Des entreprises qui défrisent
Peu présentes sur le territoire français, les entreprises pouvant transformer des volumes plus importants de laine sont néanmoins indispensables pour la survie de la filière.
Peu présentes sur le territoire français, les entreprises pouvant transformer des volumes plus importants de laine sont néanmoins indispensables pour la survie de la filière.
Travailler ensemble la laine dans tous ses états
L’association Pôle Laine du pays de Saugues est le résultat de la fusion de deux entités de Haute-Loire : l’atelier de la Bruyère, qui produit principalement du feutre et Laurent Laine, filature et unité de lavage de la laine. L’atelier de la Bruyère emploie du personnel en réinsertion sociale. « Nous apprenons à nos salariés la confection d’objets en feutre, principalement des chaussons et de semelles, explique Bruno Dépalle, président. Cela permet de conserver un savoir-faire, de dynamiser la filière laine tout en faisant de l’action sociale. » Alors que l’association a démarré avec seulement trois éleveurs, elle en compte aujourd’hui une dizaine dans ses rangs. La naissance de l’association a par ailleurs permis de pérenniser l’activité de l’unité de lavage qui avait alors cessé de fonctionner et qui a redémarré en juin 2018. Les laines utilisées proviennent de trois races locales de brebis : la Blanche du Massif central, la Bizet et la Noire du Velay. L’association a à cœur de garantir la traçabilité de la matière première, le client est assuré d’acheter un produit 100 % français et local. « Les gens sont demandeurs de ce type de produit aujourd’hui, confie Bruno Dépalle, lui-même ancien éleveur ovin. La qualité est là et les clients peuvent prendre connaissance de l’origine de la laine, de comment sont élevés les animaux, comment est fabriqué le produit… Ce lien est très important aujourd’hui. »
Filature Terrade : un siècle de savoir-faire
La filature Terrade est une entreprise familiale qui se transmet de génération en génération depuis 1912. Située au cœur de la Creuse, à Felletin et proche d’Aubusson, capitale de la tapisserie, elle développe un savoir-faire autour des fibres textiles animales et végétales. Angora, vigogne, mohair, laine de bambou, de nombreuses et parfois incroyables matières premières passent par les cardes et rouets de l’entreprise creusoise. La laine ovine reste cependant son activité principale qui représente 80 % de la production de la filature. La filature travaille soit en propre, c’est-à-dire qu’elle achète la laine aux éleveurs, principalement français, et la vend en pelote ou écheveau teintés ou non, soit à façon, suivant le cahier des charges de chaque client. « L’approvisionnement n’est pas très difficile, il y a beaucoup de disponibilités de laine française si on cherche un peu, explique Thierry Terrade, codirigeant de la filature. Il y a de plus en plus de demandes pour le travail à façon, signe que la filière se dynamise. Nous essayons de diversifier les races de brebis dont nous travaillons la laine, car chacune a sa spécificité et une utilisation particulière. » Les laines les plus douces et les plus fines vont être destinées au tricotage pour réaliser vêtements et bonnets qui seront en contact avec la peau. Les laines plus grossières seront davantage utilisées pour la tapisserie ou l’isolation. Pour un kilo de laine lavée, l’éleveur sera payé en moyenne 5,50 euros pour de la laine standard et jusqu’à 10 euros pour de la laine mérinos.
Les leaders du mouton tissent aussi
La maison Ashford, créée en 1934 par Walter Ashford à Milton en Nouvelle-Zélande, fabrique et commercialise une offre très large de matériel et outils de travail de la laine. L’ensemble de la gamme est entièrement conçu en hêtre néo-zélandais issu de forêts responsables. Les métiers à tisser, rouets et autres cardeuses ont mis un pied en France et sont distribués par Artifilum, une entreprise spécialisée dans les métiers de la laine également, située dans les Vosges. Kate Sherratt, responsable produits pour Ashford, développe : « la demande en outils pour la laine a beaucoup augmenté ces dix dernières années en France. Nos produits sont adaptés pour les artisans et les particuliers puisqu’il s’agit d’outils entièrement en bois et leur fonctionnement est uniquement manuel, cela permet beaucoup de liberté et de création de la part de l’utilisateur. »