Quelles sont les trois principales causes de mortinatalité des porcelets
Déterminer la cause de mortinatalité des porcelets aide à mieux cibler les leviers correctifs à mettre en place. Une étude du groupe CCPA souligne les trois motifs les plus fréquemment observés en élevage.
Déterminer la cause de mortinatalité des porcelets aide à mieux cibler les leviers correctifs à mettre en place. Une étude du groupe CCPA souligne les trois motifs les plus fréquemment observés en élevage.
Les causes de mortinatalité sont nombreuses et très diverses d’un élevage à l’autre. Pour mieux les identifier, la firme services CCPA a développé depuis 2005 un outil de diagnostic spécifique. Il s’adresse aux élevages présentant un taux de mortinatalité supérieur à 17 % ou dans le cas d’une problématique de mortalité persistante et difficile à déterminer.
Pour rappel, la mortinatalité regroupe les porcelets morts avant ou pendant la mise bas (nés morts) ainsi que ceux morts durant les 48 premières heures. « L’objectif du diagnostic est de quantifier les principales causes de mortinatalité, de les relativiser par rapport aux références, puis d’identifier des pistes de progrès individuelles à chaque élevage », a expliqué Alice Hamard, du groupe CCPA à l’occasion de l’Escale Porcine organisée par Terrena et le groupement Porvéo. La responsable filière porc de la firme services a présenté les résultats d’une étude portant sur 150 élevages ayant réalisé un diagnostic mortinatalité au cours des dernières années.
Cause 1 : l’asphyxie en cours de mise bas
Les porcelets morts pendant la mise bas ont des signes très distinctifs, notamment des zones de compressions avec des ecchymoses provoquées par les contractions utérines, des points de cyanose avec une pâleur de la peau ou des hématomes au niveau du cordon.
« L’usage inapproprié de certaines hormones (ocytocine, sergotonine) a été clairement identifié comme un facteur de risque important. » L’ocytocine, utilisée pour favoriser les contractions l’expulsion des porcelets, doit être raisonnée et non systématique. Il est nécessaire de réaliser une fouille au préalable. La sergotonine, recommandée dans le cas de complication post-partum telle qu’une hémorragie, est injectée après mise bas. « Elle ne doit pas être réalisée en cours de mise bas », rappelle-t-elle.
Deux autres facteurs de risque de mort par asphyxie sont les mises bas longues de plus de cinq heures (voir page suivante) et une anémie sur les truies avec des taux d’hémoglobines inférieures à 9 %.
Cause 2 : des porcelets trop légers et non viables
Il s’agit de porcelets de moins de 800 g ou dont le poids est inférieur à 80 % du poids moyen de la portée. On considère qu’ils ont eu un retard de croissance utérin. « Il est important de s’occuper de ces porcelets car ils sont immatures au niveau intestinal (moins de surface d’absorption). Ils sont donc plus sensibles aux problèmes digestifs. » Ils naissent avec peu de réserves énergétiques et sont très sensibles au froid. Leur chance de survie est de 62 % et ils rattrapent difficilement leur retard de croissance (hétérogénéité).
Le nombre de petits porcelets est en lien avec l’augmentation de l’hyperprolificité des truies. Il dépend aussi de la capacité utérine de la truie et de la taille de la portée. Pour savoir si le nombre de petits porcelets est anormalement élevé pour une truie donnée, CCPA a déterminé un seuil qui se calcule en ajoutant 2 au nombre de porcelets de la portée. "Si le pourcentage de petits porcelets est supérieur à la somme obtenue, on considère que la capacité utérine de la truie n’est pas le seul facteur limitant et que d’autres facteurs rentrent en jeu. Dans ce cas, plusieurs voies d’amélioration doivent être activées, dont l’alimentation des truies. »
« La nutrition est en effet un levier essentiel pour agir sur la problématique des porcelets de petits poids, poursuit Jean-Charles Besnard, chef marché aliment porc de Terrena. On travaille sur deux phases critiques du développement fœtal : flushing et via la micronutrition en première phase de gestation pour améliorer l’implantation embryonnaire et l’homogénéité de la portée ; et par la macronutrition en 3e phase de gestation (croissance fœtale) avec un apport nutritionnel important (énergie, acides aminés…). »
Cause 3 : infection dans les voies génitales
« L’importance de cette cause a été démontrée récemment », remarque Alice Hamard. Elle se caractérise par des signes visibles d’infection tels que la présence de fibrine, de lésions hémorragiques sur le cœur, de ganglions hypertrophiés. « Dans ce cas-là, on réalise une bactériologie pour identifier les germes qui sont en général des colibacilles voire des entérocoques ou staphylocoques. »
Il faut être très attentif à l’hygiène de la sphère urogénitale. La contamination des porcelets se fait par voie ascendante le plus souvent suite à une rupture de la poche des porcelets avant la naissance.
A. Puybasset
Dico
La mortinatalité est l’addition de trois types de mortalité : la mortalité fœtale en fin de gestation, la mortalité en cours de mise bas (mort-nés) et les pertes sur nés vivants des 48 premières heures.
Un impact financier important
– Les mort-nés et morts dans les 48 heures représentent en moyenne 1,9 porcelet par portée. Au-delà de 2, on considère que l’impact économique est important.
- Sur 92 diagnostics réalisés, Deltavit a calculé une mortinatalité moyenne de 2.6 par portée. Atteindre l’objectif de 1.9 porcelet (moyenne nationale) permettrait de gagner 134 euros/truie/an.
- La mortalité qui a lieu sur les 48 premières heures de vie représente 50 à 70 % des pertes sur nés vivants.
- On estime à 5 à 10 % la mortalité fœtale tardive qui a lieu durant la phase critique du dernier tiers de gestation, là où la croissance fœtale est très importante.