Planification écologique : quel effort de décarbonation demandé à l’agriculture d’ici à 2030 ?
Réuni par Elisabeth Borne le conseil national de la transition écologique a présenté hier les trajectoires cibles de décarbonation des différents secteurs d’activité, dont l’agriculture et l’alimentation, à l’horizon 2030.
Réuni par Elisabeth Borne le conseil national de la transition écologique a présenté hier les trajectoires cibles de décarbonation des différents secteurs d’activité, dont l’agriculture et l’alimentation, à l’horizon 2030.
Lors de la réunion du Conseil national de la transition écologique le 22 mai, Élisabeth Borne et son secrétariat de la Planification écologique ont présenté les grandes lignes d’un plan climat permettant de réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre de 138 Mt d’ici 2030. L’objectif : passer de 408 Mt d’émissions domestiques de gaz à effet de serre en 2022 à 270 Mt en 2030.
De fait, la marche est haute : il va falloir faire autant en huit ans que l'on a fait ces 32 années passées, prévient la Première ministre.
Le collectif gouvernemental est pleinement mobilisé pour faire avancer la planification écologique.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) May 22, 2023
Un plan d'action et des leviers seront identifiés, secteur par secteur, avec les ministères et les acteurs impliqués pour assurer la baisse des émissions de gaz à effet de serre. pic.twitter.com/09E01X1J9j
Quelle part demandée à l’agriculture ?
Pour le secteur agricole stricto sensu la cible provisoire est fixée en 2030 à 68 Mt de gaz à effet de serre, soit 13 Mt de moins qu’en 2022 (soit -16%). L’agriculture doit aussi faire mieux pour renforcer ses puits de carbone. Si on prend le secteur au sens large en intégrant notamment les machines agricoles, classées dans les transports par le secrétariat de planification écologique, l’effort est d’environ 25 Mt (soit 20% de l’effort national), calculent nos confrères d’Agrafil.
Dans le détail, le secrétariat à la planification écologique prévoit que la réduction des émissions de l’agriculture passe par :
- Une meilleure utilisation des engrais (- 6 Mt)
- Une réduction tendancielle de l’élevage et l’amélioration des pratiques (-5 Mt)
- Une moindre émission des machines agricoles (-2 Mt)
- Le développement des prairies (-4 Mt)
- L’application du zéro artificialisation nette (- 4 Mt)
- La couvertures des sols (- 1 Mt).
Huit leviers concrets identifiés
Afin d’atteindre ces objectifs, le secrétariat à la planification écologique propose un scénario d’évolution des systèmes agricoles affichant huit leviers concrets :
- La multiplication par trois (soit 3 millions d’hectares en plus) de couverts intermédiaires d’hiver ou la multiplication par deux des couverts intermédiaires d’été
- Le doublement des surfaces en agriculture bio (de 10,2% à 21% de la SAU)
- L’augmentation de 8 TWh (soit x8) de biogaz par méthanisation de Cive
- La plantation de 50 000 km linéaires de haies
- Le doublement des surfaces cultivées en légumineuses (soja, pois, fèves) soit +500 000 ha.
- La multiplication par 5 des surfaces de terres arables en agroforesterie pour atteindre 50 000 ha.
- Le triplement du volume de fumier ou lisier méthanisé chaque année (pour atteindre 2,9 Mt MS)
- La baisse de 15% de la consommation énergétique des tracteurs.
Une réunion prévue le 9 juin prochain
Afin de « sécuriser » ces leviers, une réunion sera organisée avec les acteurs du monde agricole et de l’alimentation le 9 juin prochain. En parallèle, Matignon poursuivra le travail engagé avec les collectivités « sur la méthodologie de territorialisation » de ce cadre de planification écologique.