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Six règles à respecter pour adapter un outil d’épandage sur une tonne à lisier

L’ajout d’un outil d’épandage sur une tonne à lisier est techniquement possible, mais la garantie d’un parfait fonctionnement dans toutes les conditions n’est pas toujours assurée.

1 – Vérifier la compatibilité avec le type d’effluent

Le bon fonctionnement d’un outil d’épandage repose sur le type d’effluent épandu. Avec du lisier de porc ou du digestat bien liquide, le résultat est garanti. En revanche, avec des lisiers pailleux de bovins ou de volailles chargés de plumes, les risques de bouchage sont réels. Dans ce cas, mieux vaut disposer d’un broyeur répartiteur performant et d’une pompe qui refoule le lisier depuis la tonne avec suffisamment de pression. « Un effluent dur à pomper sera également difficile à refouler et causera des soucis au moment de l’épandage », remarque François Solek, responsable export chez Joskin.

2 – Disposer de l’indispensable pré-équipement mécanique

Le pré-équipement mécanique pour accueillir un outil d’épandage est assez courant sur les tonnes à lisier de dernière génération. Il se compose de points de fixation sur le châssis ou la cuve, de conception différente en fonction de l’outil : rampe ou enfouisseur. Il comprend parfois des prédispositions pour l’alimentation hydraulique des fonctions de dépliage-repliage et l’animation du broyeur répartiteur. Le perçage et la réalisation de soudures sur le châssis ou la cuve sont légalement interdits puisqu’ils agissent sur la structure et la résistance de la tonne. Pour la fixation, Joskin se démarque avec ses rampes à pendillards Penditwist et à patins Pendislide Basic, s’adaptant sur le trou d’homme arrière, à condition qu’il mesure 650 mm de diamètre. Ces outils, disponibles en 6 et 7,5 m de large, ne demandent ainsi aucun autre point de fixation.

3 – Conserver l’équilibre de l’ensemble

Par construction et pour satisfaire à la réglementation, une tonne à lisier, comme tout autre véhicule remorqué agricole de type semi-porté, doit appliquer un report de charge maximal de trois tonnes sur l’anneau d’attelage (quatre tonnes avec rotule K80). « L’ajout d’une rampe (compter environ deux tonnes pour un modèle à patins de 15 m de large) modifie la répartition du poids et pénalise la charge utile, indique François Solek. Par conséquent, en fin de cuve, avec les tuyaux de la rampe remplis de lisier, l’arrière du tracteur peut se trouver délesté, rendant la conduite dangereuse, voire impossible. »

4 - Être équipé d’une pompe performante au refoulement

La pression au refoulement de la pompe est primordiale. Elle conditionne la capacité de la tonne à travailler avec un outil d’épandage. « Les compresseurs assurant l’aspiration par dépression et le refoulement en mettant la cuve sous pression ne sont pas toujours compatibles avec les exigences de fonctionnement des équipements d’épandage. Certes, ils poussent le lisier vers le broyeur répartiteur, mais avec une pression de 0,5 à 0,7 bar, trop faible pour éviter les bourrages en lisier chargé. En pratique, ils ne donnent pleine satisfaction qu’avec les effluents bien liquides », alerte Gilles Guillerme, directeur commercial de Mauguin. Avec un lisier visqueux, le recours à une pompe centrifuge permettant d’atteindre 2 à 2,5 bars au niveau du hacheur est indispensable. La meilleure solution demeure d’opter pour une pompe à lobes, qui affiche une haute pression de travail (jusqu’à 10 bars) et apporte de la précision dans l’épandage, grâce à son fonctionnement volumétrique. Comme le lisier passe à l’intérieur, ce type de pompe est sensible aux corps étrangers et demande donc une grande exigence dans la préparation du lisier. Il existe également des solutions associant un compresseur à une pompe centrifuge, comme le système baptisé hybride de Mauguin, que le constructeur monte désormais systématiquement avec un outil d’épandage.

5 - Opter pour une largeur d’outil en phase avec la tonne

« La taille de l’équipement d’épandage est à adapter à la capacité de la tonne et non pas à raisonner en fonction de la largeur de travail du pulvérisateur », précise Mathieu Hons, responsable France de Vogelsang. Si des rampes de 24 mètres et plus se justifient sur les cuves de grande capacité (plus de 24 000 litres), les modèles de 15 à 18 mètres sont plus cohérents sur les machines plus petites. Ce dimensionnement permet de parcourir davantage de distance dans les champs et de réaliser des lignes entières. Causé par une autonomie insuffisante, le fait de terminer la vidange en milieu de parcelle engendre des pertes de temps, augmente la consommation de carburant et entraîne davantage de tassement du sol, en raison de la multiplication des trajets.

6 – S’assurer d’un montage économiquement rentable

Le montage d’un équipement d’épandage en rétrofit ne doit pas être uniquement motivé par le souhait de satisfaire aux prochaines échéances réglementaires, qui visent à interdire l’utilisation des buses, source de pollution atmosphérique par la volatilisation de l’azote ammoniacal. L’investissement dans ce type d’outil est l’opportunité de valoriser les unités fertilisantes produites sur l’exploitation, afin de réduire l’achat d’engrais chimiques. Il représente un montant important à raisonner en fonction de la tonne à lisier à équiper. Dans certains cas, l’ajout indispensable d’accessoires fait vite grimper la facture et ne se justifie plus, notamment s’il faut remplacer le compresseur par une pompe plus performante ou ajouter une turbine sur le circuit de refoulement. « Nous équipons peu de tonnes à lisier déjà en service avec un outil d’épandage et nous refusons d’adapter des enfouisseurs ou des rampes à pendillards sur des machines de marque concurrente, indique Gilles Guillerme. L’opération est coûteuse et nous la réalisons uniquement lorsque nous sommes sûrs du résultat. »

Et si la solution était de mieux préparer le lisier ?

 

 
Le lisier demande d’être bien malaxé et haché avant son épandage avec une rampe, un injecteur ou un enfouisseur, surtout si sa teneur en paille est élevée et les brins longs.
Le lisier demande d’être bien malaxé et haché avant son épandage avec une rampe, un injecteur ou un enfouisseur, surtout si sa teneur en paille est élevée et les brins longs. © Pichon

 

« Tenter d’apporter du lisier pailleux non préparé avec un outil d’épandage revient à vouloir faire passer des objets carrés dans des trous ronds », illustre Mathieu Hons, responsable France chez l’équipementier allemand Vogelsang. L’absence de traitement suffisant du lisier préalablement à l’épandage rend ainsi le montage de rampes ou d’enfouisseurs impossible sur un grand nombre de tonnes en service sur le marché français. Des pistes existent pour améliorer la compatibilité, comme la chasse aux corps étrangers (cornes, ficelles…) ou l’apport de paille broyée dans les logettes, afin d’éviter la présence de brins longs dans les effluents. Il est aussi recommandé de bien préparer le lisier en le hachant et en le malaxant régulièrement. « Mettre le malaxeur en route deux heures avant d’épandre n’est pas suffisant. » La solution la plus performante serait peut-être d’utiliser un séparateur de phases créant un liquide sain et bien fluide. Elle rendrait ainsi toutes les tonnes à lisier capables de travailler avec un outil d’épandage, y compris celles équipées d’un compresseur à palettes correctement dimensionné.

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