Débit de l’abreuvoir : ça ne coule pas de source
Régler le bon débit aux abreuvoirs, pipette ou bol, est essentiel pour permettre au porc de s’abreuver en limitant le gaspillage. Ce réglage est fixé à la mise en service de l’équipement, il n’est pas définitif, car des dérives peuvent apparaître.
Régler le bon débit aux abreuvoirs, pipette ou bol, est essentiel pour permettre au porc de s’abreuver en limitant le gaspillage. Ce réglage est fixé à la mise en service de l’équipement, il n’est pas définitif, car des dérives peuvent apparaître.
Il suffit de démonter au moins une fois une pipette ou le mouilleur au fond du bol pour se rendre compte de la faible dimension du trou par lequel passe l’eau de l’abreuvoir. On comprend alors assez rapidement la difficulté de maîtriser les débits des abreuvoirs et la nécessité d’avoir un circuit propre. Deux paramètres agissent sur le débit en sortie de l’abreuvoir : la section d’ouverture et la pression dans les tuyaux. Le réglage de la section d’ouverture se fait en modifiant une pastille percée dans la pipette, ou en tournant une vis qui ouvrira ou fermera la section de passage de l’eau, d’une manière analogue à un robinet. Une fois réglée, cette section est fixe, mais non définitive. La pression en entrée de circuit est donnée par le distributeur, lorsque l’élevage est sur le réseau public, ou au niveau de la pompe lorsque l’élevage a son propre forage. Au sein de l’élevage, la pression dans le circuit est très sensible au prélèvement d’eau. Il est fréquent d’observer une chute de pression lorsqu’il est important : remplissage de la machine à soupe ou lavage des salles par exemple. L’installation d’un circuit propre à l’abreuvement, avec un surpresseur couplé à un régulateur de pression en amont, peut permettre de s’affranchir des chutes de pression dans le circuit général et garantir des variations moindres de pression.
L’eau passe par un trou d’épingle
À l’intérieur d’une pipette, comme pour un mouilleur, une pastille permet de régler la section de passage de l’eau. Par exemple, cette pastille propose trois trous de sections d’un diamètre de 0,8 mm (section de 0,50 mm²) ; 1 mm (section de 0,79 mm²) et 2 mm (section de 3,14 mm²). Charge à l’éleveur ou à l’installateur de régler le bon diamètre. Les débits recherchés en élevage permettent à l’animal de boire au fur et à mesure de l’écoulement de l’eau. Si le débit est trop élevé, il y aura systématiquement du gaspillage. Ceci est surtout vrai avec la pipette, car le porc est obligé d’actionner le dispositif pour avoir de l’eau en même temps qu’il boit. Le bol permet au porc de laper l’eau, ce qui est son comportement naturel.
Pour un porc en engraissement, les débits recommandés sont compris entre 0,5 et 0,8 l/minute à la pipette et entre 0,8 et 1,0 l/minute au bol. Il s’agit d’un faible écoulement de l’eau lorsque l’on actionne la pipette manuellement. Ne pas rechercher un débit proche de celui d’un robinet de salle de bains ! En élevage, la pression dans le circuit est généralement comprise entre 1 et 2 bars. Ce qui signifie que pour atteindre les objectifs de débits, il faudra serrer au maximum la section d’ouverture, c’est-à-dire choisir le trou le plus petit de la pastille. Dans tous les cas, l’utilisation du plus grand trou conduira à un débit élevé.
Le corollaire de ce choix, c’est qu’en utilisant le plus petit trou, le risque de bouchage des pipettes augmente. Au démarrage des mesures à la station de Crécom, l’état des pipettes a été vérifié. Le débit d’eau de plusieurs d’entre elles était très faible, voire nul, compte tenu de leur encrassement. Elles ont toutes été changées. Il est indispensable de vérifier régulièrement les débits aux abreuvoirs pour s’assurer du bon écoulement de l’eau.
Viser les débits recommandés
Des recommandations pour les débits à assurer aux abreuvoirs sont données par les équipementiers et l’Ifip selon le stade physiologique des animaux. Les valeurs mini-maxi vont pratiquement du simple au double. Mais il est fréquent dans les élevages de mesurer des débits très largement supérieurs à ceux recommandés. Si les débits sont inférieurs aux recommandations, le porc s’abreuvera difficilement. En revanche, si le débit est supérieur, l’eau s’écoulera plus vite que la capacité d’ingestion de l’animal. Dans ce cas, c’est le gaspillage assuré, surtout avec les pipettes. Avec le bol, le porc peut faire couler l’eau et boire celle stockée dans le bol. Les préconisations en termes de débit ont été établies pour des porcs alimentés en sec, l’abreuvoir étant la seule source d’apport d’eau. À défaut d’autres propositions, les mêmes recommandations peuvent être utilisées pour les porcs alimentés avec une soupe. Le débit doit être régulièrement vérifié à la pipette ou au bol et l’équipement changé quand cela est nécessaire. Et ce, d’autant plus si l’abreuvoir est situé au-dessus de l’auge. Un déréglage des pipettes peut avoir comme conséquence une auge pleine d’eau qu’il faudra vider avant le repas de soupe.
De 0 à 3 litres par minute, sans le savoir
Les débits ont été mesurés au niveau de plusieurs abreuvoirs pris au hasard dans quatre élevages équipés d’une alimentation soupe. Dans les salles de post-sevrage, certains abreuvoirs pouvaient être bouchés, alors que d’autres débitaient jusqu’à trois litres par minute. Ces résultats montrent la grande variabilité au sein même de l’élevage. Dans tous les cas, les éleveurs n’avaient pas remarqué ces différences, les débits étant peu contrôlés.