Matière grasse laitière : un marché déconnecté de la protéine
La réhabilitation des matières grasses laitières a provoqué une flambée des cours en 2017-2018 et surtout une déconnexion inédite avec le marché des poudres maigres. Depuis, la situation s’est normalisée et l’écart estompé, mais les évolutions différenciées du beurre et de la protéine semble vouloir perdurer. Les marchés internationaux du beurre et de la crème (hors intra-UE) ne représentent que 11 % des échanges mondiaux de produits laitiers (respectivement 4,4 et 1 Md €), en raison d’excédents limités chez les principaux pays laitiers.
La France est déficitaire en matière grasse
Les exportations de beurre et de crème sont très largement dominées par la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne. L'UE n’est pourtant que le deuxième fabricant de beurre. Elle est loin derrière l’Inde qui produit la moitié des 11 millions de tonnes de beurre fabriquées dans le monde et fait preuve d’une très forte dynamique (+40 % en 10 ans) mais qui ne vend pas à l’extérieur. La Nouvelle-Zélande est en cinquième position, derrière le Pakistan et les États-Unis. L’UE domine en revanche la fabrication de crème (60 % des 4,6 Mt produites dans le monde).
« La Chine pèse de plus en plus lourd sur la demande », explique Mélanie Richard, directrice économie et filières du Cniel. Elle est devenue le deuxième importateur de beurre, au coude à coude avec la Russie. Elle est de loin le premier acheteur de crème avec plus de 40 % des volumes importés. La France, deuxième fabricant de beurre et crème de l’UE, est déficitaire en matière grasse et importatrice nette. Les fabrications de beurre stagnent (410 000 t/an) alors que les volumes de crème ont fortement progressé ces dernières années (710 000 t). La France exporte 22 % de ses fabrications de beurre et 31 % de ses volumes de crème mais importe majoritairement du beurre vrac en provenance de l’UE.