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Laine
« Lanaland » réinvente la laine et ses usages

Eleveurs, organisations professionnelles, artisans d’art, chercheurs… les partenaires du programme de recherche « Lanaland » se sont retrouvés le 19 mai à Bayonne pour présenter études et nouveaux produits et usages de la laine.

Cela fait plusieurs années que le secteur lainier est en crise. Bradée voire abandonnée, la laine reste sur les bras des éleveurs de brebis qui ne savent plus qu’en faire. Quelques passionnés ont essayé de relever le défi de la valorisation textile à partir de laine de manech, sans doute la plus difficile à travailler. Ils ont pour nom Iletegia, La Manech, Traille, Tokilia ou Dema et proposent de véritables créations, ou renouvellent les métiers du rembourrage. Mais l’utilisation de la laine devrait profondément changer dans les prochaines années, dans le monde de demain qui devra produire naturel, biodégradable, local et réduire ses déchets et ses impacts climatiques. C’est tout l’enjeu du programme de recherche et développement « Lanaland » démarré en 2020 dans le cadre des programmes transfrontaliers Poctefa.

La Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques a surtout travaillé autour des usages agricoles de la laine, qu’il s’agisse du compostage ou de la fabrication d’engrais. Les essais de compostage, avec la participation des éleveurs de la commune d’Hasparren et de la CUMA Agricompost, ont montré que l’on pouvait composter la laine, entière ou coupée, avec ou sans adjonction de déchets verts, et hygiéniser le produit grâce à la montée en température du compost (plus de 70°C pendant plusieurs jours). Le statut règlementaire de la laine, un « sous produit animal de classe 3 », nécessite un agrément sanitaire de la DDPP, encore hypothétique à cette date. Le compostage est techniquement réalisable, au niveau individuel des exploitations ou en plateforme collective, et ce à des coûts limités.

François Touchaleaume, de Montpellier SupAgro, a réalisé les études de test pour la fabrication de granulés d’engrais à base de laine par broyage-pressage. De tels granulés sont déjà proposés sur le marché, avec des produits compris entre 30 et 50 euros pour cinq kilos en jardinerie ou sur internet. La valeur fertilisante se situe autour de 12 (N)-2 (P)-8 (K), avec des oligoéléments d’intérêt comme le soufre. Une des principales qualités mesurées réside dans le pouvoir de rétention d’eau du granulé. La CCI a évalué la possibilité de produire des granulés à un coût d’environ un euro par kilo, avec une chaîne de production autour de 150 000 euros. Plusieurs entités ont manifesté leur intérêt. Un ou des projets qui restent suspendu à un agrément sanitaire à acquérir.  

L’université de Pau a travaillé sur le lavage des laines, une étape indispensable pour tous les usages textiles ou fibres. Une nouvelle technique par  ultrason existe, mais peut entraîner la dégradation des fibres. Le biolavage semble davantage prometteur, grâce à l’utilisation d’enzymes et de microorganismes. Les chercheurs se sont donc intéressés au microbiote (l’ensemble des microorganismes présents) de la laine pyrénéenne, lequel présente une grande variabilité d’un animal à l’autre. Les travaux en cours doivent permettre d’isoler les microorganismes dégradant les lipides de la laine.

Ekolber, une start-up implantée à Bergara, dans le pays basque espagnol, s’intéresse à la substitution des plastiques par les matériaux biodégradables. Le service R&D a travaillé sur la mise au point d’un ruban de balisage, composé de collagène et de 20 % de laine sous différents formats. L’Université Publique du Pays basque a étudié l’adjonction de 10 % de laine à des fils 3D, c'est-à-dire les rouleaux de filaments utilisés pour alimenter les imprimantes 3D.

Les exemples de valorisation de la laine présentés lors de ces journées montrent bien l’étendue des usages possibles, et l’appétence grandissante du monde industriel pour des produits à faible empreinte environnementale. Il nous faut accepter que la laine ne soit plus seulement un textile, mais qu’elle devienne un matériau industriel propre ou un engrais de qualité.

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