[Marchés] Compte à rebours lancé pour l'orge de brasserie
Le bilan européen de l’orge brassicole était déjà excédentaire avant la pandémie. Le coronavirus aggrave la situation en faisant chuter la demande en bière de façon drastique.
Le bilan européen de l’orge brassicole était déjà excédentaire avant la pandémie. Le coronavirus aggrave la situation en faisant chuter la demande en bière de façon drastique.
Difficile d’imaginer pire scénario. Alors que le bilan européen d’orge brassicole s’annonçait lourd avant la pandémie, cette dernière vient amputer la demande. « En France, avec la fermeture des cafés, hôtels, restaurants et l’annulation des manifestations de printemps, le secteur de la brasserie se voit privé de 35 % de ses débouchés », explique Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France. L’effondrement des ventes pourrait même atteindre 80 % pour les microbrasseries. « Sur tous les continents, le marché de la brasserie est en déroute, des brasseurs et des malteurs ferment des usines dans le monde entier. C’est une vraie catastrophe qui influencera le marché des orges de brasserie jusqu’au producteur », prévient Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales.
Pour Julien Darley, directeur général de Granit Négoce (groupe Axéréal), « il est encore très difficile de faire des projections chiffrées sérieuses car un tel événement est inédit, tout dépendra de sa durée et de son intensité. L’industrie peut redémarrer du jour au lendemain, mais on ne sait pas comment la consommation va repartir quand la vie reprendra ». Dans son rapport d’avril dédié à ce marché, le cabinet d’analyse Tallage a coupé de 0,4 million de tonnes (Mt) la prévision de consommation d’orge par la malterie en Europe en 2019-2020, à 11 Mt, et de 1,2 Mt à l’échelle mondiale. « Nous sommes inquiets mais pas désespérés. Nous le serons si la saison n’a pas démarré au 15 juillet. Juin-août est une période décisive pour notre secteur », confie Maxime Costilhes.
La prime brassicole sous haute pression
Report de la récolte 2019 sur la campagne suivante, fléchage vers la consommation animale… Les perspectives sont inquiétantes pour l’orge brassicole. Surtout qu’en France, les conditions de semis très défavorables à l’automne ont conduit à une hausse des surfaces d’orge de printemps, estimée à 9 %. De quoi charger un peu plus la barque.
« La prime brassicole est mise sous pression, et cela va encore s’accentuer, estime Julien Darley. L’écart de prix entre l’orge fourragère et l’orge brassicole résiste mieux en nouvelle récolte, avec environ 13 euros la tonne à mi-avril, mais cela pourrait baisser si la météo est favorable aux cultures. » Seule une forte dégradation des potentiels de rendement à l’échelle mondiale ou une importante hausse des cours du blé tendre pourrait limiter la casse dans les mois à venir.
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