Prévention des risques respiratoires en élevage de porcs : connaître pour agir
Le tri des porcs charcutiers et les soins aux porcelets sont les activités les plus exposantes aux problèmes respiratoires pour les éleveurs, d’après une étude des Chambres de Bretagne et de l’Ifip. Un outil d’autodiagnostic permettra aux éleveurs d’agir pour réduire l’exposition.
Le suivi de soixante travailleurs de vingt élevages bretons réalisé par la Chambre d’agriculture de Bretagne, l’Ifip et l’Inrae a montré que parmi quatre activités nécessitant de la main-d’œuvre en élevage (soins et sevrage des porcelets, distribution d’aliments 1er âge et tri des porcs charcutiers), ce sont les soins aux porcelets qui produisent le plus de poussières dans les salles.
Le tri des porcs charcutiers avant le départ à l’abattoir génère, quant à lui, le plus de concentration en ammoniac dans les salles (14 ppm, contre seulement 7 ppm pour les soins aux porcelets).
Ces résultats, issus du projet Air Éleveur (voir ci-contre) mettent en évidence les tâches sur lesquelles des solutions devront être trouvées pour réduire l’exposition des travailleurs à l’ammoniac et aux poussières.
Présence de lisier et peu de renouvellement de l’air
L’explication de la forte exposition des éleveurs à l’ammoniac lors du tri des porcs charcutiers réside dans la combinaison de différents facteurs liés à l’éleveur, aux animaux, à la conduite d’élevage et, plus particulièrement, à la gestion des effluents. Le tri des porcs charcutiers exige une activité physique de l’éleveur qui va se déplacer au milieu d’animaux lourds en mouvement.
Dans la majorité des élevages enquêtés, les effluents sont stockés dans la préfosse sous les animaux durant toute la durée de présence des animaux. La combinaison des activités de l’éleveur, des animaux et le volume important de lisier dans les préfosses expliquent l’augmentation des concentrations en ammoniac dans l’ambiance.
Lors des soins aux porcelets, la température dans les maternités est souvent élevée pour le bien-être animal. Elle a une influence sur le rythme respiratoire des éleveurs en intervention sur les jeunes animaux. De plus, l’utilisation d’asséchant très pulvérulent combinée avec une activité importante des porcelets lors de l’intervention de l’éleveur contribuent à la mise en suspension de particules dites très fines. Ces dernières peuvent pénétrer très profondément dans le système respiratoire et altérer, à terme, la capacité respiratoire de l’éleveur.
Un niveau d’exposition plus élevé en hiver
Pour toutes les activités suivies au cours de l’étude, les niveaux de concentration d’ammoniac et de particules et donc les niveaux d’exposition à ces deux polluants ont été plus élevés quand le débit des ventilateurs est plus faible en période hivernale.
Les températures extérieures basses provoquent une réduction du taux de renouvellement d’air dans les bâtiments, favorisant la concentration en ammoniac et en particules. Néanmoins, la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) à court terme de 20 ppm pendant 15 minutes n’a été dépassée que dans trois des vingt élevages suivis pendant l’étude.
Prévention et protection : l’outil QualiAir
La diffusion des données acquises dans le projet Air Éleveur a permis d'entreprendre une démarche de sensibilisation des éleveurs de porcs à la qualité de l’air dans leurs bâtiments en lien avec leur santé respiratoire. Grâce au nouveau projet QualiAir porté par la Chambre d’agriculture de Bretagne en collaboration avec l’Ifip, la Chambre des Pays de la Loire et la MSA, un outil d’autodiagnostic de la qualité de l’air en bâtiment est en cours de finalisation. L’outil ne se contentera pas d’évaluer les concentrations en particules et en ammoniac, mais fournira aussi à l’utilisateur des leviers d’action à court et moyen terme.
Pour le court terme, des équipements de protection individuels seront proposés pour le volet protection, ainsi que des techniques simples et non coûteuses de réduction des concentrations en ammoniac et en particules. L’outil testé par le collectif d’éleveurs associé au projet sera mis à disposition de l’ensemble des éleveurs début 2025.
Nadine Guingand et Solène Lagadec, nadine.guingand@ifip.asso.fr
Deux programmes de recherche pour réduire les risques respiratoires
Les Chambres d’agriculture du Grand Ouest et l’Ifip dirigent deux projets afin de mieux connaître les risques liés à la qualité de l’air en élevage et les moyens de l’améliorer.
QualiAir, un projet lancé en 2023 a pour objectif de créer un outil utilisable sur smartphone visant à améliorer la santé respiratoire des personnes travaillant en élevages. Ce dernier permettra de répondre aux trois questions suivantes :
de l’air ?
La mise au point de l’outil QualiAir s’articule autour d’une équipe projet et d’un collectif de trente éleveurs/salariés d’élevage de porcs et de volailles.
Ce travail sera réalisé en collaboration avec des préventeurs de la MSA et le groupement Porc Armor Évolution.