« Depuis la vaccination leptospirose, notre objectif de truies à la mise bas est toujours atteint »
À l’EARL Troadec, la vaccination réalisée suite au diagnostic de la leptospirose a permis d’avoir des bandes de truies plus régulières et de réduire les usages d’antibiotiques.
À l’EARL Troadec, la vaccination réalisée suite au diagnostic de la leptospirose a permis d’avoir des bandes de truies plus régulières et de réduire les usages d’antibiotiques.
« Depuis que la vaccination leptospirose a été mise en place, notre objectif d’avoir 30 portées à la mise bas est toujours atteint », expliquent Nicolas Troadec et ses deux salariés Sandrine Roué et Yannick Kerneis. Installé à Plouzévédé dans le Finistère, l’éleveur exploite un élevage de 240 truies naisseurs engraisseurs.
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L’infection du troupeau par la bactérie leptospirose a été suspectée en septembre 2019 suite à des pertes importantes de truies, survenant à tous les stades physiologiques, et à des taux de truies pleines très hétérogènes d’une bande à l’autre. « Il y avait au final de gros écarts d’effectifs entre bandes de porcelets sevrés », explique-t-il. Lors des autopsies, un ictère a été observé sur l’une des truies, c’est-à-dire une jaunisse liée à une hépatite. « C’est un signe clinique qui oriente beaucoup vers une suspicion de leptospirose », souligne Danièle Autret, de la Société vétérinaire d’Iroise. En parallèle, les autres causes possibles de ces troubles ont été écartées : les causes infectieuses (bon état sanitaire stable) mais aussi liées à la conduite d’élevage.
La sérologie, examen complémentaire
Un test sérologique par la technique MAT a été réalisé sur dix truies, avec une répartition par rang de portée, pour détecter la présence d’anticorps. Seule l’une d’entre elles était positive au sérovar Icterohaemorrhagiae avec un titre moyen de 10. « Même si ce taux est relativement faible, cet examen complémentaire a appuyé le diagnostic de leptospirose, basé sur la clinique, ajoute la vétérinaire. Par ailleurs, il y avait déjà eu un historique de sérologies positives dans l’élevage en 2016, avec un taux de 30 % de truies positives, des symptômes différents (avortements) et un autre sérovar (Bratislava). » L’administration d’un traitement antibiotique sur l’ensemble du troupeau a permis de régler dans l’urgence les problèmes de reproduction. Mais cette solution était loin d’être satisfaisante à long terme pour l’éleveur, qui s’inscrit actuellement dans une démarche de baisse de l’utilisation d’antibiotiques.
Une amélioration des critères de reproduction
La vaccination contre la leptospirose avec le vaccin Porcilis Ery + Parvo + Lepto a été mise en place en bande à bande dès novembre 2019. Son impact sur les résultats de GTTT a été mesuré en comparant deux périodes de six mois, avant et après la vaccination complète du troupeau, et sur une même période de l’année afin de gommer l’effet saison (de mai à octobre 2019/mai à octobre 2020). Il montre une nette amélioration du taux de perte des truies. « Il a baissé de 3 % pour revenir à un niveau normal. »
Les données de reproduction sont plus complexes à interpréter car, par ailleurs, le taux de renouvellement du troupeau a augmenté. Ceci étant dit, ils montrent une amélioration de l’intervalle sevrage œstrus (-2,7 jours contre -0,14 jour pour la moyenne des élevages suivis en GTTT d’Evel’up sur la même période) et de l’intervalle sevrage saillie fécondante (-1,7 jour). En maternité, a été constaté un gain de 0,79 porcelet nés totaux et de 0,77 nés vivants. Le nombre de sevrés par truie et par an a augmenté de 1,8 (+0,5 pour la moyenne Evel’up).
Une baisse des frais de santé
Il reste difficile de calculer un retour sur investissement de la vaccination basé sur l’amélioration des critères techniques de reproduction, car d’autres changements ont été opérés en parallèle dans l’élevage, notamment sur la conduite des cochettes en quarantaine. « Ce qui est certain, c’est que la vaccination a joué un grand rôle dans l’amélioration des performances du troupeau, estime l’éleveur. On ne retrouve plus de pertes de truies anormales. On ne reviendrait pas en arrière ! » Par ailleurs, la vaccination a contribué à la réduction de l’utilisation d’antibiotiques. Le suivi sur un an des dépenses de santé laisse apparaître une économie de 0,35 euro par 100 kilos de carcasse des traitements antibiotiques par voie orale, économie faite par l’arrêt des traitements sur les truies. Elle compense à elle seule le surcoût de 0,29 euro par 100 kilos de carcasse lié à la vaccination contre la leptospirose.
À part pour la primoinjection, la vaccination contre la leptospirose n’a pas impliqué de surcroît de travail. Le vaccin lepto contient aussi les valences parvovirose et rouget, contre lesquels l’élevage vaccinait déjà. « Je sors le produit la veille pour le mettre à température ambiante, décrit Sandrine Roué. L’injection a lieu une semaine après la mise bas au moment du repas du matin. Les truies étant débout, elle est plus facile à réaliser. Il n’y a pas de réaction vaccinale. »
Fiche élevage
EARL Troadec
3 UTH (Nicolas Troadec et deux salariés)
240 truies naisseurs engraisseurs
Conduite en 7 bandes, sevrage à 21 jours
Faf partielle
70 hectares de SAU
Groupement Evel’up