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Marchés de la volaille : des perspectives sombres pour 2021

Nan-Dirk Muller, expert des marchés des viandes de volaille chez Rabobank, prévoit une année 2021 difficile pour l’industrie mondiale de la volaille, y compris en Europe.

Expert des viandes à la banque d'affaires Rabobank, Nan-Dirk Mulder entrevoit plutôt un scénario catastrophe pour les marchés avicoles en 2021
© P. Le Douarin

Economiste à la banque d’affaires néerlandaise Rabobank, Nan-Dirk Mulder publie régulièrement ses analyses sur les perspectives des marchés avicoles. Celle qu’il a délivrée à la fin de l’année 2020 est pessimiste, car presque tous les clignotants sont au rouge pour ce premier semestre. Il n’envisage pas « une certaine reprise » avant le second semestre.

 

En effet, la pandémie de Covid-19 exercera encore une pression sur la restauration et le commerce, en retrait par rapport à 2019. Il souligne que la part des ventes en restauration varie d'environ 15% (Europe de l'Est) à 45- 50% (États-Unis, Asie).

En revanche, il remarque des différences de performance selon les pays et les entreprises. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France s’en sont mieux tirés que les pays exportateurs, grâce à la préférence des distributeurs et les consommateurs pour l’origine nationale, encouragée par les pouvoirs publics.

Les entreprises présentes sur le marché de la grande distribution s’en sortent mieux que celles plutôt orientées sur les circuits hors GMS (gros, export, RHD).

La mauvaise conjoncture économique va favoriser des conditions de marché tendues avec des consommateurs davantage axés sur le prix. Dans le même temps, les prix des aliments des volailles sont plus élevés et plus volatils, les marchés d’exportations se réduisent en Asie, l’offre mondiale est excédentaire, et l’influenza aviaire dans l’hémisphère nord devrait avoir un impact important, estime l’expert.

Pour traverser ce scénario catastrophe l'industrie avicole mondiale va devoir adopter une stratégie d'approvisionnement « très disciplinée », en se concentrant sur la maitrise de ses volumes et de ses coûts, d’autant que la demande restera volatile. C’est à cette condition qu’elle sortira plus vite de la tempête.

« L’excellence opérationnelle » sera essentielle résume Nan-Dirk Mulder. De plus, dans un contexte d’influenza aviaire, « cela nécessite une biosécurité et une planification maitrisées pour atténuer les risques potentiels. »

Un excédent à réduire en Europe

Quant à l'industrie avicole européenne, elle est confrontée à une offre excédentaire, avec une production en hausse et une consommation en baisse. Pour l'année 2020, Nan-Dirk Mulder prévoyait une consommation en baisse de 2,6%, avec des stocks à plus de 500 000 tonnes fin décembre. Il en résulte une pression sur le marché, avec des prix bas et des marges bien inférieures à la moyenne.

Les perspectives se sont détériorées en raison de la propagation de l'influenza aviaire. De ce fait, des restrictions à l'exportation devraient exercer une pression sur les prix européens de la viande rouge.

Pour le moment, seule une baisse significative de la production dans toute l'Europe serait le moyen de stabiliser les marchés et les marges. Les premiers signes sont visibles, avec une baisse de 4% des mises en place dans les sept premiers pays de production.

Si cette discipline se maintient, les prix devraient se redresser à partir d’avril-mai. Le grand espoir réside dans le déploiement du vaccin Covid-19, qui pourrait conduire à la levée des restrictions sur la restauration hors foyer.

Marchés internationaux en berne

Sur le plan international,  la réduction des importations asiatiques du fait de la reprise de la production porcine post Fièvre Porcine africaine va pousser les traders internationaux à se tourner vers d’autres marchés alternatifs.

Mais comme les volumes d’importations chinoises étaient importants et que les marchés de report sont toujours troublés par la Covid-19, ceci entraînera une baisse des volumes échangés et des prix, en particulier pour les cuisses.

L'effet dépressif sera d’autant plus fort que le nombre de pays potentiellement importateurs se réduit. Par exemple la Russie et l'Ukraine entrent dans le commerce mondial. Il faut donc s’attendre à une contraction significative des échanges en volume et encore plus en valeur.

 

L’influenza aviaire va secouer des marchés

Après quelques années de baisse, l'hémisphère nord subit une forte pression de l'influenza aviaire. Depuis octobre 2020, elle s'est répandue de la Russie et de l'Asie centrale à l'Europe occidentale et orientale et à l'Asie du nord-est. Le Japon et la Corée ont également enregistré de nombreux cas.

Presque tous les principaux producteurs d'Europe ont été touchés. En plus d'être des exportateurs de viande, certains d’entre eux (Allemagne, France, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni) sont d'importants exportateurs de reproducteurs, œufs à couver et poussins d’un jour.

 Certaines chaînes d'approvisionnement en Europe de l'Est, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique pourraient être perturbées, mais moins celles des pays acceptant la régionalisation des interdictions.

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