Réduction des phytos : quel bilan pour le réseau des Fermes Dephy après 10 ans de résultats ?
Le réseau Dephy dresse une synthèse des références produites entre 2010 et 2020 dans les fermes engagées dans des systèmes de culture économes en produits phytosanitaires.
Le réseau Dephy dresse une synthèse des références produites entre 2010 et 2020 dans les fermes engagées dans des systèmes de culture économes en produits phytosanitaires.
Depuis 2010, le réseau Dephy a compté jusqu’à 3 000 fermes engagées dans une démarche volontaire de réduction des produits phytosanitaires. À l’occasion de la restructuration du réseau en 2023, qui compte désormais 2 000 exploitations, la synthèse des résultats permet de faire un point sur les performances des systèmes de culture économes en produits phyto. Elle propose de comparer la performance moyenne des années 2018, 2019 et 2020 avec un « état initial » qui couvre les campagnes 2014, 2015 et 2016.
Le réseau se compose à 52 % d’exploitations de grandes cultures, 20 % en viticulture, 13 % en légumes, 8 % en arboriculture, 4 % en cultures tropicales et 3 % en horticulture.
Une trajectoire de baisse des IFT observée
En grandes cultures et polyculture élevage (GCPE), 774 systèmes de culture (SDC) ont été étudiés dont 13 % en système bio. Sur la période observée, la diminution de l’IFT moyen hors biocontrôle et hors traitement de semences est de l’ordre de 26 %. Dans le détail, la part des systèmes étudiés qui réduisent leur IFT est de 63 % avec une baisse moyenne observée de 43 %. Par ailleurs, 22 % des systèmes gardent un IFT stable et 15 % augmentent leur IFT. Dans ces cas, la hausse moyenne observée est de 66 %.
La dynamique de réduction des produits phyto est moins marquée pour les herbicides dont l'IFT hors biocontrôle baissent de 15 %.
Cette différence d’évolution s’explique notamment par la complexité des leviers à mettre en œuvre pour gérer les adventices malgré la diminution des traitements. « La réduction de l’usage des herbicides nécessite une reconception assez complète du système », est-il indiqué dans le rapport de synthèse. Dans cette optique, « les systèmes de polyculture élevage semblent les mieux armés pour gérer les adventices » et pour réduire leur IFT de manière plus générale.
Concernant la gestion des maladies, les leviers les plus signalés dans le réseau s’appuient sur « le choix de variétés » adaptées et « l’efficience des traitements ».
Les performances technico-économiques face aux évolutions des IFT
La synthèse propose de comparer l’évolution des performances technico-économiques des systèmes en fonction de l’évolution leur IFT (baisse, stagnation ou hausse). La diminution des charges opérationnelle (1) est plus forte pour les systèmes qui réduisent leur IFT (baisse de 14 %, -51 €/ha) que pour les systèmes dont l’IFT est stable (baisse de 10 %, -37 €/ha). Pour les systèmes dont l’IFT augmente, la hausse est de 8 % (+25 €/ha). « L’économie réalisée par les systèmes où l'IFT baissent ou stagnent s’explique par la baisse de l’usage des intrants (produits phytosanitaires et engrais notamment) », note le rapport.
Concernant l’évolution de la marge semi-nette (2) pour les systèmes dont l’IFT diminue (- 34 %, hors systèmes AB ou en conversion), la baisse de la marge est de 6 % (-47 €/ha). Pour les systèmes dont l’IFT est stable (-1 % en moyenne) la réduction de la marge est de 17 % (-141 €/ha). Enfin, pour les systèmes dont l’IFT augmente (+29 %), la baisse de marge est de 11 % (-94 €/ha). « En moyenne, les systèmes qui réduisent leur IFT au sein du réseau sur la période étudiée sont ceux qui ont le mieux réussi à limiter les baisses de marge semi-nette », conclut le rapport.
Le temps de travail a aussi été étudié à l’aune de l’évolution de l'IFT. Les résultats ne montrent « aucune augmentation du temps de travail moyen pour les systèmes dont l’IFT baisse ».