Les États-Unis veulent renforcer le pouvoir de négociation des éleveurs
Les États-Unis veulent favoriser la concurrence entre abattoirs, en renforçant la loi sur les pratiques d’achat entre abattoirs et éleveurs. L’évolution de la loi a pour but de limiter la concentration des activités d’abattage qui induit un déséquilibre du pouvoir de négociation.
Aux États-Unis, l’administration Biden-Harris souhaite favoriser la concurrence entre les abattoirs en renforçant la loi Packers and Stockyards Act, qui encadre notamment leurs pratiques d’achat et d’approvisionnement auprès des éleveurs. Une vingtaine de règles ont ainsi été introduites début mars afin de limiter les pratiques déloyales des abatteurs et de protéger davantage les éleveurs dans les relations commerciales. Cette loi vient s’ajouter à un ensemble de mesures et d’aides prises par l’administration Biden-Harris visant à favoriser la concurrence entre abattoirs, notamment en finançant le développement de petites et moyennes structures d’abattage.
En effet, depuis plusieurs décennies, les activités d’abattage se sont concentrées entre quelques entreprises. En 2019, quatre firmes (Smithfield Foods, JBS, Tyson Foods et Clemens Food Group) abattaient 67 % des porcs aux États-Unis, contre 34 % en 1980. Cette concentration induit un déséquilibre des pouvoirs de négociation en défaveur des éleveurs. En favorisant la mise en concurrence, l’administration Biden-Harris espère tirer les prix à la production agricole vers le haut, et ainsi mieux rémunérer les éleveurs. De 2015 à 2023, pour le secteur porcin, l’indice des prix à la consommation a progressé plus vite que l’indice des prix à la production. L’écart entre ces deux indices s’est creusé, passant de 12 à 27 points.
Cette évolution indique que la marge brute (1) des industriels et des distributeurs a augmenté et que la valeur ajoutée semble avoir été davantage captée par ces derniers que par les éleveurs.
Même si la portée de cette loi peut paraître limitée, l’administration américaine envoie un nouveau signal sur sa volonté de renforcer le pouvoir de négociation des éleveurs, en leur permettant de trouver plus facilement de nouveaux débouchés.
Nicolas Rouault, nicolas.rouault@ifip.asso.fr