Rémunération, retraite, statut : les agricultrices toujours victimes d’inégalités, selon Oxfam
Alors qu’est célébrée aujourd’hui la Journée internationale des droits des femmes, un rapport d’Oxfam, organisation féministe, intitulé « Agriculture : les inégalités sont dans le pré », pointe l’ampleur des inégalités de genre dans le monde agricole.
Alors qu’est célébrée aujourd’hui la Journée internationale des droits des femmes, un rapport d’Oxfam, organisation féministe, intitulé « Agriculture : les inégalités sont dans le pré », pointe l’ampleur des inégalités de genre dans le monde agricole.
En France métropolitaine, les femmes représentent 29 % des actifs permanents agricoles en 2020 contre 32 % en 2010. Elles sont, en général, plus âgées que leurs homologues masculins (52 ans en moyenne, et 87 % des agricultrices ont plus de 40 ans) selon un rapport d'Oxfam France qui pointe différentes inégalités. La rémunération des agricultrices est 29 % inférieure à celle des agriculteurs, soit un quart de plus que dans les autres secteurs, assure l'ONG.
À la retraite, les écarts de pension se creusent aussi : en 2020, la retraite moyenne d’une agricultrice était de 570 euros par mois contre 840 euros pour un agriculteur, soit une pension 32 % plus faible. Le rapport souligne : « On estime par ailleurs que 132 000 femmes d’exploitants n’ont pas de statut qui permette de visibiliser leur action directe ou indirecte sur l’exploitation, malgré leur rôle vital. Ces inégalités structurelles sont largement renforcées par des obstacles institutionnels, à commencer par le peu de données disponibles sur l’étendue des inégalités dont sont victimes les agricultrices ».
Des femmes très présentes en viticulture et maraîchage
Le rapport note par ailleurs que les agricultrices sont proportionnellement plus présentes dans certaines cultures parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique, comme la viticulture ou le maraîchage. Les inégalités (de revenu, d’accès au foncier, à l’investissement…) auxquelles elles font face aggravent leur vulnérabilité car cela affecte directement leur capacité d’adaptation. Il explique : « Pourtant, les femmes apparaissent comme davantage motrices dans la réponse au changement climatique. Les exploitations bio sont par exemple boostées par les femmes : elles gèrent un tiers des exploitations en bio alors qu’elles ne composent, pour tout le secteur, que 29 % des actifs permanents agricoles. Les exploitations gérées par des femmes sont aussi plus souvent tournées vers les circuits courts et la vente directe que celles gérées par des hommes ».
Tâches ménagères et charge mentale
Le rapport pointe aussi l’inégalité en ce qui concerne les tâches ménagères en expliquant que selon une étude de la Fnab (Fédération Nationale d'Agriculture Biologique) réalisée en 2019, 66 % des agricultrices bio en couple affirmaient prendre en charge la totalité ou presque des tâches ménagères. « À ces obligations domestiques est associée la charge mentale inégalement répartie et s’ajoutent les tâches quotidiennes, la comptabilité, la gestion administrative, la transformation et la vente » souligne le rapport. Par ailleurs, Oxfam, à partir du profil des agricultrices obtenu grâce aux données d’Agreste affirme pouvoir démontrer que les femmes sont pénalisées par les aides attribuées dans le cadre de la PAC, en croisant les données :
- Les aides se concentrent dans les exploitations céréalières, en bovin lait et viande et en polyculture élevage : exploitations où les femmes sont moins représentées que les hommes (25 % environ) ;
- L’effet d’accaparement des aides et des terres agricoles induit par la PAC creuse les inégalités de genre car les agricultrices sont beaucoup moins représentées dans les exploitations de grande culture industrielle.
Des pistes pour réduire les inégalités
Pour réduire les inégalités de genre dans le secteur agricole, Oxfam France appelle notamment à :
- Orienter le service de la statistique agricole Agreste vers la production de données genrées
- Tendre vers la parité des organisations agricoles, des instances décisionnaires, et du Ministère, en s’inspirant des quotas dans les conseils d’administration et les comités exécutif des grandes entreprises
- Réformer la Dotation Jeune Agriculteur afin que son attribution et son montant favorise l’installation des agricultrices, notamment
- Réaliser une analyse sensible au genre dans le cadre de la révision de la stratégie nationale