[Marchés] Les prix du colza plombés par le pétrole et le Covid-19
Le sort de la graine de colza, destiné pour les deux tiers à la fabrication de biodiesel en Europe, pâtit de la chute du prix du pétrole et du marasme économique provoqué par le coronavirus.
Le sort de la graine de colza, destiné pour les deux tiers à la fabrication de biodiesel en Europe, pâtit de la chute du prix du pétrole et du marasme économique provoqué par le coronavirus.
Le marché mondial des oléagineux est fortement touché par la chute du prix du pétrole, via le biodiesel. L’ensemble du complexe des graines à huile a suivi à la baisse le baril depuis le mois de janvier, avec une accélération fin février. Le 17 mars, le colza Fob Moselle retrouvait ainsi son niveau le plus bas depuis deux ans, à 339 euros la tonne. Avec environ les deux tiers des graines destinées au marché du biodiesel, le colza français (et plus généralement européen) est très connecté aux prix de l’or noir. « La demande industrielle en biocarburants, pénalisée par la chute du trafic routier, a pesé très fortement sur l’huile de colza, souligne Damien Jouen, analyste du marché des oléagineux chez Tallage/Stratégie Grains. Bien que son effet soit moindre, la demande alimentaire n’est pas à négliger non plus, car la baisse d’utilisation d’huile raffinée dans les plats préparés, du fait de la fermeture de la restauration hors domicile, renforce le phénomène baissier. »
Un petit rebond des prix… en sursis
Comme le reste du complexe oléagineux, les prix du colza ont profité début avril d’un accord sur la réduction de la production de pétrole décidée par la Russie et l’Arabie saoudite. Les perspectives de baisse de production d’huile de palme en Malaisie, conséquence des mesures de sécurité prises pour lutter contre le coronavirus, ont également apporté un peu de soutien. Dans un premier temps, la demande en tourteaux de soja a elle aussi aidé à limiter la casse. Les tourteaux ont en effet été appelés à la rescousse aux États-Unis pour compenser la baisse de disponibilité en drêches, conséquence de la claque de l’industrie de l’éthanol US. Cet effet a toutefois été rapidement contrebalancé par les perturbations de la filière viande aux États-Unis, synonyme d’une réduction de la demande en tourteaux dans les élevages.
Néanmoins, en cas d’impact dépressif durable du Covid-19 sur l’économie mondiale, les cours des oléagineux resteront sous pression par l’entremise du pétrole. Ce phénomène serait aggravé en cas de baisse de la consommation animale, négative pour le marché des tourteaux. Pour parachever le tableau, la perspective d’un accord entre la Chine et le Canada semble s’éloigner. Cela aurait permis de rediriger vers la Chine les flux de canola canadien qui se sont mis en place cette année à destination du Vieux Continent, faute d’accès au marché chinois.
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