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Comment aménager les zones de vie d’un post-sevrage ouvert dans un élevage de porcs

La conception d’un post-sevrage ouvert doit inciter les porcelets à faire leurs déjections dans la courette extérieure. Quelques astuces permettent de les orienter.

L’Ifip et la coopérative Le Gouessant ont mis en place un dispositif afin de mieux comprendre le comportement des porcelets dans un post-sevrage ouvert vers l’extérieur de type Physior.

Ce bâtiment, réalisé dans un élevage de 265 truies naisseur-engraisseur, est composé de 17 cases de 22 porcelets. Elles sont découpées en deux parties :

Une zone intérieure isolée et fermée sur quatre côtés. La surface par animal est modulable selon l’âge et le poids des animaux grâce à une cloison mobile. Elle varie de 0,18 à 0,27 m² par animal. En fond de case, les porcelets disposent d’une niche de 1,5 m² (0,07 m² par animal). Le sol de cette partie est plein. Il s’agit à la fois de la zone de repos et de la zone d’alimentation (présence d’un nourrisseur à sec).
Une courette extérieure intégralement couverte. Elle offre une surface de 0,26 m² par porcelet. C’est la zone de déjection, avec un sol sur caillebotis plastique intégral, et la zone d’abreuvement, avec une rangée de trois pipettes. Un raclage en V permet une séparation de phase et une évacuation rapide des déjections.

Orienter la zone de déjection

Avec ce bâtiment, il est primordial d’orienter les comportements des animaux (notamment la zone de déjection). Pour s’assurer que les animaux réaliseront leurs déjections dans la courette, trois points essentiels sont à retenir :

La présence des abreuvoirs dans la courette crée une zone d’activité et de compétition éloignée de la zone d’alimentation. Cette activité se traduit par la présence de déjections. Les abreuvoirs incitent les animaux à sortir, notamment durant les périodes les plus fraîches.
Des cloisons ajourées entre deux cases dans la courette génèrent une compétition entre les animaux. Dans le but de marquer leur territoire, ils défèquent majoritairement le long de cette cloison. Il n’existe pas beaucoup de bibliographies à ce sujet mais cette pratique semble se vérifier sur le terrain.
L’aménagement de la case doit permettre à l’animal d’identifier deux ambiances distinctes. Les courettes doivent présenter quelques éléments d’inconfort : front ouvert générant des courants d’air, humidité avec les abreuvoirs, retombées d’air froid avec la toiture non isolée. À l’inverse, la zone intérieure doit être très agréable : présence de niche et de dispositif de chauffage, ventilation naturelle mais maîtrisée à l’aide de volets motorisés, bâtiment fermé et isolé.

De la théorie à la pratique

D’une manière générale, les lieux de déjection restent très théoriques. D’une bande à une autre ou selon les saisons ou le passif des animaux en maternité (éducation ou non par la truie), ils peuvent fortement bouger dans le temps. Pour vérifier cela, un protocole spécifique a été mis en place afin d’analyser la propreté des zones de vie des animaux. Il consiste à compartimenter la case en dix surfaces carrées (quatre dans la courette et six à l’intérieur). Une fois par semaine, un opérateur note pour chaque surface le niveau de propreté selon la quantité de déjection présente :

0 : la surface est propre, il s’agit probablement d’une zone de passage ou de couchage. Aucune trace d’urines ou de déjections n’est présente.
1 : la surface est probablement une zone de passage ou de couchage, mais il y a des traces d’urines ou de déjections. Il s’agit probablement d’un « accident ».
2 : la surface est sale mais la quantité d’urines ou de déjections présentes reste faible. Il ne s’agit pas d’un accident mais du début d’une zone de déjections.
3 : la surface est humide et sale et les déjections sont présentes en très grand nombre. Il s’agit clairement de la zone (ou d’une des zones) de défécation de la case.

Les mesures ont été réalisées sur 12 cases et sur une période d’une année. D’une manière générale, les animaux respectent très bien les zones de vie théoriques. Sur l’ensemble des mesures réalisées entre janvier 2022 et mars 2023, 87 % des notes 3 ont été attribuées à des surfaces situées dans la courette. 82 % des notes 0 correspondaient à des surfaces situées dans la zone intérieure. La surface la plus sale de la courette est très vite déterminée après l’entrée des animaux dans la case, et elle reste toujours la même. Elle est généralement située en fond de courette, face à la porte d’accès à la zone intérieure. Pour cette dernière, la partie chauffée par la niche reste systématiquement propre et le nombre de déjections observé y est très anecdotique. La surface intérieure la plus sale est située près de la porte d’accès vers les courettes. Cela peut, en partie s’expliquer par la présence de courants d’air car même avec la porte fermée, l’étanchéité n’est jamais parfaite. On observe cependant un effet saison, les cases sont généralement plus sales en hiver, surtout autour de la porte d’accès. En revanche, les zones chauffées restent toujours propres. De même, la courette est globalement plus sale, liée probablement à une fréquentation moins importante ainsi que moins de piétinements pour l’évacuation des déjections.

Yvonnick Rousseliere, yvonnick.rousseliere@ifip.asso.fr

Repères

La coopérative Le Gouessant a accompagné l’un de ses éleveurs dans la construction d’un nouveau type d’élevage appelé Physior. Sur son élevage de 265 truies naisseur-engraisseur, des bâtiments ont été construits avec le même cahier des charges pour l’ensemble des stades physiologiques : augmenter la surface des cases tout en proposant différents types de sol aux animaux (paille, gisoir ou caillebotis), aménager trois zones (courette et bâtiment fermé avec la zone de couchage et la zone d’alimentation). L’objectif est de mettre en avant le bien-être des animaux.

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