Ode à la luzerne en Champagne
Les coopératives de déshydratation de la luzerne ont invité politiques et producteurs pour réaffirmer les nombreux atouts de la légumineuse.
Une véritable ode à la luzerne ! Le deuxième symposium sur la luzerne qui s’est tenu en début d’année à Châlons-en-Champagne dans la Marne rappelait l’intérêt de la légumineuse pour l’agroécologie, l’emploi industriel dans les territoires, l’autonomie nationale en protéines végétales ou la qualité de l’alimentation. « La luzerne est une plante reconnue, c’est un symbole, un emblème dès que l’on parle d’agronomie, de protéines végétales sans OGM, de fertilisation des sols, de lutte contre l’érosion, de dynamique de biodiversité et bien sûr de préservation de la qualité de l’eau », résumait Éric Masset, le président de Luzerne de France, devant 1 200 personnes.
De l’azote sans émission de gaz à effet de serre
Christian Huygue, directeur scientifique agriculture de l’Inra, a expliqué le rôle des légumineuses fourragères pour répondre à une demande croissante de protéines durables. On observe en effet un lien fort entre le produit intérieur brut par habitant d’un pays et la part de protéines animale dans son alimentation. Or, en détaillant le cycle de l’azote, le directeur scientifique agriculture de l’Inrae montre que « ce cycle est poreux car il y a des pertes dans l’eau et dans l’air sous forme de protoxyde d’azote, un important gaz à effet de serre. Les grandes cultures et les prairies font entrer près de 100 millions de tonnes d’azote à travers de l’ammonitrate. » Pour répondre à ces enjeux, le scientifique rappelle le rôle de la luzerne dans la recherche de durabilité de l’agriculture. « La luzerne est la plante qui produite le plus de protéines végétales à l’hectare. Elle apporte de l’azote dans une rotation sans émission de protoxyde d’azote. En couvrant le sol, cette plante de service fait baisser la pression des adventices dans une rotation ».
Réduction des émissions de gaz carbonique
La filière luzerne est aussi en avance dans la réflexion sur le paiement des services environnementaux. Pour Carole Zakine, docteure en droit de l’environnement et directrice des affaires publiques bioline by invivo, « c’est un des moyens de démontrer que l’agriculture est une des solutions aux exigences de nos concitoyens ». En se faisant rémunérer d’environ 200 euros par hectare pour laisser des bandes de luzerne non fauchée, les producteurs de luzerne assurent la vie des abeilles et développent la biodiversité ordinaire.
Avec 67 000 hectares de luzerne dédiée à la déshydratation, les producteurs rappellent aussi qu’ils stockent davantage de carbone qu’ils n’en émettent. « Depuis l’an 2000, nous avons réduit nos émissions de gaz carbonique fossile des deux tiers pour chaque tonne de produit fini fabriqué », poursuit le président en évoquant les efforts de la filière pour sa transition énergétique et environnementale.