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L’Arménie, berceau de l’élevage ovin

C’est en Arménie qu’ont été domestiqués les premiers ancêtres des moutons. À travers son histoire riche et tumultueuse, ce petit pays caucasien a fait perdurer un élevage ovin traditionnel.

10 000 ans avant Jésus-Christ. La France, que l’on n’appelle même pas encore la Gaule, est peuplée de chasseurs-cueilleurs. Ailleurs, dans ce qui deviendra plus tard le Caucase, les premiers hommes ont domestiqué le mouflon, l’ancêtre du mouton domestique. Au fil des siècles et des invasions successives, celui-ci finira par arriver en Europe.

L’Arménie est un petit pays de 30 000 km², l’équivalent de la Belgique, pour une population de trois millions de personnes. La moitié d’entre eux habitent à Yerevan (Erevan en français), la capitale. Bien que de petite taille, l’Arménie présente une variété impressionnante de paysages.

Un pays montagneux, à 1 000 mètres d’altitude

Blotti au cœur du Caucase, l’Arménie avoisine les 1 000 mètres d’altitude en moyenne. Dans certaines zones, les terres sont quasi désertiques, sans arbres, comme dans le Marz de Shirak. Dans d’autres, on se croirait facilement dans le Massif central ou les Vosges, avec des vallées bien vertes peuplées d’ovins mais surtout de bovins, comme dans le Marz de Tavush.

Le vingtième siècle n’a pas épargné les Arméniens. Dès 1915, les Turcs ont envoyé à la mort plus d’un million de personnes. Une bonne partie des survivants sont partis, créant une diaspora arménienne considérable. Les experts estiment qu’elle compte 10 millions de personnes contre seulement trois millions d’habitants au sein même de la République.

Les difficultés se sont poursuivies avec l’annexion par l’URSS dans les années 1920.

Coincée entre la Turquie et l’Azerbaïdjan turcophone, deux voisins qui ne lui veulent pas que du bien, la patrie de Charles Aznavour a proclamé son indépendance en 1991.

Notre célèbre crooner était d’origine arménienne et chacun de ses retours au pays ressemblait plus à l’arrivée du Président des États-Unis qu’à celui d’un chanteur de variétés.

15-20 moutons et trois vaches

Les cultures, céréales et maraîchage, sont concentrées dans les zones les plus favorables comme la plaine de l’Ararat où coule l’Araxe, faisant la frontière avec la Turquie et, dit-on, celle entre l’Europe et l’Asie.

Comme dans beaucoup de pays, on retrouve en Arménie une immense majorité de petits paysans avec 15-20 moutons et trois vaches qui font vivre toute la famille. La race la plus largement répandue est appelée Mazekh. Sa production est faible, avec une prolificité autour d’un et des agneaux abattus vers six mois et un agnelage par an, au printemps. Comme beaucoup de races d’Afrique et du Proche et Moyen-Orient, la Mazekh stocke de la graisse autour de la base de la queue, comme les chameaux dans leurs deux bosses. La race est dite « à queue grasse ».

L’alimentation des animaux en hiver dépend du potentiel fourrager de l’exploitation. La plupart des petits éleveurs nourrissent les animaux avec du foin et de la paille de mauvaise qualité. Certains peuvent distribuer de la luzerne qui peut être de bonne qualité.

Les animaux pâturent les montagnes tout l’été, y compris pendant les périodes sèches où l’herbe se fait rare et parcourent de nombreux kilomètres.

Des éleveurs livrés à eux-mêmes

Les principaux débouchés pour les agneaux se trouvent à l’export dans les pays musulmans voisins. En 2021, pas moins de 1, 2 million d’agneaux ont été envoyés vers le Qatar, les Émirats arabes unis ou encore l’Arabie saoudite. Faut-il rappeler que l’Arménie est un pays chrétien, le premier à avoir reconnu le christianisme comme religion d’État au quatrième siècle, et où la consommation d’agneaux est assez faible.

L’organisation collective en agriculture est quasi inexistante dans le pays où les éleveurs doivent se débrouiller seuls et les rares conseils sont apportés par les vétérinaires.

Quant à la formation, elle repose pour l’essentiel sur l’université agraire d’Erevan qui forme des diplômés de niveau universitaire. Tout reste à construire pour l’enseignement initial et continu des fondamentaux agricoles auprès des éleveurs.

Les cinq races ovines principales d’Arménie

Résultat d’une sélection folklorique, le mouton Mazekh est de couleur brun clair à noir. Sa laine grossière est grossière. Le bélier pèse entre 80 et 100 kg, les brebis entre 55 et 70 kg. Les agneaux naissent avec un poids de 4 à 6 kg. Pour 100 brebis, il faut compter 115-120 agneaux chaque année.

Semblable à Mazekh, le mouton Balbas est blanc, avec une laine semi-grossière et irremplaçable dans le tissage des tapis. La production lainière des béliers se situe entre 3 et 3,5 kg tandis que les brebis produisent 2,8 à 3 kg de laine. Le nombre d’agneaux nés pour 100 brebis varie de 120 à 130 par an. On observe jusqu’à 200 kg de lait à la traite chez les brebis individuelles.

Le mouton Bozakh est une race à viande et laine et cette dernière a une teinte spécifique gris-jaune. Le poids vif est faible mais la maturité est précoce. La viande a un goût spécifique, il y a des dépôts de graisse dans les espaces musculaires. Le poids vif des béliers est de 60-65 kg, celui des brebis de 40-45 kg. Le poids de la laine est de 2-2,5 kg. Le nombre d’agneaux nés de 100 brebis est de 115 par an.

Le mouton Karabakh est similaire au Bozakh en poids vif, avec d’autres indicateurs, mais la laine est abondante avec des poils morts et secs.

La brebis arménienne semi-rude (de type Aragats ou de type Martuni), est la race mixte viande-lait-laine locale par excellence. Le poids vif des béliers est de 85-90 kg, les béliers individuels peuvent atteindre 115 kg, les brebis sont plus légères, soit 50-55 kg, (brebis individuelles : jusqu’à 72 kg). Pour les brebis de type Aragats, la laine est blanche, de type semi-fine.

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