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Melon charentais : pourquoi les surfaces sont en baisse

La production et la consommation de melon charentais sont en diminution depuis quelques années. La filière fait face à un contexte climatique et économique peu favorable.

Référence estivale du rayon fruits et légumes, le melon charentais est plébiscité par les consommateurs français. Mais la filière fait face à des difficultés économiques. Le melon est un produit très météo-sensible, que ce soit en production ou à la consommation, et il est très souvent de fait en crise conjoncturelle : 22 jours en moyenne par an entre 2010 et 2020, un mois en 2023. Marchés instables, contraintes réglementaires, changement climatique… Ces problématiques entraînent une baisse des surfaces de melon charentais en France, mais aussi en Espagne et au Maroc. C’est dans ce contexte que s’est tenue début décembre la dernière journée nationale melon, coorganisée par le CTIFL, Légumes de France, l’Aneefel, le Gefel et l’Association interprofessionnelle du melon.

Des évolutions de production contrastées

« On observe une diminution des surfaces en France de l’ordre de -10 % par rapport à il y a dix ans, selon les données de l’Agreste », indique Matthieu Serrurier, du CTIFL (voir encadré). Le nombre d’exploitations produisant du melon est en franche baisse depuis cette période, -25 %. En parallèle, la surface moyenne par exploitation a augmenté de 20 %. « On compte environ 5 % de surfaces en bio et 4 % des surfaces sont sous serre ou abris hauts », précise le spécialiste du CTIFL. Les évolutions de production sont très contrastées selon les bassins de production.

En Centre-Ouest (régions Centre-Val de Loire, Pays de la Loire et ex-Poitou-Charentes), le niveau de production moyen sur les trois dernières années est en nette baisse par rapport à il y a dix ans, notamment en raison de l’arrêt de l’activité melon des deux opérateurs Rouge-Gorge et Soldive. Le Centre-Ouest contribue à 21 % de la production nationale, contre 34 % il y a dix ans. Dans le Sud-Ouest (ex-régions Midi-Pyrénées et Aquitaine), le niveau de production reste assez stable comparé à il y a dix ans, avec 22 % de la production nationale dans ce bassin. Enfin, dans le Sud-Est (PACA et ex-Languedoc-Roussillon), on observe un développement assez net de la production par rapport à il y a dix ans. Ce territoire représente 54 % de la production nationale, soit treize points de plus qu’il y a dix ans. C’est dans le Sud-Est qu’on retrouve la grande majorité des surfaces sous serre ou abris hauts, avec 400 hectares recensés aujourd’hui dans la zone.

L’offre française majoritaire de juillet à septembre

La France reste importatrice nette de melon : l’Espagne et Maroc sont les deux principales origines des importations françaises de melon charentais. Le calendrier de commercialisation est très concentré entre juin et septembre, mais la saison débute dès le mois de mars avec la présence du Maroc, plutôt en melon charentais vert. Puis, l’origine espagnole est bien présente dès le mois de mai. L’offre française devient majoritaire sur le marché de juillet à septembre, dont la part, calculée sur l’ensemble de l’année, s’établit à 62 % (-2 points par rapport à il y a dix ans). Les exportations françaises, en moyenne de 33 500 t entre 2020 et 2022, sont avant tout destinées à la Belgique et à la Suisse.

« On observe un effritement du volume d’achat ces dernières années, de l’ordre de -2 % par an depuis 2016 », note Matthieu Serrurier. Le prix moyen d’achat augmente de manière tendancielle, notamment depuis 2018, avec un pic atteint en 2022. « Dans ce contexte d’inflation, cette légère diminution du volume d’achat est une préoccupation, car le prix figure toujours parmi les deux critères de choix d’un acheteur de melon », souligne le Matthieu Serrurier. Enfin, si la taille de clientèle du melon reste très élevée, elle se montre en recul depuis 2020 avec 78 % de ménages acheteurs contre 80 % auparavant.

Une baisse des surfaces sous-estimée ?

Selon Jérôme Jausseran, président de Force Sud et responsable communication de l’Association interprofessionnelle du melon, les surfaces de melon en France seraient inférieures aux données issues de la statistique agricole annuelle officielle. « Le sujet des surfaces est complexe, particulièrement en melon, précise Matthieu Serrurier. Nous avons conscience du problème de la précision des données recueillies, qui peuvent avoir des biais ». Une chose est sûre, la tendance est à la baisse des surfaces plantées en melon depuis dix ans.

Deux dernières campagnes contrastées

Les deux dernières campagnes ont été à l’image de l’imprévisibilité de la culture : les années se suivent et ne se ressemblent pas, que ce soit en production ou à la distribution. « Avec des surfaces similaires et les mêmes calendriers de production et de plantation, nous avons connu deux saisons inverses, observe Jérôme Jausseran, président de Force Sud, lors de la table ronde qui regroupait des acteurs de l’amont et de l’aval de la filière. L’année 2022 a été marquée par une grosse crise dans la première partie de saison, à cause d’une arrivée très tardive de l’origine Espagne. Le marché s’est amélioré à partir du 14 juillet. En 2023, le début de saison a été plutôt satisfaisant sur le marché français. Mais la deuxième partie de saison a été très mauvaise, avec plus de 25 jours de crise conjoncturelle. Heureusement, le marché s’est relevé en septembre. »

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