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Test comparatif : La remorque à tapis confrontée à la benne

Nous avons testé cet automne une benne face à une remorque à tapis. L’occasion de mettre à mal ou de conforter certains a priori sur ces remorques.

Il y a cinq ans, Joskin dévoilait à Agritechnica un système de déchargement original sur une remorque à tapis : la Drakkar.
À l’époque, en France, le seul système de déchargement alternatif au bennage était la remorque à fond poussant. Appréciée pour éviter les risques de renversement avec des grandes caisses, cette dernière présente certaines limites, comme les frottements le long des parois latérales et du fond de caisse qui imposent une force de poussée importante. L’idée de la Drakkar est simple : transporter de gros volumes tout en facilitant la vidange avec un fond qui accompagne la matière. Au plat pays, fief de Joskin, les entrepreneurs sont déjà des adeptes des remorques à déchargement à plat chaînes et barrettes. Pour l’ensilage, cela permet de décharger la matière dans les silos sans le risque de renverser. La Drakkar rajoute de la polyvalence avec un fond étanche, ce qui permet de l’utiliser pour les céréales, les plaquettes de bois… Nous avons voulu mettre à l’épreuve cette remorque à tapis et face avant accompagnatrice face à une benne classique comparable (Trans-Space) du même constructeur. Au programme : ensilage de maïs, betteraves et blé.

 

La Drakkar décharge à plat

L’originalité de la remorque de transport Drakkar tient dans son mode de déchargement. En effet, elle s’appuie sur une bande transporteuse sur tout le fond de caisse qui vient s’enrouler autour d’un tambour à l’arrière de la remorque, celui-ci étant animé par deux moteurs hydrauliques. Solidaire de ce tapis, la paroi frontale recule progressivement lors de la vidange. Une fois cette dernière réalisée, l’opérateur actionne le retour de la paroi frontale vers l’avant depuis le boîtier en cabine. Un moteur hydraulique frontal tracte une chaîne reliée à la paroi frontale, déroulant ainsi le tapis.

Étanche même avec les petites graines

Pour une bonne tenue, le tapis repose sur un plancher ondulé. Pour assurer l’étanchéité sur les bords du tapis, une lèvre en caoutchouc à la base de chacune des deux parois latérales plaque les bords de tapis contre le plancher entre chaque cycle. Celui-ci est par ailleurs régulièrement perforé pour, aidé d’un racloir à la base de la paroi frontale, éviter l’accumulation de détritus entre le tapis et le plancher. À l’arrière, à la base du tambour, un second racloir nettoie le tapis avant qu’il s’enroule.

D’une profondeur de 40 cm, la porte arrière offre une contenance d’environ 2 m3. Cette conception permet d’éliminer une partie de la charge en porte-à-faux dès le début de la vidange et donc le report de charge lorsque toute la matière restante est sur l’arrière de la remorque vers la fin de la vidange.

Cette porte s’ouvre par deux vérins double effet. Un capteur évite la mise en route du tapis lorsque la porte est fermée, mais l’autorise dès qu’elle est légèrement ouverte. D’ailleurs, des commandes à l’arrière de la remorque permettent d’actionner le tapis de l’extérieur. La remorque à l’essai est dotée des trois trappes à grain arrière, dont l’ouverture est centralisée à l’aide d’une manette : au besoin, il est possible de n’ouvrir qu’une ou deux trappes, en ôtant des axes sur les trappes que l’on souhaite maintenir fermées.

La gamme Drakkar se compose de dix modèles de forte capacité déclinés en côté de 1,50 ou 1,80 m de haut, auxquels peuvent se rajouter des rehausses mécaniques ou hydrauliques. La gamme culmine avec une caisse de 9,70 m de long offrant une capacité de 60 m3 avec les rehausses, quand la Trans-Space se limite à une caisse de 8,41 m (46 m3 avec rehausses) pour une question de stabilité lors de la vidange.

 

Vitesses de vidange : léger avantage à la benne

Au cours des essais à l’ensilage et au chantier de betteraves, nous avons pu prendre en main les deux remorques et la cinématique de vidange de la Drakkar. Une fois tout cela maîtrisé, nous avons chronométré les différentes phases de vidange.
Si on ne considère que la vidange proprement dite, la benne est clairement plus rapide avec une moyenne de 54 secondes, contre 65 secondes pour la Drakkar. Mais si on ajoute les temps d’ouverture de porte et surtout de remise en position de transport de la benne, les différences s’amenuisent. Et si les temps d’ouverture de porte étaient identiques entre les deux types de remorque, l’avantage serait même à la Drakkar.
Dans le cadre de ces mesures, nous avons volontairement fait abstraction du temps de remise en position du tapis, puisque cette dernière peut être réalisée lors du transport. Et un chauffeur expérimenté repartira plus rapidement plein gaz s’il ne lui reste qu’une porte à fermer (Drakkar) plutôt que s’il doit attendre l’abaissement de la caisse (Trans-Space).

 

Confection des tas de betteraves : match nul

Lors de la réalisation des tas de betteraves, le chauffeur cherche à confectionner des tas hauts mais pas trop larges pour que le déterreur puisse reprendre le tas en un seul passage. Avec une vitesse d’expulsion lente, la remorque à tapis permet de tels tas surtout si on continue à pousser sans avancer avec la benne. La majorité des betteraves sont au contraire expulsées avec de la vitesse, ce qui se traduit par des tas plus larges et moins hauts. Tout du moins au début, car si le convoi reste figé, le dernier quart du volume de betteraves vient essentiellement élever le tas sans l’élargir. Au final, les différences ne sont pas significatives.

Vidange à l’abri : moins de reprises de tas avec la remorque à tapis

Nous avons vidé les deux remorques dans un bâtiment de stockage à plat doté d’un auvent de 5 m de haut. Ce dégagement important ne suffit pourtant pas pour une vidange complète et rapide de la benne avec sa caisse de 7,68 m de long : le conducteur est obligé d’avancer pour terminer la vidange ce qui fait que le blé s’étale davantage vers l’avant. La possibilité de pousser complètement la récolte à l’aide de la paroi mobile génère un tas plus haut, plus compact et moins étalé vers l’avant. De ce fait, on peut faire l’impasse sur le relevage du tas avec un engin de manutention.

Sécurité : net avantage pour la remorque à tapis

De par sa conception, la vidange à plat est naturellement plus stable et donc sécuritaire. Le risque d’accrocher la charpente est très réduit dans les bâtiments et la vidange en dévers est plus facilement envisageable qu’avec une caisse perchée à près de 10 m de hauteur. C’est pourquoi, il est possible de monter sur le silo pour vider le chargement, facilitant le travail du tasseur.

Quant au porte-à-faux arrière (lors des manœuvres), l’avantage n’est pas à celui que l’on pourrait croire. Porte fermée et caisse abaissée, le porte-à-faux (distance entre l’essieu arrière et l’extrémité arrière de la remorque) est sensiblement identique entre les deux concepts. En revanche, lors de la vidange, si un rapide coup d’œil donne l’impression que la porte ouverte de la Drakkar génère un porte-à-faux important, les mesures prouvent que c’est la Trans-Space qui demande le plus de précautions. D’une part, le bennage recule la position de la porte : le porte-à-faux frôle les 5 m avec la benne, quand elle atteint à peine 3,15 m avec la remorque à tapis. D’autre part, le transfert de masses est plus important. Ceci est d’autant plus vrai que l’on transporte des matières collantes, dont est débarrassé le tapis grâce au racloir devant le tambour enrouleur.

Sur route : pas de différence notable

La conception assez proche des trains roulants et la répartition des masses équivalente au transport expliquent une impression de conduite très similaire entre les deux types de remorques. Essentiels avec une distance entre essieux de 1,80 m, les essieux arrière, suiveur sur la Trans-Space et directionnel forcé sur la Drakkar, rendent les remorques peu tirantes. Les marches arrière mettent en exergue l’essieu directeur (braquage plus court) par rapport à l’essieu suiveur, bloqué lors des manœuvres de recul. De même, le pilotage est plus simple avec un essieu directionnel forcé par rapport à l’essieu suiveur qui doit être bloqué par sécurité à vitesse élevée. Précisons cependant que ces deux constats ne sont aucunement liés au concept de vidange, mais à des options d’achat.

Charge utile : avantage à la benne

Les deux remorques mises en concurrence lors de cet essai offrent des volumétries comparables. La charge utile est cependant à l’avantage de la benne (22 t, contre 20 t pour la Drakkar). Cela se manifeste notamment sur la bascule, la Drakkar affichant 8,8 t à vide (avec les rehausse hydrauliques), contre 7,8 t pour la Trans-Space dépourvues de rehausses. Joskin précise que les Drakkar ont été volontairement surdimensionnées pour rassurer les acheteurs et faire connaître la technologie. À terme, les prochaines générations pourraient perdre des kilos superflus en optimisant le choix des matériaux et leur épaisseur, comme cela a déjà été réalisé sur les Trans-Space.

Ajoutons que la liste des matières transportées est plus restreinte sur la Drakkar, les pierres et la terre étant proscrites. En revanche, la largeur intérieure plus importante de la caisse et la possibilité de faire avancer ou reculer le tapis permettent d’envisager le chargement et le déchargement par l’arrière des balles cubiques ou de palettes, à condition que ces dernières n’aient pas de pointes qui risqueraient d’endommager le tapis.

Fiches descriptives

Châssis

Largeur : 900 mm

Dimensions : 300 x 100 x 10 mm

Train roulant : hydro-tandem, essieu arrière suiveur

Pneumatiques : Alliance A380 650/55R26.5

Caisse

Fond : 4 mm Hardox 400

Côtés : 4 mm HLE 550

Dimensions :

- Largeur avant : 2,18 m

- Largeur arrière : 2,26 m

- Longueur caisse en bas : 7,34 m

- Longueur caisse en haut : 7,68 m

- Hauteur côté : 1,50 m

- Volume DIN : 25,1 m3

- Hauteur du fond de caisse : 1,52 m

Charge utile : 22 t

Châssis

Largeur : 900 mm

Dimensions : 300 x 100 x 6 mm

Train roulant : hydro-tandem, essieu arrière directionnel forcé

Pneumatiques : Mitas Agriterra 710/50R26.5

Caisse

Fond : bande transporteuse sur plancher acier ajouré

Côtés : renforts en acier et panneaux en polyéthylène traité contre les UV (plexiglas sur la paroi avant mobile)

Dimensions :

- Largeur avant : 2,36 m

- Largeur arrière : 2,40 m

- Longueur caisse en bas : 7,30 m

- Longueur caisse en haut : 7,70 m

- Hauteur côté : 1,50 m (+ 0,50 m avec rehausses hydrauliques)

- Volume DIN : 27 m3 (+ 9,5 m3 avec rehausses hydrauliques)

- Hauteur du fond de caisse : 1,70 m

Charge utile : 20 t

Rédaction Réussir

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