De l’eau en permanence pour tous les porcs
La réglementation bien-être impose désormais un accès permanent à l’eau fraîche pour tous les porcs. Pour une alimentation à la soupe, cela passe par la mise en place de points d’abreuvement complémentaires.
La réglementation bien-être impose désormais un accès permanent à l’eau fraîche pour tous les porcs. Pour une alimentation à la soupe, cela passe par la mise en place de points d’abreuvement complémentaires.
Pour assurer le bien-être du porc, l’absence de soif constitue, au même titre que l’absence de faim, une des cinq libertés utilisées pour définir le bien-être des animaux. La réglementation impose désormais que « tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à de l’eau fraîche en quantité suffisante ». Ce point ne pose généralement pas de problème en alimentation sèche où des abreuvoirs sont disponibles. En revanche, les porcs alimentés à la soupe n’ont pas toujours accès à de l’eau supplémentaire. Celle qui est ingérée au moment du repas est généralement suffisante pour répondre à leurs besoins physiologiques essentiels. Mais sans abreuvoir, impossible pour les porcs de s’abreuver quand ils le souhaitent, en période de forte chaleur par exemple.
Des pipettes au-dessus des auges
Pour répondre à cette exigence, Thierry Marchal, éleveur de porcs à Sizun, dans le Finistère, a installé des pipettes dans ses engraissements équipés d’une alimentation à la soupe. « Je n’étais pas satisfait de la distribution d’eau avec la machine à soupe, car il fallait mettre plus d’eau que les besoins réels des porcs pour être sûr d’avoir de l’eau résiduelle dans les auges. Je distribuais trois repas de 0,5 litre d’eau par porc en plus des trois repas de soupe quotidiens. D’un point de vue sanitaire, on n’est jamais sûr que l’eau résiduelle ne soit pas souillée. Par ailleurs, cette pratique avait des conséquences négatives sur l’ambiance du bâtiment avec plus d’humidité dans l’air. » L’éleveur souligne aussi que la distribution de repas d’eau est gourmande en main-d’œuvre, afin de s’assurer d’avoir de l’eau en permanence dans les auges. « Un passage pour surveiller des distributions en engraissement nous prend 1 h 30. Lorsque l’on faisait des repas d’eau, il fallait prévoir au minimum un passage supplémentaire. De plus, il fallait constamment faire des corrections sur les quantités distribuées. »
Les animaux ne jouent pas avec l’eau
Avec les pipettes, plus besoin de se préoccuper de la présence ou non d’eau dans les auges. Les salariés peuvent se concentrer sur d’autres tâches. « Tout se passe bien. Les animaux ne jouent pas et il n’y a pas de gaspillage. » Les pipettes sont situées au-dessus des auges. Elles sont réglées à 0,8 bar. Thierry Marchal a installé 350 pipettes en 2017, aucune n’a été changée depuis. Cet investissement semble avoir été bénéfique pour les animaux. « Durant les fortes chaleurs que nous avons connues l’été dernier, nous avons été impressionnés de voir que les cochons buvaient constamment sans connaître précisément la quantité car nous n’avons pas encore mis de compteur. » Pour lui, le volume de lisier produit n’a pas été modifié, malgré le maintien du taux de dilution de la soupe à 2,7 litres par kilo. Cependant, il ne note pas d’impact sur les résultats techniques. « Après un an et demi de fonctionnement, les performances sont identiques. C’est compliqué de tirer des conclusions car beaucoup de paramètres entrent en jeu. Nous sommes en production label rouge, les porcs ont un peu plus de surface qu’en production conventionnelle. Nous avons aussi changé le programme de vaccinations. Sur un an, le taux de pertes s’est maintenu à 1 % en engraissement. »
Le montage des installations a été fait par une entreprise. L’éleveur compte un investissement de 6 euros la place, 4 euros pour la main-d’œuvre et 2 euros pour le matériel. « Pour 24 cochons par auge, cela représente donc un montant de 90 euros par auge. Au total, l’investissement sur mon atelier s’est élevé à 27 000 euros. » Thierry Marchal souligne aussi qu’un travail en amont a été nécessaire pour percer les murs et mettre en place le réseau d’eau.
En savoir plus
Des fiches conseil sur l’abreuvement des porcs présentent aux éleveurs différentes solutions pour permettre à chacun de choisir les solutions techniques les plus adaptées à son élevage. Elles rappellent les exigences réglementaires, les bonnes pratiques et leurs fondements techniques et scientifiques, ainsi que les recommandations de la profession. Ces fiches sont téléchargeables sur le site internet de la chambre d’agriculture de Bretagne.
Les porcs consomment de l’eau en plus de la soupe, même en hiver
Selon des relevés effectués dans deux salles d’engraissement de la station de la chambre d’agriculture de Bretagne à Crécom, dans les Côtes-d’Armor, les porcs consomment 0,9 litre d’eau par jour en hiver en plus de la soupe diluée à 2,5 litres par kilo avec une alimentation plafonnée à 2,5 kilos. En été, ils consomment 1 litre par jour. L’eau consommée aux abreuvoirs représente 14 % de l’eau totale consommée par jour.