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À la recherche des connaissances pastorales

Se fédérer est une chose, mais sans connaissances à partager, la dynamique risque de tourner court. C’est pourquoi de nombreuses initiatives voient le jour pour collecter les savoirs des bergers.

Les documents liés au pastoralisme et à la transhumance ont souvent été conservés en France au moins, comme le montre la collection impressionnante de la Maison de la Transhumance basée à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Plus de 1 000 livres et des milliers d’autres supports relatant l’épopée des bergers à travers l’Histoire peuvent être consultés sur place. Un fonctionnement qui ne satisfait pas forcément ceux qui sont géographiquement éloignés. « Un tel ensemble de savoir est une aubaine pour la recherche pastorale, mais nous avons besoin d’un accès facilité à ces ressources », commente Martine Wolff, chercheuse universitaire en Albanie. Ces archives présentent un vrai intérêt patrimonial et pourraient servir de base pour résoudre des problématiques dans d’autres pays. « Les bergers transhumants albanais rencontrent beaucoup d’obstacles dans la pratique, poursuit la chercheuse. La tradition pastorale y est pourtant très forte mais les bergers n’ont pas de statut social et sont pour l’immense majorité dans des situations très précaires ». Pourtant, le rôle de ces derniers est reconnu comme essentiel dans le tissu social des campagnes. « Le métier est très hiérarchisé, il existe toujours des familles entières de bergers. Mais l’Albanie peine à gérer les transhumances et se sent isolée sur ce sujet », termine Martine Wolff.

Une plateforme mondiale de connaissances pastorales

Pour tenter de remédier à l’isolation des pays et des bergers sur la question de la transhumance et du pastoralisme, la FAO (branche de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture) a mis en place une plateforme dédiée aux connaissances pastorales à travers le monde. « C’est un outil important au niveau mondial à disposition des bergers pour que leurs voix soient entendues », décrit Serena Ferrari, chargée de mission à la FAO. Cette plateforme centralise et met à jour les connaissances du milieu pastoral avec l’accès à de nombreuses études internationales sur la gestion des zones de pâturage, sur les modes de vie des bergers, etc.

Les bergers, éléments incontournables de nos sociétés

Avec les évolutions climatiques et géopolitiques, les acteurs du pastoralisme mondial auront de plus en plus besoin de faire entendre leur voix. Pérenniser les routes de transhumance et maintenir les populations nomades qui vivent du pastoralisme itinérant sont des enjeux forts pour le monde de demain. En Europe, les services sociétaux et environnementaux rendus par les bergers et les troupeaux qu’ils guident sont de plus en plus valorisés. Entretien des espaces naturels, lutte contre les incendies et contre l’embroussaillement, les bergers reprennent petit à petit la place qui leur est due dans la société. Et les routes de transhumance intéressent historiens, agronomes et municipalités qui voient là un attrait touristique. La réouverture de la Routo en est un exemple frappant. Une collaboration inédite entre Français et Italiens conduira à la restauration en 2021 de la mythique voie de transhumance transalpine, de la basse Provence au Piémont italien. Les randonneurs pourront ainsi marcher dans les pas de nos ancêtres. Reste à ce que l’espace soit bien géré pour fluidifier les relations entre vacanciers, troupeaux et bergers.

Le saviez-vous ?

Recensement des surfaces pastorales

L’Irstea (Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, fusionnée depuis avec Inrae), la Fédération d’alpages de l’Isère et le Cerpam ont recensé sur la période 2012 à 2014 les surfaces pastorales dans les Alpes françaises et plus largement en Auvergne Rhône-Alpes et en région Paca. Les modes d’utilisation et le type d’utilisateurs (éleveurs, bergers, groupements pastoraux, etc.) sont également recensés. Cette enquête, déclinée en carte interactive, permet de mieux appréhender la situation des espaces pastoraux qui sont catégorisés soit en unité pastorale, généralement utilisée par un seul gestionnaire, soit en zone pastorale, qui n’est pas forcément dédiée qu’à l’activité d’estive et qui peut être utilisée par plusieurs gestionnaires.

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