La laine fraîche et locale fédère
Des éleveurs se regroupent et créent des partenariats avec des professionnels de la filière pour gagner en visibilité, en souplesse et en moyen.
Des éleveurs se regroupent et créent des partenariats avec des professionnels de la filière pour gagner en visibilité, en souplesse et en moyen.
Lot - La Caussenarde tisse du savoir-faire
À Livernon dans le Lot, au cœur des Causses du Quercy, l’association La Caussenarde-Laine du Lot a vu le jour il y a tout juste 20 ans. Les éleveurs ovins et les bénévoles « lainophiles » qui la constituent ont pour objectif la valorisation de la laine locale en remontant une filière, celle-ci ayant périclité en 1976. L’association souhaite sauvegarder les valeurs du patrimoine de la laine, l’histoire du territoire liée à la laine et les métiers qui entourent cette matière première. « Nous faisons la tonte et le tri de la laine ensemble, éleveurs et bénévoles, explique Pierre Reveillac, éleveur de brebis caussenardes. Cela permet aux plus expérimentés de transmettre leur savoir-faire aux débutants et perpétuer ainsi la tradition. » À l’heure actuelle, l’association compte trois éleveurs dans ses rangs pour un cheptel de 300 brebis, toutes des Caussenardes du Lot. « La laine des Caussenardes est très gonflante et solide, on l’utilise principalement pour le rembourrage de matelas, d’oreillers, de couettes ou pour la tapisserie. Dans le temps, les Japonais en importaient beaucoup pour fabriquer leurs futons », détaille Pierre Reveillac. Et, fait assez rare pour être souligné, cette laine a une mémoire de forme, d’où son utilisation préférentielle pour la literie. Environ un tiers de la laine est suffisamment fine et souple pour être filée et tissée. Ainsi, l’association vend aussi des vêtements (pulls, vestes, etc.). D’où l’importance de mutualiser les productions de chaque éleveur, cela permet d’avoir plus de laine de chaque type. Les éleveurs ont également l’opportunité de développer ensemble leurs réseaux de commercialisation et possèdent les mêmes supports de communication et peuvent plus facilement être présents sur les manifestations, salons, foires et marchés. « L’association a pour principe de valoriser au maximum les savoir-faire locaux. Pour le filage, le feutrage, la teinture et la réalisation des couvertures piquées et autres produits que nous commercialisons, nous faisons appel à des artisans du Lot qui travaillent à façon. Nous avons ainsi recours à une couturière, un matelassier, etc. », témoigne une bénévole de La Caussenard-Laine du Lot. L’association travaille dorénavant avec le parc naturel régional des Causses du Quercy et donne des conférences sur l’utilisation de la laine. « Il ne faut pas oublier notre motivation initiale, reprend Pierre Reveillac. Nous voulions que les éleveurs ne voient plus la laine comme une charge mais comme une production valorisable. Dans un premier temps, il possible de parvenir à payer le chantier de tonte et d’avoir en plus un petit gain. » Les éleveurs qui vendent leur laine par le biais de l’association parviennent aujourd’hui à la valoriser autour de cinq euros le kilo brut.
Normandie - Laines à l’Ouest ne perd pas le nord
Éleveuse de brebis avranchines dans les prés-salés du Cotentin, Stéphanie Maubé a voulu mettre en place une dynamique locale autour de la laine. « Je m’étais rapprochée d’un éleveur breton qui valorisait lui-même la laine de ces brebis, se souvient l’éleveuse. Mais ce n’était pas possible pour moi d’un point de vue organisationnel, il fallait que ce soit collectif. » Aussitôt dit, presque aussitôt fait, l’association Laines à l’Ouest regroupe une dizaine d’éleveuses de Normandie. Les membres de l’association participent à la tonte et au tri de la laine, puis récupèrent leur laine lavée et filée. Ce sont ces mêmes éleveuses qui dessinent leurs produits et la laine finie en bonnet, moufle, ou encore peluche. Laines à l’Ouest est toujours à la recherche d’éleveurs qui pourraient fournir de la laine, sachant que l’association, bien ancrée territorialement, souhaite prendre en charge seulement de la laine de moutons avranchins, cotentins et roussins de la Hague. L’association est par ailleurs très active sur les réseaux sociaux, Facebook en particulier, pour d’une part informer des nouveautés et évènements touchant l’association et, d’autre part, pour communiquer auprès des éleveurs et des tondeurs et les sensibiliser au respect de la laine en amont pour une meilleure valorisation en aval. Sur le site internet de Laines à l’Ouest, les éleveuses ont mis un petit guide dessiné des bonnes pratiques lors de la tonte pour fournir une laine de la meilleure qualité possible.
Hautes-Alpes - Il n’y a que Longo Maï qui maille
Longo Maï, coopérative européenne artisanale et autogérée, possède plusieurs troupeaux ovins dont la viande mais aussi la laine sont valorisées. La filature de Chantemerle à Serre-Chevalier dans les Hautes-Alpes fonctionne depuis 1978 et transforme la laine de la coopérative mais également la laine issue d’autres élevages locaux. Toute la production est commercialisée en vente directe. La marque de fabrique de la filature de Chantemerle, c’est l’absence de teinture et la composition en pure laine de tous les produits. La filature produit surtout des vêtements, mais aussi couvertures et couettes et des pelotes pour les amateurs de tricot. Petit plus écologique pour cette filature, les machines fonctionnent grâce à l’énergie hydraulique fournie par une turbine, elle-même placée dans la rivière Guisane qui s’écoule à proximité. Toutes les étapes, du lavage au tricotage, ont lieu sur place et la filature travaille environ 12 tonnes de laine par an.