Comment satisfaire le comportement d'explorateur du porc?
Un mouvement brusque ou un bruit soudain et il saute, court, s’enfuit. Mais passé cette première réaction et si la situation ne semble pas présenter de danger alors gare à vos bottes, car la nouveauté est pour lui irrésistible.
Un mouvement brusque ou un bruit soudain et il saute, court, s’enfuit. Mais passé cette première réaction et si la situation ne semble pas présenter de danger alors gare à vos bottes, car la nouveauté est pour lui irrésistible.
Le porc est un animal curieux, si bien que s’il est élevé en extérieur il peut passer une grande partie de son temps à explorer son environnement.
La recherche de sources de nourriture est à l’origine d’une partie de ces comportements mais il est également attiré par la nouveauté. C’est pourquoi le moindre changement dans son environnement va stimuler ce comportement. Le fouissage est le comportement privilégié par le porc pour explorer. Il utilise alors son groin, à la fois rigide et musculeux qui lui permet de retourner facilement le substrat. Il est sensible, comme peut l’être la main pour l’homme pour mieux saisir les informations tactiles. Il lui permettra également de collecter les informations odorantes présentes.
Si le porc ne peut pas fouir, il utilisera alors sa gueule pour explorer en mordant ou mâchonnant des objets. Issu de plusieurs milliers d’années d’évolution, ce comportement exploratoire est profondément ancré chez le porc si bien que l’on parle de besoin comportemental. Si le porc ne peut pas l’exprimer dans son environnement, il pourra se rediriger vers ses congénères avec des conséquences parfois graves (morsures, massages).
Enrichir les cases pour un besoin comportemental
Pour permettre au porc d’exprimer son besoin comportemental, la mise à disposition de matériaux manipulables dans les cases est obligatoire. Au-delà de cette obligation réglementaire, il convient d’enrichir les cases avec des matériaux suffisamment attractifs pour éviter les comportements dirigés vers les autres porcs. Des recherches ont montré que l’odeur d’un enrichissement et la possibilité pour le porc de le mâchonner et de le déformer participent à son attractivité.
Pour maintenir cette attractivité, l’enrichissement doit être destructible et pouvoir être ingéré par les animaux. Ainsi, l’exemple mis en avant d’un enrichissement optimal est la paille car elle présente toutes les caractéristiques citées précédemment quand elle est utilisée en litière. La majorité des bâtiments en élevage conventionnel sur caillebotis ne peuvent cependant pas l’utiliser du fait de contraintes techniques (évacuation, propreté).
D’autres matériaux, comme le bois, les cordes, ou les objets en matériaux naturels ou issus de la transformation de la biomasse, peuvent alors être utilisés en substitution. Ces matériaux manipulables sont qualifiés de sous-optimaux. Ils possèdent tous la plupart des caractéristiques d’un enrichissement attractif. Les chaînes métalliques et les jouets en plastiques sont quant à eux qualifiés de matériaux d’intérêt minime. Ils ne peuvent constituer le seul enrichissement d’une case de porcs. Une étude menée dans l’élevage sur caillebotis de la station expérimentale porcine des Chambres d’agriculture de Bretagne de Crécom a testé l’attractivité de différentes paires d’objets (1 sous-optimal et 1 d’intérêt minime) permettant de répondre aux exigences réglementaires. Tous les matériaux ont été utilisés par les porcs. En post-sevrage, la corde en coton et le disque en amidon sont les plus utilisés. En engraissement, le bois touchant le sol est l’objet préféré des porcs charcutiers.
Nicolas Villain, nicolas.villain@betagne.chambagri.fr
Côté web
Combien de matériaux ? De quelle nature ? Quel placement ? Pour répondre de manière pratique aux questions d’éleveurs, de groupements ou de l’administration sur la réglementation relative à l’enrichissement du milieu une foire aux questions est disponible sur le site des Chambres d’agriculture de Bretagne.