Au salon de l’agriculture de Paris, les éleveurs de porcs vont à la rencontre du public
Le salon de l’agriculture de Paris constitue une vaste interface entre la production agricole et les consommateurs. Les éleveurs de porcs y mouillent leur chemise car les questions sont nombreuses.
Le salon de l’agriculture de Paris constitue une vaste interface entre la production agricole et les consommateurs. Les éleveurs de porcs y mouillent leur chemise car les questions sont nombreuses.
Le Hall 1 du parc des expositions de Paris, porte de Versailles, réserve depuis longtemps une grande zone aux porcs. Autour du ring porcin et des présentations d’animaux, sont présentes les marques, les races et Inaporc. Si, sur le stand de l’interprofession, des étudiants animent des ateliers pour enfants et expliquent l’alimentation des animaux, les éleveurs sont également très mobilisés.
Chez Opale, les producteurs ont d’ailleurs une obligation de présence sur au moins deux événements par an pour assurer la promotion de leur label rouge. « Ça me paraît normal », estime Christophe Herouin, éleveur à Préaux, en Mayenne, qui a passé la journée du 27 février sur le stand. « On ne peut pas faire tout bouger tout seul, mais on peut contribuer. » Les visiteurs, parents comme enfants, sont particulièrement intéressés cette année par le quiz et les cadeaux. Mais certains posent aussi des questions plus particulières. « Comme nous sommes présents avec d’autres membres de la filière dont les transformateurs, on peut diriger vers eux les consommateurs qui veulent par exemple parler du sel nitrité qui fait polémique actuellement. Et c’est une bonne occasion, pour nous, pour dialoguer au sein de la filière », illustre l’éleveur qui, arrivé le matin même, reprendra le train du soir.
Des questions et des dégustations
Quelques pas plus loin, Hervé Chambon est venu du Puy-de-Dôme avec son épouse, propose des tranches de saucissons sur le stand Lidl en arborant le logo du groupement Cirhyo. Les consommateurs, petits comme grands, se précipitent sans hésitation. « Je pensais que Lidl, ce n’était pas trop bon alors que là, votre saucisson, c’est super », dit un visiteur. Hervé sourit : « ils ont bien monté en gamme. Nous sommes dans le cahier des charges label rouge depuis 2007. Lidl a signé avec nous il y a deux ans. 80 éleveurs sont concernés. Les produits Cirhyo approvisionnent 10 des 25 plateformes du distributeur ». Une dame confirme : « je suis très contente de voir l’éleveur, on a plus confiance comme ça. Et même, il a sa photo sur l’emballage du saucisson ». Plusieurs visiteurs posent aussi des questions sur le bien-être des animaux. Hervé explique : « si on ne coupe pas les dents des porcelets, elles sont très pointues. S’il pique la mamelle de la truie, il y a un vrai risque qu’elle se retourne et qu’elle l’étouffe ». Autre explication sur la nécessité de la castration : « dans le label rouge, nous gardons les mâles plus longtemps. Il y a un risque supplémentaire à garder des mâles entiers car quand ils sont plus vieux, ils sentent plus ».
Le retour de Cochon de Bretagne
Pour Gisèle Postic, venue de Saint-Thuriau, dans le Morbihan, avec Gwenaël son mari, être présente au salon parisien est avant tout un engagement pour ses produits estampillés Cochon de Bretagne. « J’y crois, j’aime mon métier et j’aime parler de notre élevage, rencontrer les gens, leur expliquer comment nous faisons. On a très peu de questions techniques ou de gens en colère, explique-t-elle. Ici, on fait de la communication réelle. Les éleveurs doivent reprendre la main et aller au contact du public. » Les frais de déplacement sont pris en charge par la structure et certains partenaires comme le groupement. Mais le service de remplacement est aux frais des éleveurs. « Ça nous coûte donc un peu de venir, mais ça nous paraît important. Nous sortons de ce salon avec un sentiment positif », explique le couple qui avait déjà donné une journée à l’interprofession Inaporc il y a quelques années. Cochon de Bretagne n’avait plus de stand au salon parisien depuis 2007. Son président, Sébastien Brishoual, souligne qu’il a mobilisé trois à quatre éleveurs par jour pour ce retour. Pour expliquer leur métier, ils s’appuient notamment sur un support visuel, une vidéo « visite d’élevage » qui répond déjà à beaucoup de questions. « Les consommateurs ont besoin de communication positive. Ils viennent ici pour vérifier la réalité de l’information et retrouver de la confiance. »
Jouer collectif
Du côté des races de porcs ibériques (Noir de bigorre, Kintoa, Nustrale et Cul noir limousin) le choix a cette année été de partager un « bar à jambons secs » avec des assiettes découvertes proposées à 15 euros. Patrick Escudé élève des porcs gascons AOP Noir de bigorre, dont deux étaient présents durant le salon. Il est mobilisé huit jours à Paris. « Le salon est une vitrine extraordinaire pour nos races locales. Elles ont failli disparaître dans les années 80. Nous pouvons expliquer aux gens le travail entrepris pour remettre ces porcs sur leur territoire, pour obtenir l’AOP et bien sûr pour avoir des produits de qualité et qui ont du goût. »
C’est aussi le cas sur le stand des Pays de la Loire, où Benoît Ragaigne, éleveur à Auvers-le-Haumon, dans la Sarthe, est venu pour la journée faire la promotion du porc fermier de la Sarthe, « comme chaque année depuis dix ans, sourit-il. C’est logique de faire le lien avec les artisans salaisonniers qui sont là aussi. Les consommateurs sont ravis de goûter les produits. » Tout cela confirme le lien entre la Sarthe, ses rillettes et ses cochons. « Et le salon est une belle occasion pour faire aussi la promotion du Printemps des rillettes qui, pour la troisième fois, anime l’ensemble du département », conclut Alain Cabannes, directeur des porcs fermiers de la Sarthe.
Les éleveurs Cooperl se sont également mobilisés pour faire déguster les nouveaux produits de la marque Brocéliande (jambon et rôti gris fabriqués sans nitrite). Même démarche de la part des éleveurs de la Sicaba qui abat et commercialise les porcs fermiers d’Auvergne. « Nous mettons en avant tous les produits de notre département », explique Daniel Chemelle, vice-président de la Sica. « Les visiteurs s’attendent surtout à des bovins, mais nous sommes aussi fiers de nos ovins et de nos porcs fermiers d’Auvergne ! »