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Remise en forme pendant la gestation

Les besoins énergétiques et azotés sont importants en fin de gestation alors que la capacité d’ingestion diminue. Tout en produisant des agneaux viables, les brebis doivent reconstituer leurs réserves corporelles.

Pendant les cinq mois de gestation de la brebis, il faut éviter les variations brutales d’alimentation et les stress. D’un point de vue nutritionnel, on peut distinguer deux grandes périodes : de 0 à 100 jours de gestation durant laquelle les besoins de gestation sont quasiment nuls ; de 100 jours à la veille de la mise bas, durant laquelle les besoins de gestation doivent être pris en compte pour le calcul de la ration.

Les 100 premiers jours

Les besoins liés au développement du ou des fœtus sont très modestes les 100 premiers jours ; c’est la période au cours de laquelle il est possible de terminer la reconstitution des réserves corporelles. En fonction de l’état des brebis, pour récupérer 1 point de NEC (note d’état corporel) en 100 jours, il faudrait distribuer environ 320 g d’orge ou 290 g de maïs, par jour et par brebis. Cela devrait permettre aux brebis d’atteindre la note d’état corporel (NEC) objectif de 3 à 3,5 au moment de la mise bas. Pour la croissance des agnelles précoces (mise bas à un an), les mêmes quantités peuvent être distribuées car elles correspondent environ à un gain de poids vif de 100 g/j. Pour une agnelle Lacaune qui ferait 47-50 kg à l’IA, un tel niveau de distribution lui permettrait d’atteindre un poids de 57-60 kg à 100 jours de gestation, ce qui correspond globalement au poids qu’elle fera après la mise bas.

Pendant cette période, un trop fort engraissement ou amaigrissement est à éviter car cela peut avoir des répercussions plus ou moins fortes sur le développement des différents organes du ou des fœtus et sur leurs performances ultérieures.

Après 100 jours de gestation

Les besoins de gestation s’accroissent rapidement du fait du développement rapide du ou des fœtus. Après 100 jours de gestation, l’énergie et les protéines ingérées sont principalement destinées au (x) fœtus. Cela va contribuer au poids de naissance des agneaux, à la synthèse du colostrum (dernière semaine), à la préparation de la mamelle et à la synthèse du lait. La qualité et la quantité de colostrum sont fortement influencées par la qualité de la ration distribuée durant cette période de fin de gestation. Bien alimenter les brebis durant cette phase est donc primordial.

Pendant cette période, il faudra utiliser les mêmes fourrages et aliments concentrés qui seront distribués pendant la phase de lactation pour éviter des transitions brutales. En toute fin de gestation (4-5 jours avant la mise bas), la capacité d’ingestion baisse. Il faut alors privilégier des fourrages peu encombrants et une ration riche en protéines afin de limiter une forte mobilisation des réserves corporelles. Cette mobilisation des réserves peut parfois entraîner une toxémie de gestation. Par ailleurs, il est conseillé d’apporter des sources d’azote protégé (tourteaux tannés) car la fourniture de protéines via la synthèse microbienne sera insuffisante en fin de gestation du fait de l’ingestion limitée.

La fin de gestation est une période critique au cours de laquelle l’alimentation doit être bien surveillée. Sous-alimenter les brebis à cette période (surtout celles avec une portée multiple) comporte plusieurs risques : une diminution du poids de la brebis et une mobilisation des réserves corporelles, avec un risque accru de toxémie de gestation, une baisse possible de poids des agneaux, un colostrum moins abondant et moins riche amenant un risque plus élevé de mortalité des jeunes, une production laitière plus faible.

À l’inverse, une suralimentation au-delà de 20 % des besoins va entraîner une augmentation du poids des agneaux avec des difficultés de mise bas, mais relativement peu d’autres effets négatifs. Il est donc conseillé de ne pas sous-alimenter les brebis à cette période et de permettre plutôt une bonne alimentation grâce à des fourrages ingestibles, des aliments concentrés et des minéraux adaptés.

L’astuce

L’échographie pour alloter

Les échographies permettent d’identifier les stades de gestation (les brebis pleines d’IA, pleines des premiers retours et les autres). Elles permettent aussi de déterminer le nombre d’agneaux portés, et donc de commencer à alloter et d’ajuster l’alimentation en fonction de ces deux critères. Avec ou sans échographie, l’allotement en fin de gestation reste judicieux, en constituant au moins deux lots : un lot de brebis qui mettront bas précocement et un lot de brebis qui mettront bas plus tardivement.

L’herbe pâturée apporte un tiers à 80 % des fourrages

Pendant le pâturage, l’éleveur doit maîtriser la pousse de l’herbe tout en couvrant les besoins du troupeau. La gestion du pâturage tournant ou du pâturage continu doit veiller à maintenir cet équilibre. Du fait des déplacements et éventuellement de la lutte contre le froid, les besoins augmentent et les apports énergétiques d’entretien doivent être augmentés d’environ de 10 à 20 %.

La gestion de l’herbe relève d’un compromis entre la quantité et la qualité : avec l’âge, la production d’herbe s’accroît alors que la qualité diminue rapidement. On peut cependant faucher pour écrêter le pic de croissance de l’herbe au printemps et parfois à l’automne ou faire pâturer en début de saison (déprimage) pour retarder et atténuer le pic de pousse de l’herbe et la floraison. Le report sur pied permet de pâturer certaines surfaces après la pousse. Enfin, il est possible d’implanter d’espèces différentes qui poussent mieux en hiver (RGI, mélanges type méteils) ou au contraire mieux en été : luzerne pure ou associée, graminées d’été (millet, moha, sorgho) en pur ou en mélange.

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