La douleur est un mécanisme de survie indispensable d’un être vivant face à un danger pour s‘en protéger. La comprendre et savoir la reconnaître sont nécessaires pour soigner, guérir les animaux et donc participer à leur bien-être et aux bonnes performances de l’élevage.
La douleur a été définie comme une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à la perception par l’animal d’un dommage tissulaire » (1). Elle est donc un signal d’alarme pour permettre à l’individu de modifier ses comportements et d’éviter d’autres dommages. La douleur est en ce sens un mécanisme de survie indispensable à l’animal face à un danger qui vient altérer sa santé (2). Les causes de la douleur peuvent avoir plusieurs origines : physiologiques comme la mise bas, des maladies comme une entérite aiguë, des interventions comme la castration, des blessures diverses liées à du matériel défectueux, à de l’agressivité des congénères ou à de la caudophagie. Savoir reconnaître la douleur de ses animaux nécessite de bien les observer, de passer du temps avec eux : aller dans les cases, assister aux repas… de manière à percevoir les signes de douleur qui peuvent s’exprimer de différentes façons.
Les vocalises, même fréquentes chez le porc pour communiquer, apparaissent de façon plus intense lors de douleurs surtout aiguës : leur durée, leur intensité témoignent de la sévérité de la douleur. Lors de castration par exemple, les fréquences peuvent dépasser les 1 000 hertz.
Les comportements anormaux sont des signes d’expression de la douleur à savoir interpréter pour agir sur les animaux en souffrance : un animal isolé qui ne se lève plus lorsque l’on rentre dans la case, un animal prostré, un animal qui fuit ses congénères, un manque d’appétit sont autant de signes comportementaux qui traduisent un mal-être ou une souffrance dont il faut ensuite chercher la cause : onglons arrachés, panaris, diarrhée…
Les lésions visibles sont importantes à prendre en compte et à soigner afin de limiter la douleur : les escarres, les métrites, les nécroses d’oreilles…
Les postures anormales sont également des signaux forts de douleur : l’immobilité tonique, qui définit l’attitude d’un animal ayant gardé sa tonicité musculaire, mais dont les sens sont réduits au minimum, peut traduire une douleur thoracique ou abdominale, port anormal de pattes.
(1) Molony et Kent 1997
(2) Prunier et al. 2002
Avis d’expert : Anouck Lemistre, vétérinaire Chêne vert
« Investir du temps pour observer ses animaux »
Les douleurs que les animaux peuvent ressentir lors de blessures, maladies ou étapes physiologiques sont néfastes à leur bien-être mais également à leur productivité. En effet un animal en souffrance va moins consommer, va se laisser dépérir et va donc occasionner des pertes directes ou indirectes pour la production. Je conseille d’investir du temps à aller voir vos animaux dans les cases pour uniquement les observer. Cette phase d’observation, pour être vraiment efficace, ne doit pas se faire en même temps qu’une autre activité de soins, comme une vaccination. L’observation des animaux est bénéfique si elle est régulièrement réalisée au moins 2 à 3 fois par semaine, notamment dans les cases de truies en groupe. De plus, elle améliore les relations de confiance entre l’éleveur et son cheptel. Elle permettra d’identifier au plus tôt les lésions ou les comportements anormaux et de détecter ainsi la douleur qu’il pourra alors mieux supprimer, soulager ou substituer.
Un mécanisme physiologique à réponse variable
Physiologiquement, les mécanismes de perception de la douleur sont les mêmes chez l’homme et chez le porc.
Une stimulation du système sensoriel (mécanique, chimique ou thermique) entraîne une impulsion électrique qui est conduite à la corne dorsale de la moelle épinière. Celle-ci envoie, via la voie neuronale, un message au cerveau qui donne une réponse émotionnelle. Cette réponse émotionnelle va être variable en fonction de la localisation du stimulus, de sa nature et de sa durée.