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« Nous réalisons 20 % d’économie en étudiant le choix des piquets de vigne »

Joseph Malfait, responsable des achats viticoles chez Moët Hennessy, travaille sur l’optimisation des coûts économiques et environnementaux du palissage. Il explique les leviers de rationalisation.

<em class="placeholder">Joseph Malfait dans les vignes de Champagne.</em>
Joseph Malfait est responsable des achats viticoles pour Moët Hennessy.
© C. de Nadaillac

Vous êtes en charge des achats pour les vignobles Moët Hennessy et avez mené une réflexion sur les économies dans le palissage. Comment avez-vous procédé ?

Joseph Malfait : Nous avons voulu laisser tous nos a priori de côté et explorer la totalité des voies d’économie en gardant en tête deux objectifs : continuer à répondre à nos besoins techniques et réduire le bilan carbone. La première réflexion a été de regarder si l’on pouvait entièrement supprimer le palissage. Cela obligerait à adopter une conduite en gobelet, et ce n’est pas pertinent pour les types de vins que nous souhaitons produire. Nous avons ensuite cherché à voir s’il y a une marge de manœuvre sur les différentes méthodes de palissage, la hauteur, etc. Mais on voit bien lors des années comme 2024 que malgré le changement climatique, nous ne pouvons pas véritablement révolutionner les surfaces foliaires exposées. In fine, le principal levier que nous avons identifié, c’est de jouer sur les types d’aciers, la galvanisation mais aussi les options du piquet.

En quoi les options du piquet sont une source d’économie ?

J. M. : Il y a presque autant de piquets que de vignerons. Puisqu’il est possible d’avoir du sur-mesure, on observe dans les vignes une myriade de variantes avec différents linguets et perçages. Or la personnalisation coûte plus cher. Le pire étant que toutes ces options ne sont pas utilisées la plupart du temps ! On a tendance à prendre le maximum, pour être serein, mais c’est rarement nécessaire. D’où l’intérêt de bien identifier son besoin : le nombre de fils et leurs hauteurs, par exemple, et de s’y tenir. Cela évite le perçage ou le linguet de trop. Sans oublier que la standardisation permet des économies d’échelle. Tout cela doit être réfléchi en fonction de son itinéraire technique. Dans notre cas, nous avons gardé l’option des linguets renforcés car ils sont plus résistants face à la mécanisation et évitent des manipulations de réparation sur le long terme.

Peut-on en dire autant pour les accessoires de palissage ?

J. M. : Bien entendu, il y a des marges pour réduire les supports, écarteurs, etc. qu’ils soient d’ailleurs en métal ou en plastique. Par exemple, dans les vignobles irrigués, on peut imaginer coupler les supports pour les tuyaux avec ceux des fils porteurs. Nous avons toutefois les écarteurs du haut à ressort, car même si cela représente un coût supplémentaire, cela réduit la pénibilité pour les travailleurs.

Vous avez également ajusté le type de piquet. Tous ne sont donc pas en adéquation avec les besoins ?

J. M. : Encore une fois, on a souvent tendance à se dire « qui peut le plus peut le moins ». Les cornières galvanisées, c’est solide. Elles peuvent tenir quatre-vingt-dix ans. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Un profilé qui tient une quarantaine d’années peut très bien être suffisant. Une cornière de 1,50 mètre représente 2,27 kilos d’acier, alors qu’un piquet profilé galvanisé pèse 1,62 kilo, soit 30 % de matière en moins. En vignes étroites, cela fait 1,5 tonne par hectare d’acier d’économisée et 2,7 tonnes par hectare de CO2 tout en gardant les mêmes caractéristiques techniques. De même, si l’on troque une galvanisation classique pour un revêtement Magnelis, on passe d’une épaisseur de zingage de 75 à 35 µm. Aussi nous utilisons ce revêtement sur toutes nos nouvelles plantations.

Quand on cumule toutes ces actions, cela peut représenter 20 % d’économies sur l’investissement en piquets. Attention toutefois à ne pas aller trop loin : nous avons par exemple testé sur une petite modalité des profilés de 1,8 millimètre d’épaisseur au lieu de 2 millimètres, beaucoup se sont tordus à l’enfoncement. De manière générale il faut aussi rester cohérent, prendre en compte les éléments comme la vigueur et le type de taille. Tout comme le type de sol. Si le terrain est très acide, la galvanisation à chaud reste une sécurité.

Et en ce qui concerne les fils de palissage ?

J. M. : Nous avons revu la section de fil, grâce à une étude menée avec CEP Consulting. Dorénavant nous utilisons du 2,2 en vignes étroites et 2,6 en vignes larges, avec des fils techniques comme le Bezinal ou le Vital pro XCarb. Une section 2,2 de ces derniers équivaut en résistance à une section 2,6 d’un fil galvanisé traditionnel. Même si la bobine de 25 kilos est plus chère, elle procure davantage de longueur. Au bout du compte, le fil technique revient 8 % moins cher.

Quel constat tirez­-vous des premières plantations ?

J. M. : À date il est encore difficile d’avoir un retour, nous tirerons les conclusions au fil des années. D’autant plus que nous testons de nouvelles solutions en permanence. Par exemple nous réalisons cette année un essai avec des tuteurs non pas en fer à béton mais en feuille d’acier roulée donnant une forme de tube. Ils s’enfoncent plus facilement en terre et sont plus légers, mais nous devons vérifier si c’est une bonne ou une fausse bonne idée, en passant par le terrain.

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