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Sécuriser son exploitation ovine avec de nouvelles surfaces

En Saône-et-Loire, Laurence Pellenard est une jeune installée qui a pris de plein fouet les sécheresses. Elle cherche de nouvelles surfaces pour sécuriser son système.

Lorsque nous nous rendons chez Laurence Pellenard, à Maltat en Saône-et-Loire, nous tombons sur une jeune femme tout sourire. Il y a de quoi, car aujourd’hui la pluie est de retour après près de cinq mois d’absence. « Je me suis installée en novembre 2015 avec un objectif de conduite 100 % herbagère. Les trois dernières années de sécheresse ont mis à mal ma stratégie autant que mes réserves de fourrages », explique la jeune éleveuse de 36 ans. Auparavant technicienne au contrôle de performance bovine, elle reprend une ferme principalement ovine avec 400 brebis mères et 20 vaches allaitantes. « L’ovin, c’était avant tout un choix économique, l’investissement de départ est moins énorme qu’en bovin. J’ai redécouvert le challenge technique et la conduite très pointue d’une troupe ovine et je ne changerais de production pour rien au monde », reconnaît Laurence Pellenard. Mais ses premières années en tant que moutonnière n’ont pas été des plus simples. Avec 84 hectares de SAU dont 77 de prairies permanentes et temporaires et 7 hectares de cultures de céréales autoconsommées par l’atelier bovin, Laurence a vu ses réserves de fourrage fondre à vue d’œil à partir de juillet-août. « Quand je me suis installée, la consommation de fourrage et de concentré était en cohérence avec le système. Mais avec une repousse d’herbe quasi inexistante, faute de pluie, ces consommations ont explosé », s’alarme l’éleveuse. La distribution annuelle de concentré par brebis était en temps normal autour de 170 kg, avec la sécheresse elle a augmenté de 50 %.

Changer des prairies permanentes en temporaires

Laurence Pellenard a commencé par augmenter fortement la part de prairies temporaires dans sa SFP. Alors qu’au départ les prairies temporaires ne représentaient que 5 %, elles ont aujourd’hui triplé, jusqu’à représenter la majeure partie du parcellaire de pâturage. Elle décide de faire une fauche précoce de printemps pour espérer gagner en volume, mais « sans précipitations dès avril, la repousse est très médiocre », désespère-t-elle. L’éleveuse a néanmoins plus d’un tour dans son sac et, avec la mise en place des prairies temporaires, elle a pu choisir les semences. « Je me suis tournée vers des variétés qui n’ont pas besoin de beaucoup d’eau, résistantes à la chaleur et adaptées à la fauche comme à la pâture ». Laurence Pellenard a essayé tour à tour d’implanter différentes variétés de dactyles, de ray-grass, de fétuque ou de trèfle. « Je voulais mettre du plantain pour cette année, mais je suis heurtée à un autre problème : les coopératives et les semenciers n’ont pas forcément les stocks de semence pour ces variétés moins courantes. Tant pis pour 2020, je le ferai l’année prochaine ! », persévère la jeune femme.

87 hectares de parcours

La situation reste très tendue malgré ces adaptations. Laurence Pellenard doit le salut de son exploitation à l’offre miraculeuse qui lui est parvenue grâce au bouche-à-oreille. « J’ai entendu qu’un vaste terrain sur les bords de Loire servait de pâturage pour un éleveur et que celui-ci se retirait », développe l’éleveuse. La zone est classée Natura 2000 et le pâturage y est autorisé en respectant les contraintes du cahier des charges, notamment les périodes de pâturage ou le chargement.

Qu’importe, pour l’éleveuse c’est une opportunité à saisir. La zone, qui se trouve à 10 kilomètres de l’exploitation de Laurence, couvre 87 hectares, entièrement ouverts aux animaux de l’éleveur exploitant. « C’est une zone inondable, il faut être vigilant. La flore est très variée. Il y a plusieurs zones de pelouse qui sont intéressantes en termes de quantité d’herbe », poursuit Laurence Pellenard. La qualité de la pelouse est tout à fait acceptable au printemps et la ressource en herbe est en quantité suffisante au moins sur avril, mai et juin même en l’absence de précipitations.

Un espace à bas coût pour pérenniser le système

Les parcelles de la ferme et ce terrain de bords de Loire vont alors trouver toute leur complémentarité dès cet hiver. « Je vais mettre mes brebis là-bas dès novembre avec l’objectif de les laisser toute l’année dehors et de ne les rentrer qu’au moment de l’agnelage. » Au printemps, les prairies temporaires seront laissées pour la fauche et les brebis suitées seront mises sur le parcours. Une fois la fauche réalisée, les agneaux sevrés seront mis sur les prairies temporaires autour de juin pour être finis dehors (avec une complémentation en granulés). Les brebis taries resteront sur le parcours et leurs besoins nutritionnels étant alors assez faibles, la végétation estivale suffira. « Il y a beaucoup d’arbres et de buissons qui, en plus d’apporter de l’ombre pour les brebis, donc du confort en période chaude, représentent une source alimentaire intéressante avec le feuillage », complète l’éleveuse.

Laurence Pellenard a hâte de pouvoir mettre ses brebis sur le parcours, d’autant qu’elle est bien conseillée par son prédécesseur. Et ce malgré les flous qui persistent : va-t-elle découper le terrain en plusieurs parcelles ou laissé tel quel ? « C’est un tout nouveau mode d’élevage que je vais découvrir, ça m’intéresse vraiment. Et l’occasion est d’autant plus belle que le fermage pour le parcours est vraiment très faible, proportionnel à sa valeur agronomique », ajoute-t-elle, malicieuse.

Ovin et bovin pour des parcelles plus propres

Laurence Pellenard a rapidement remarqué que le pâturage des ovins et des bovins se mariait très bien. « Mon prédécesseur ne le faisait pas du tout. À partir du moment où j’ai mis ça en place, les prairies se sont enrichies d’une flore plus variée, avec moins de parasitisme autant chez les brebis que chez les vaches. » En plus de cela, les refus des brebis sont broutés par les bovins, une manière naturelle de nettoyer la parcelle. Seule vigilance, « il ne faut pas mettre les brebis lorsque les veaux sont au nourrisseur sinon elles y vont aussi ».

Gérer l’abreuvement avec la sécheresse

À son installation, Laurence comptait sur la Somme, petit cours d’eau qui ruisselle en contrebas de son exploitation, pour l’abreuvement de ses brebis. Un puits est également présent sur la ferme mais le premier comme le second se sont rapidement retrouvés à sec dès la première sécheresse. « Je ne dispose que d’une tonne à eau, que je transporte en tracteur d’un pré à l’autre. Quelle perte de temps et d’énergie ! ». Elle décide, avec l’aide de son voisin bricoleur, de raccorder les abreuvoirs de ses prairies au réseau public. « C’est une chance que j’avais, le réseau existant passe à proximité de mes parcelles et je dispose de quatre compteurs sur mon exploitation. Je suis donc repartie de cela pour créer une arrivée d’eau sur chaque parcelle ». Il ne lui en faut pas plus pour se mettre à l’ouvrage et tirer des tuyaux à travers ses haies jusqu’aux abreuvoirs. Des mesures indispensables, sachant que la consommation en eau de la brebis et de l’agneau peut respectivement atteindre 9 et 4 litres par kilo de matière sèche ingérée.

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