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Trois méthodes pour calculer l’ammoniac émis en élevage de porcs

Une étude tchèque publiée fin 2022 pointe les différences de méthodes appliquées entre les États membres concernant le calcul des émissions d’ammoniac des installations classées soumises à la directive sur les émissions industrielles (directive 2010/75/UE).

Trois méthodes pour calculer l’ammoniac émis en élevage de porcs
© D. Poilvet

L'étude met ainsi en avant la nécessité d’homogénéiser les méthodes de mesure, travail qui pourrait être réalisé dans le cadre de la révision actuelle de la directive IED. Trois méthodes différentes ont été identifiées, basées sur des estimations ou des mesures. La première vise à multiplier les effectifs d’animaux présents par catégorie (truie vs porc charcutier) par un facteur d’émission, exprimé en kg NH3 par place et par an. Elle inclut les émissions au bâtiment, au stockage et à l’épandage. Sur les 28 États membres, 7 pays appliquent cette méthode (Allemagne, Danemark, Finlande, Italie, Pays-Bas, République tchèque, Grande Bretagne) avec des facteurs d’émission radicalement différents (1,22 kg NH par place et par an pour le Danemark vs 9,54 kg pour l’Allemagne). La deuxième méthode est la plus appliquée au sein de l’Union européenne avec 20 pays concernés dont la France. Elle consiste à appliquer la méthode du bilan de masse sur l’azote aux différentes étapes de la gestion des effluents. Cette méthode est établie par l’EMEP, programme européen en charge de l’évaluation des politiques environnementales sur la pollution atmosphérique et rattaché à la convention sur la pollution transfrontalière à longue distance de 1979. La troisième et dernière méthode consiste à mesurer les concentrations en ammoniac sur au moins six jours par an et à utiliser les taux de renouvellement d’air pour calculer les émissions. Cette méthode, très coûteuse, est appliquée uniquement en Irlande.

Nadine Guingand, nadine.guingand@ifip.asso.fr

Nadine Guingand, Ifip-Institut du porc

Les méthodes conditionnent les résultats

 

 
Nadine Guingand, Ifip-Institut du porc
Nadine Guingand, Ifip-Institut du porc © Ifip

Cette étude nous permet, pour la première fois, de connaître les méthodes appliquées dans les 28 pays européens, dont la Grande Bretagne, pour ce calcul des émissions d’ammoniac qui est imposé à nos élevages IED (plus de 2 000 places de porcs de plus de 30 kg ou 750 truies). Si comme la majorité des pays de l’UE, la France applique le bilan de masse pour le calcul de l’azote excrété au bâtiment, elle applique ensuite des taux d’émissions par poste qui sont corrigés par des taux d’abattement pour les meilleures techniques disponibles (MTD). Cela permet de s’approcher au plus près des conditions de chaque exploitation. Au niveau européen, avec ces différentes méthodes, on imagine sans mal que les émissions calculées varient drastiquement. Elles conditionnent pourtant la contribution respective de chaque pays et le respect ou non des seuils d’émission. La révision de la directive IED permettra probablement d’éclaircir ce nœud méthodologique.

Côté biblio

Comparison of Approaches to the Approval Process and Methodology for Estimation of Ammonia Emissions from Livestock Farms under IPPC, Kunes R. et al., 2022. Atmosphere, 2022,13,2006.

https://doi.org/10.3390/atmos13122006

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