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Quel avenir pour la production ovine face aux loups ?

Représentants des éleveurs et pouvoirs publics travaillent au futur plan national Loup, les lobbies sont actifs au niveau européen mais les signaux reçus sont contradictoires.

Le loup, protégé par la convention de Berne et la directive Habitat, bénéficie aujourd’hui encore d’un statut d’espèce strictement protégée qui complexifie toute tentative de lutte contre les attaques des troupeaux.

Les professionnels agricoles ont été entendus par le Parlement européen qui a déposé le 21 novembre une résolution auprès de la Commission européenne. Les parlementaires ont demandé de passer le loup de l’annexe IV à l’annexe V, permettant la gestion raisonnée d’une population. La résolution a été adoptée à 306 voix sur 556 au Parlement européen. Malheureusement, le Comité permanent de la Convention de Berne a rejeté en bloc la résolution, envoyant un message très clair à la profession agricole. Le Parlement européen avait sollicité, dans sa résolution, la Commission à prendre la mesure de « la nécessité de changer d’approche en ce qui concerne les loups et les grands carnivores et de préciser que les éleveurs et la protection du bétail passent en premier. » Force est de constater que cet appel n’a pas été pris en compte.

Des moyens de protection inadaptés aux différents systèmes

Pourtant dans les campagnes, les éleveurs s’inquiètent, notamment sur les nouveaux fronts de colonisation. C’est le cas d’Alexandre Saunier, éleveur ovin en Saône-et-Loire, où le loup est présent depuis deux ans (son témoignage intégral est à retrouver sur leseleveursfaceauxpredateurs.fr) : « Personnellement, je ne dors pas bien en ce moment. Toute ou une partie de mon troupeau reste dehors les 12 mois de l’année. Les brebis ne rentrent que pour agneler. Ma bergerie a 300 places. Or j’ai 600 brebis ! L’hiver, Elles sont réparties en 30 lots qui pâturent sur 90 hectares… il faudrait que je pose plus de 30 kilomètres de filets. […] Nous avons reçu une bonne écoute de l’administration. Elle a été réactive dans la mise en place des outils que proposait le plan national loup. Néanmoins, les outils de défense et de protection ne sont pas adaptés à nos zones. Les tirs de défense, simple et renforcé, ainsi que les moyens de protections existants, ne sont pas adaptés aux maillages et aux petites parcelles de chez nous. Il est donc crucial de faire évoluer le plan loup pour que chaque éleveur ait la capacité de protéger son troupeau. »

Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine, appuie : « Nous sommes témoins du dépassement de l’État et de sa complète incapacité à protéger les élevages et le pastoralisme ».

La non-protégeabilité face aux loups

Les textes réglementaires ont défini des cas de non-protégeabilité face à la prédation. Une première forme de non-protégeabilité est reconnue à l’échelle d’un troupeau ou d’une partie de troupeau, pour lesquels la mise en place de moyens de protection est quasiment impossible techniquement. Cette reconnaissance est délivrée à titre exceptionnel et repose sur des critères précis, définis au niveau départemental pour coller aux réalités des systèmes locaux.

À cela s’ajoute la non-protégeabilité territoriale, pour des zones reconnues comme « difficilement protégeables » au regard du contexte environnemental et des dépenses financières disproportionnées qu’engendrerait la mise en place de moyens de protection pour l’éleveur et la collectivité territoriale. Aujourd’hui, le classement « zone difficilement protégeable » est décidé par le préfet coordonnateur et ne s’applique pour le moment que dans les nouveaux fronts de colonisation du loup et pour les communes des départements suivants : l’Aveyron, le Tarn, l’Hérault et la Lozère. Le critère principal utilisé dans ce classement est la densité ovine. La profession agricole milite pour élargir le classement aux foyers historiques de prédation, mais aussi à tout le territoire national dès lors que les critères exigés sont remplis par les communes en question.

Source : leséleveursfaceauxpredateurs.fr

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