le tournesol avant le 1er mai pour permettre une floraison avant le début de l’été et éviter ainsi les périodes de sécheresse et de chaleur. Il s’agit aussi d’éviter une maturité trop tardive, comme cela a pu être observé en 2024, avec des difficultés pour récolter.
À quel moment faut-il détruire le couvert avant le semis de tournesol ?
Structuration du sol, apport d’azote : les bénéfices des couverts ne sont plus à démontrer. Toutefois, il faudra veiller à le détruire au bon moment et dans les bonnes conditions pour ne pas porter préjudice à la culture suivante. Sa destruction doit survenir au plus tard deux mois avant les semis. Si c’est un couvert majoritairement composé de légumineuses, on pourra aller jusqu’à trois semaines avant. « Ce qui est en jeu, c’est la disponibilité de l’eau et des nutriments pour le tournesol », explique Matthieu Abella.
Quelle préparation du sol avant le semis de tournesol ?
Avoir une structure du sol la plus ouverte possible
L’objectif du travail du sol est de faire en sorte que le tournesol ait le moins d’obstacles possibles à sa levée et à son enracinement. Le système racinaire pivotant du tournesol est capable d’aller en profondeur dans le sol pour chercher des ressources. « La structure du sol sur 25 à 30 cm doit être la plus ouverte possible pour favoriser cette exploration racinaire », insiste Matthieu Abella. Pour connaître l’état structural de sol, l’ingénieur préconise un test bêche qui permettra d’ajuster l’intervention au besoin du sol.
Réchauffer le lit de semences
Il est important d’intervenir dans des conditions de sol bien ressuyé. Il ne doit pas non plus être trop sec. Un premier passage peut-être effectué à environ 10 cm de profondeur pour réchauffer le sol. Suivi d’un deuxième passage plus superficiel à 5 ou 7 cm pour aplanir le lit de semences qui doit être constitué majoritairement de terre fine, même si la présence de mottes reste nécessaire, notamment dans les terres à risque de battance. « Il faut éviter de créer une couche dure, une semelle, au niveau du travail du sol », souligne Olivier Ramspacher, chef produits chez Kverneland. « L’objectif est d’obtenir une consistance friable sur toute la hauteur travaillée », ajoute Matthieu Abella.
Quel semoir choisir pour son semis de tournesol ?
Choisir entre semoir en ligne et semoir monograine
Faire le bon choix de semoir répond à l’objectif d’avoir des levées de tournesol les plus homogènes et vigoureuses possible. « Les semoirs en ligne, pour les céréales, sont fréquemment utilisés pour le tournesol car le matériel est généralement présent sur l’exploitation, constate Olivier Ramspacher. Mais en termes d’homogénéité de placement des graines et de profondeur de semis, la solution la plus performante est le semoir monograine. » D’après lui, cela va permettre de mieux gérer le placement de chaque graine sur le rang, et donc d’avoir moins de concurrence entre les plants de tournesol, et de mieux gérer la profondeur de semis. « On maîtrise également mieux le contact terre/graine », précise-t-il.
Être vigilant sur l’écartement des rangs et soigner les réglages
Si l’on est équipé d’un semoir monograine pour le maïs, avec un écartement de 70 à 80 cm, ce ne sera pas adapté au tournesol. « Pour le semis de tournesol, on préconise un écartement réduit de 45 à 50 cm pour maximiser le potentiel de rendement », précise Olivier Ramspacher. Quel que soit le semoir utilisé, son réglage (densité et profondeur du semis) va être déterminant pour garantir la bonne levée de la culture.
Comment lutter contre les ravageurs du tournesol ?
Les ravageurs de début de cycles, oiseaux, limaces et taupins, sont le principal facteur qui pénalise la culture au démarrage. « Le premier levier est de réussir l’implantation, qui passe par un bon positionnement de la graine, pour que la culture démarre vite », expose Matthieu Abella.
Anticiper les situations à risque pour les limaces et les taupins
Pour les limaces et les taupins, il est possible d’anticiper les situations à risque, notamment grâce aux outils de piégeage, pour déclencher des interventions avec des produits adaptés. Il faudra aussi veiller à limiter au maximum les résidus de couverts qui peuvent être des hôtes à limaces.
Les solutions manquent face aux oiseaux
La situation est plus complexe vis-à-vis des oiseaux. « L’effarouchement couplé à une surveillance humaine régulière tout au long de la phase de levée est le principal levier à disposition », observe Matthieu Abella.
Des variétés adaptées pour sortir rapidement de la période de sensibilité du tournesol
Face aux solutions limitées contre les oiseaux, la vigueur au démarrage est essentielle. « En ayant choisi des variétés avec une bonne vigueur au démarrage, on crée une compétition entre la croissance de la plante et la vitesse d’attaque des ravageurs », avance Alexis Verniau, chef marché hybrides chez RAGT Semences.
Quels sont les leviers pour lutter contre les adventices en tournesol ?
Agir à l’échelle de la rotation
Xanthium, datura, ambroisie, raygrass, vivaces… en présence d’adventices difficiles, la première étape est d’avoir une approche à l’échelle de la rotation. Lors de l’interculture qui précède un tournesol, les interventions mécaniques estivales peuvent faire baisser les stocks semenciers ou affaiblir les vivaces. Autre levier agronomique : le faux semis printanier. « Le labour occasionnel peut aussi être intéressant contre les graminées », ajoute Matthieu Abella.
Mixer chimie et désherbage mécanique
Concernant le désherbage chimique, plusieurs matières actives peuvent être utilisées. Il faudra en premier lieu avoir une bonne connaissance de la flore de sa parcelle pour élaborer les programmes adaptés.
Le désherbage mécanique peut être mis en œuvre seul ou en complément de l’intervention chimique. Un premier passage à l’aveugle peut être réalisé en prélevée avec une herse étrille. Il est possible d’intervenir lorsque le tournesol a étalé ses 2 cotylédons, en étant prudent sur l’agressivité des outils.
« Les outils de désherbage mécanique ne sont plus réservés aux cultures semées au semoir monograine, précise Olivier Ramspacher. Aujourd’hui, on est capable d’aller désherber des cultures semées au semoir en ligne jusqu’à 15 cm d’écartement entre les rangs grâce à des systèmes de caméra ou de guidage. »
Lire aussi | Désherbage sur tournesol : combiner interventions chimique et mécanique
« Le désherbage mixte est intéressant sur le plan économique et présente une belle efficacité sur la plupart des adventices », précise Matthieu Abella. L’efficacité de l’intervention nécessite toutefois d’intervenir au bon stade de développement des adventices et de privilégier un créneau sans pluie après le désherbage.
Favoriser le développement foliaire pour concurrencer adventices
Comme pour les problématiques de ravageurs, le développement foliaire rapide du tournesol est une des clés pour concurrencer les adventices.
Choisir des variétés résistantes aux herbicides
En cas d’infestation, il est possible de choisir des variétés de tournesol résistantes pour intervenir avec un herbicide. « Il existe des variétés VTH qui supportent l’application de la matière active Imazamox pour cibler l’ambroisie et d’autres qui supportent l’application de tribénuron pour lutter contre le chardon », précise Alexis Verniau, de RAGT Semences.
Comment faire face aux maladies en tournesol ?
Choisir des variétés résistantes et précoces
« Pour éviter que les maladies portent trop préjudice au tournesol, il est essentiel de connaître historique de la parcelle pour faire les bons choix techniques », rappelle Matthieu Abella. Le premier levier est de choisir une variété cohérente avec le risque maladie de la parcelle. La précocité variétale est aussi à privilégier pour éviter de récolter trop tard et de laisser les capitules du tournesol exposés aux maladies.
Allonger la rotation
On peut mettre aussi en œuvre des leviers agronomiques. À commencer par ne pas faire revenir trop souvent le tournesol dans une parcelle, « au maximum tous les 3 ou 4 ans », conseille l’ingénieur de Terres Inovia.
Broyer et enfouir les résidus
Contre le phomopsis et le phoma, il est conseillé de procéder au broyage et à enfouissement des résidus pour limiter les formes de conservation de la maladie.
Ne pas surfertiliser le tournesol
Autre point de vigilance : la surfertilisation azotée du tournesol est à éviter car elle contribue à l’apparition des maladies.
Contre le mildiou du tournesol, plusieurs leviers existent : la génétique avec des variétés résistantes, la chimie avec les traitements de semences, ainsi que des leviers agronomiques (rotation, bonne gestion des repousses et des adventices). Le suivi de l’historique de la parcelle (situation, variété, utilisation d’un traitement de semences) doit être mis en œuvre afin de « préserver l’efficacité des résistances des variétés et l’efficacité des solutions chimiques ».