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Prévenir l’introduction ou la propagation des maladies en élevage caprin

Prévenir l’introduction de pathogènes dans l’élevage et limiter leur transmission au sein de l’exploitation et vers l’extérieur relèvent d’une approche globale de la santé dans l’élevage. Ces mesures de prévention, aussi appelées de biosécurité, tiennent pour beaucoup du bon sens.

Le développement de maladies en élevage dépend d’un ensemble d’interactions qui incluent la virulence de l’agent pathogène, sa contagiosité mais aussi la résistance immunitaire des animaux et leur environnement de vie (conduite d’élevage, caractéristiques environnementales…). Les mesures de prévention visent à limiter à la fois l’introduction et la diffusion des pathogènes dans l’élevage. La conception et l’utilisation des bâtiments interviennent sur ces deux points.

Limiter les contaminations entre le troupeau et l’extérieur

La circulation d’agents pathogènes intervient dans les deux sens, à l’interface entre l’élevage et l’extérieur. L’agencement des bâtiments d’élevage peut d’abord contribuer à limiter l’introduction des maladies tout en facilitant le travail de l’éleveur. L’idée est d’identifier et de séparer au maximum les différents circuits « propres » et « sales » qu’ils concernent les personnes, les animaux, les déjections, les véhicules ou l’alimentation. L’exploitation peut fonctionner en trois grandes zones. La zone d’élevage comprend les bâtiments, parcs, aires d’exercice, infirmerie, parcs d’isolement. L’espace professionnel correspond aux zones de travail spécialisées, et les zones extérieures « publiques » sont celles accessibles pour les intervenants : la laiterie, l’équarrissage, les livraisons… Par exemple, le stockage des animaux morts et des matières virulentes se fait en bordure de l’exploitation et sous le vent, pour que l’équarrisseur n’ait pas à rentrer dans la zone d’élevage et pour limiter la dispersion aérienne d’agents pathogènes. La zone d’élevage doit bénéficier d’un accès restreint, il s’agit de la zone la plus sensible de l’exploitation et demande donc le plus de rigueur dans les mesures sanitaires. Pour faciliter la qualité des soins aux animaux et leur hygiène, elle doit comporter au moins un point d’eau avec les produits d’hygiène (savon, solutions désinfectantes, essuie-main) pour le lavage des mains et du matériel. Elle peut aussi avoir un sas d’entrée (éventuellement simple délimitation de l’espace) avec une zone vestiaire.

Des espaces de vie pour chaque groupe d’animaux

En fonction de leur âge et de leur stade physiologique, les animaux de l’élevage ont des besoins d’ambiance et d’alimentation différents, tandis que leur immunité est plus ou moins développée. Utiliser des zones différentes de logement a donc tout son intérêt. Les jeunes animaux sont particulièrement sensibles. Ainsi, disposer d’une nurserie permet de répondre à plusieurs enjeux : limiter les risques de transmission d’un certain nombre de pathologies, comme le CAEV, la paratuberculose, en recourant à une séparation des chevreaux des mères dès la naissance ; mieux prendre en compte des besoins spécifiques des jeunes (température, ambiance) ; possibilité de réaliser un vide sanitaire efficace ; mieux gérer la pression infectieuse environnementale. La différenciation des lieux de vie des animaux, la constitution de lots peuvent permettre de réduire la diffusion des maladies au sein de l’élevage. On peut prévoir d’utiliser des bottes voire des vêtements réservés aux travaux à effectuer dans les locaux des jeunes caprins, et plus généralement limiter les mouvements de personnes et de matériel depuis les locaux d’élevage des adultes, en soignant donc les jeunes avant les chèvres adultes. L’organisation spatiale des lots est à penser pour que le circuit d’intervention se fasse naturellement : s’occuper des animaux sains ou fragiles avant ceux malades ; des jeunes avant les adultes… En guise de rappel lorsque des traitements ou des soins particuliers sont nécessaires, on peut recourir à des signalétiques simples comme des ardoises au niveau de chaque lot. Enfin, des gestes de base comme le lavage des mains entre chaque lot, facilité par la présence de points d’eau, permettent de limiter les contaminations dans le troupeau.

Qu’en est-il de l’isolement des animaux ?

L’introduction d’animaux dans l’exploitation présente un risque sanitaire, à la fois pour l’élevage d’accueil et pour les animaux qui doivent s’adapter à un nouvel environnement et un nouveau microbisme. Ces risques peuvent être diminués en prenant un ensemble de précautions, en limitant le nombre d’élevages fournisseurs et en achetant les animaux jeunes. Un point clé réside dans la compatibilité entre le statut sanitaire de l’élevage de provenance des animaux et de l’élevage acheteur, sur la foi des informations sanitaires recueillies (historiques des maladies observées, observations cliniques), d’analyses de lait et sang et en examinant les animaux lors de l’achat. Selon l’analyse des risques, des stratégies vaccinales peuvent être définies. Isoler provisoirement les animaux introduits en prévoyant des aménagements temporaires de parcs peut aussi contribuer à sécuriser les conditions d’introduction. De façon plus générale, les animaux malades, en plus de demander des mesures d’hygiènes plus strictes – lavage des mains après les soins, désinfection du matériel – peuvent aussi nécessiter d’être isolés.

 

 
Quelques mesures de prévention lors des visites permettent de limiter l'introduction et la transmission de pathogènes.
Quelques mesures de prévention lors des visites permettent de limiter l'introduction et la transmission de pathogènes. © L. Le Caro
Vigilance lors de l’accueil de visiteurs

Pour l’accueil de visiteurs, et en particulier du public, il est important de mettre en avant quelques règles sanitaires à respecter, notamment en réfléchissant à leur circulation et en utilisant une signalétique et des panneaux d’information.

Les visiteurs doivent pouvoir se laver les mains, idéalement dans chaque bâtiment. Ils peuvent être amenés à utiliser des tenues spécifiques ou à usage unique (surbottes voire surcottes). Hors professionnels de l’élevage et de la santé, ils ne doivent pas être en contact avec les animaux malades et les contacts avec les animaux fragiles (femelles allant ou venant de mettre bas, nouveau-nés) doivent être évités. Mieux vaut éviter de manipuler les chevreaux de moins de trois semaines. Il faut également faire attention aux risques de contamination par l’environnement, via des surfaces contaminées ou par inhalation de poussières contaminantes. La fièvre Q est un exemple concret d’application des précautions à envisager. Il vaut mieux ne pas manger, boire ou fumer au contact des animaux et près des aliments et pailler ou curer plusieurs heures avant les visites pour limiter les poussières en suspension.

 

 
Renée de Crémoux, chef de projet vétérinaire à l'Idele
Renée de Crémoux, chef de projet vétérinaire à l'Idele © Speoc
Renée de Crémoux, chef de projet vétérinaire à l’Idele

« La quarantaine et l’isolement semblent souvent infaisables »

Isoler une chèvre malade relève du bon sens pour éviter les contaminations. Cependant, la chèvre est un animal sociable et on se pose forcément la question de la gestion des hiérarchies intratroupeaux et de l’impact possible d’un isolement sur le plan comportemental. Cela doit être raisonné en fonction du nombre d’individus malades, des besoins des animaux, de leurs stades physiologiques et de la nature des maladies elles-mêmes (et de leurs modes de transmission). Il est souvent possible et simple de faire un parc dans la chèvrerie et de le dimensionner pour qu’il puisse regrouper les animaux qui nécessitent des soins supplémentaires. Une simple barrière peut parfois être intéressante : elle permet d’isoler l’animal pour le soigner plus facilement, protéger ses congénères mais aussi le protéger. Il ne s’agit donc pas forcément de disposer d’un bâtiment spécifique.

Prévoir des parcs transitoires

La « quarantaine » s’intègre dans une démarche de sécurité sanitaire lors de l’introduction de nouveaux animaux. Elle n’est pas forcément pertinente vis-à-vis de certaines maladies à évolution lente, comme le CAEV ou la paratuberculose. Par contre, c’est une pratique intéressante pour des maladies susceptibles de s’exprimer à plus court terme. Des parcs transitoires pour l’introduction des animaux permettent aussi d’adapter les animaux entrants à l’environnement sanitaire, à la ration alimentaire… En termes de protocoles d’introduction, il y a toujours une réflexion à conduire pour définir les maladies contre lesquelles on veut se prémunir. Un échange avec le vétérinaire pour évaluer les risques encourus est nécessaire. De nombreux GDS proposent en outre des protocoles ciblés sur quelques maladies et peuvent accompagner les éleveurs dans leur démarche. »

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