Maîtriser sa facture d’électricité par l'autoconsommation photovoltaïque
La Chambre d’agriculture de Bretagne souligne l’intérêt économique de l’autoconsommation de l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques installés sur des bâtiments.
La production porcine est fortement consommatrice d’électricité, de par la partie élevage, sans compter la consommation liée au traitement de lisier, la fabrication d’aliment… Le prix de l’électricité ne cesse d’augmenter (prix du kWh, utilisation du réseau électrique, taxes…). Si les éleveurs de porcs ont des outils de réduction de consommation pertinents, il est aussi possible de s’intéresser à l’autoconsommation pour ceux qui souhaitent investir dans le photovoltaïque. En effet, le prix de vente actuel du kWh photovoltaïque dans le cadre d’un contrat de vente totale est désormais très proche du prix acheté au fournisseur.
Avant de réfléchir à un projet d’autoconsommation, il est nécessaire de traquer les pistes d’économie d’électricité : ajustement de l’abonnement électrique, adhésion aux démarches collectives d’achat, révision de ses pratiques d’élevages (position /entretien des sondes et appareils de chauffage /ventilation…), investissement en matériels économes en énergie (chauffage et ventilation).
Installation sur bâtiment pour bénéficier de la vente du surplus
Une fois ce préalable effectué, la piste de l’autoconsommation photovoltaïque se révèle être réaliste. L’optimum technico-économique est de couvrir 30 % de ses besoins totaux. La Chambre d’agriculture de Bretagne privilégie l’installation sur bâtiment pour bénéficier de la vente de surplus des kWh produits et non consommés sur place, ce qui n’est pas possible avec des installations au sol. Au niveau règlementaire, une demande de raccordement est à faire auprès d’Enedis. Le dimensionnement est la phase clé de l’opération. Il est nécessaire de connaître sur un mois, ses consommations au pas de 10 minutes pour établir la surface de panneaux optimale. Ce dimensionnement peut être fait par une pose d’un enregistreur optique sur le compteur sans intervention sur le réseau (type Fludia), par l’exploitation des données (module Eveler) proposées dans l’offre groupée d’achat pilotée par l’UGPVB ou par une sollicitation (gratuite) d’Enedis. Ce dimensionnement doit permettre de vous donner la taille de l’installation et la production d’électricité consommée sur place. L’installation est analogue à celle réalisée pour de la vente totale d’électricité (même type de matériel), mais la différence réside dans le branchement de l’installation qui se fait, en aval, du compteur électrique pour pouvoir utiliser le courant directement dans le circuit électrique du site. La production d’électricité photovoltaïque sera de même niveau qu’en vente totale (dans les mêmes conditions d’inclinaison et d’orientation des panneaux). Les relevés effectués chez les producteurs de l’Apepha (voir encadré) donnent une production de 1 090 kWh/kwc (1) en Bretagne, soit environ 150 kWh/m². Le coût de production moyen sur 20 ans est inférieur à 10 c€/kWh. Il sera plus élevé dans la phase de remboursement d’emprunt, puis il baissera fortement. Ce coût de production, lié au coût d’investissement et de maintenance de l’installation, n’augmentera pas aussi vite que le prix d’achat de l’électricité au fournisseur même s’il n’est pas aisé de définir le taux d’augmentation de ce dernier.
60 800 € de gain sur 20 ans pour un élevage de 250 truies NE
La Chambre d’agriculture de Bretagne a fait une simulation sur un élevage de 250 truies naisseur – engraisseur. Il consomme actuellement, 254 000 kWh par an, pour un coût d’achat au fournisseur de 26 839 €, soit 10.55 c€/kWh moyen annuel. Au vu de sa modalité de consommation, une installation de 70 kWc (environ 400 m²) est préconisée. L’investissement est de 70 000 €. Il bénéficie d’une aide de 6 300 € (révisable à la baisse). La production retenue est de 1 056 kWh/kWc. Près de 83 % de la production photovoltaïque serait consommée, ce qui correspond à 24 % de la consommation actuelle. Le coût de production est de 12.60 c€/kWh à 12.98 c€/kWh durant les 12 ans de remboursement d’emprunt, puis chute à 3.5 c€/kWh. En 2038 (dans 20 ans), la facture de l’électricité achetée au fournisseur serait de 39 100 € (+ 2% par an). Dans le cas de l’autoconsommation (24 % de la consommation) et de l’achat du complément au fournisseur, la même quantité d’électricité coutera 31200 €. Le gain cumulé sur 20 ans (durée d’un contrat de vente totale proposé par EDF) entre les 2 formules laisse apparaitre un gain de 60 800 € en faveur de l’autoconsommation.Il faut noter que si l’éleveur avait investi dans la même installation photovoltaïque en vente totale, le gain cumulé serait de 38 100 €. La piste de l’autoconsommation photovoltaïque offre donc des perspectives intéressantes en élevage porcin. Des précautions sont cependant à prendre concernant notamment la qualité du bâtiment (charpente) et la fiabilité des installateurs et du matériel.
jean-yves.carre@bretagne.chambagri.fr(1) Le kWc (kilowatt crête) représente la puissance électrique maximale pouvant être fournie par un panneau photovoltaïque dans des conditions de température et d’ensoleillement standardL’Apepha (Association des producteurs d’électricité photovoltaïque associés) qui regroupe plus de 300 agriculteurs a lancé une offre groupée d’investissement en photovoltaïque jusqu’en octobre 2018. Le cahier de charge porte essentiellement sur la qualité, la fiabilité et la garantie des matériels proposés.
Pour en savoir plus : http://apepha.fr/ ou Isabelle Hascoët (chambre d’agriculture de Rennes) 02 23 48 27 19.
Des formations sur 2 jours
Si vous souhaitez étudier un projet en autoconsommation, la chambre d’agriculture de Bretagne organise des formations sur 2 jours (20 septembre - 2 octobre ou 4 et 18 décembre ou 26 février - 5 mars). L’objectif est d’étudier tous les points de vigilance permettant de connaître l’opportunité de l’autoconsommation sur son exploitation. De plus, vous pouvez aussi faire appel aux conseillers énergie – climat pour un appui individuel à votre projet.
Contacts : Isabelle Hascoët (chambre agriculture de Rennes) tel. 02 23 48 27 19 ; Régis Le Carluer (chambre agriculture de Plerin) tel. 02 96 79 22 08