[Premières lactations] Comment expliquer la sous-production dans cet élevage ?
Dans cet élevage robotisé, le travail sur les génisses paraît optimisé et pourtant il manque 4 kg de lait sur les premières lactations. Voici la démarche suivie pour identifier la cause de cette sous production.
Dans cet élevage robotisé, le travail sur les génisses paraît optimisé et pourtant il manque 4 kg de lait sur les premières lactations. Voici la démarche suivie pour identifier la cause de cette sous production.
Dans cet élevage robotisé de 130 vaches (présentes) à haut niveau de production, les performances des premières lactations ne sont pas au rendez-vous. On s’attend à ce que les primipares produisent au moins 85 % de la production des adultes. Elles devraient se situer autour de 34 kg avec des multipares en moyenne à 40,3 kg de lait ; or, elles sont à 30,2 kg. Il manque 4 kg sur les 35 % de primipares de ce troupeau (voir tableau 1).
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Pourtant le travail de l’éleveur sur les génisses paraît satisfaisant. Les vêlages se font entre 24 et 26 mois d’âge, et les primipares ont un bon développement corporel au vêlage : avec un poids moyen de 210 kg à 180 jours, elles sont au-dessus du minimum visé de 200 kg.
Des veaux qui manquent de développement
Le problème ne vient donc pas d’un poids insuffisant à six mois. Quelles sont les autres causes possibles ? La sous-production ne vient pas non plus ici d’une compétition excessive au robot de traite. Dans cet élevage, avec 103 animaux pour deux stalles, le robot n’est pas saturé. La fréquentation du groupe des primipares est très bonne. Côté alimentation, le plan de complémentation des premières lactations est suffisant : elles consomment en moyenne 4 kg de concentrés au robot soit autant que les vaches adultes.
Pas non plus de problèmes de parasitisme, de troubles pulmonaires, ou de diarrhées sur la période de croissance : le sanitaire est bien maîtrisé sur les génisses. Et elles arrivent au vêlage avec un poids suffisant. Le robot est équipé d’une pesée, elles font toutes plus de 600 kg, le minimum visé au vêlage.
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Là où le bât blesse, c’est sur la croissance des veaux pendant la phase lactée. Les veaux de moins de 2 mois manquent visiblement de développement. Ce déficit de croissance est confirmé par les pesées. La croissance de 0 à 70 jours est faible à 750 grammes par jour, en dessous de l’objectif de 900 grammes de GMQ (voir tableau 2). Or, une étude américaine le montre clairement : 200 grammes de GMQ en moins sur la phase lactée font perdre 1 000 kg de lait en première lactation.
Une sous-alimentation en phase lactée
Il reste à identifier les causes de ce déficit de croissance. Sur cet élevage, les veaux sont élevés en niches individuelles jusqu’à 3 semaines et en cases collectives de cinq veaux jusqu’à 7 mois. Ils reçoivent 4 litres de colostrum lors du premier repas à la sonde. Puis 4 litres de lait entier en un seul repas pendant toute la période lactée. Ils disposent d’eau propre à volonté et reçoivent jusqu’à 6 mois une ration sèche à volonté composée de 20 % de paille hâchée et 80 % de concentrés (maïs grain/pulpe/mélasse/soja/minéral).
En général, lorsque le sanitaire des veaux ne pose pas de problème, le manque de croissance est lié à une quantité de lait insuffisante distribuée. C’est le cas de cet élevage, où les veaux reçoivent un seul repas de lait entier à 4 litres. Pour permettre une croissance de 900 grammes par jour, il faut que le veau puisse ingérer 8 litres de lait entier ou 1 kg de poudre de lait.
Une confirmation par des prises de sang
Pour confirmer la sous-alimentation des veaux, une prise de sang a été réalisée sur cinq veaux entre 15 et 25 jours d’âge afin de faire une glycémie. Si les veaux sont correctement nourris, la glycémie est supérieure à 1 g/l. Les cinq veaux sont en dessous de ce seuil.
Conclusion : la restriction en quantité de lait induit une baisse de croissance, les veaux sont sous-alimentés pendant la phase lactée. Il y a un rattrapage de la croissance après le sevrage avec la ration sèche distribuée à volonté : le GMQ après sevrage est de 1 100 grammes jour. Mais le mal est fait, le potentiel laitier des premières lactations est entamé.
Résultats deux mois plus tard
L’alimentation des veaux a donc été revue. L’éleveur craignant les diarrhées avec 8 litres de lait entier distribué par jour, son choix s’est porté sur une alimentation à base de poudre de lait. Pour optimiser la croissance, il est conseillé d’utiliser une poudre à 50 % PLE, riche en protéines 27 % et un pourcentage de gras réduit à 17 % avec deux repas de lait par jour. La concentration est de 1 kg de poudre pour 6 litres d’eau chaude, soit 142 g de poudre par kilo de buvée.
Deux mois plus tard, les résultats sont là : les veaux ont changé, ils grossissent à vue d’œil. Les poids au sevrage sont à 105 kg de moyenne, soit un GMQ de 950 grammes sur la phase lactée. Il faudra attendre deux ans pour avoir le résultat sur les premières lactations.