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« Nos brebis produisent plus mais deviennent moins rustiques »

Tout en améliorant leur autonomie en fourrage, Luc Mirman et Jérémie Valles expliquent comment ils ont augmenté la productivité de leurs brebis malgré les contraintes.

Luc Mirman et Jérémie Valles, éleveurs de brebis laitières bio en Lozère (450 brebis, 260 hectares)
Luc Mirman et Jérémie Valles, éleveurs de brebis laitières bio en Lozère (450 brebis, 260 hectares)
© GAEC Biofonts

« Le point fort de notre exploitation est que nous utilisons presque uniquement des fourrages (foin et enrubannage), et finalement il est possible de faire du lait en quantité avec très peu d’aliments achetés (4,5 tonnes de tourteau pour 450 brebis sur toute la saison de traite et 15 tonnes de luzerne déshydratée). Depuis trois ans, nous implantons du colza fourrager en interculture, et il pousse bien. Nous avons même pu en enrubanner en octobre 2022 tellement il y avait de quantité. La plante miracle de notre région reste tout de même la luzerne, dont les brebis raffolent et qui résiste bien en période de sécheresse. Elle permet une bonne production d’environ 350 litres par brebis, même si la luzerne ne donne pas de très bons taux protéique et butyreux.

Nous avons commencé l’affouragement en vert il y a cinq ans, suite à l’achat d’une faucheuse-récolteuse d’occasion. Ce changement d’alimentation a permis de diviser par deux la surface en pâturages. En effet, la machine permet une coupe nette de la plante, qui est entièrement consommée. Les brebis n’ont alors besoin que de 15 hectares au lieu de 30 destinés au pâturage. Avec moins d’énergie dépensée pour se déplacer (parcellaire très morcelé et éloigné de la bergerie), elles produisent plus. En revanche, les brebis deviennent de moins en moins rustiques. Avec le temps, nous avons du mal à remettre sur pieds une brebis malade, nous pouvons les considérer telles des formules 1, il ne faut pas que la machine s’enraye. De plus, nous devons traire de plus en plus tôt l’été afin qu’elles puissent pâturer quelques heures, avant que la température monte et qu’elles refusent de manger. C’est un système qui reste rémunérateur, mais pour s’en sortir on devient esclaves de nos bêtes. Ces contraintes posent problème pour trouver un salarié et encore plus à terme, pour transmettre l’exploitation. »

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