Quel lien entre les Cuma et l’usage de pesticides ?
Une récente étude montre que la diminution de l’usage des pesticides est corrélée à l’importance des Cuma dans un territoire donné. Les hypothèses sont liées aux échanges sociotechniques dans les Cuma, ainsi qu’à l’accès à des équipements agroécologiques.
Une récente étude montre que la diminution de l’usage des pesticides est corrélée à l’importance des Cuma dans un territoire donné. Les hypothèses sont liées aux échanges sociotechniques dans les Cuma, ainsi qu’à l’accès à des équipements agroécologiques.
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« Plus il y a de membres de Cuma sur un territoire, moins il y a de consommation de pesticides » indique une récente étude de l’université de Rennes et de l’Institut Agro Rennes-Angers, publiée dans la revue scientifique Ecological Economics et relayée par nos collègues d’Agra Presse.
Quel rapport entre les Cuma et la réduction des pesticides ?
Pour expliquer ce lien de corrélation, les chercheurs mettent en avant deux hypothèses. La première, repose sur les interactions « pair à pair » : plus une Cuma compte de membres, plus il y aura d’échanges de « connaissances sociotechniques » comme des pratiques écologiques « propices à la réduction de l’utilisation de pesticides ». La seconde hypothèse part du fait qu’une utilisation individuelle « plus importante » des Cuma par ses membres les aide à réduire leur utilisation de pesticides, grâce à des équipements agroécologiques et technologiquement plus précis.
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Une « transition écologique cachée » via les Cuma ?
Selon les chercheurs, l’ajout d’un membre dans une Cuma d’un code postal donné « réduit de 0,07 % l’utilisation locale de pesticides ». L’étude souligne que l’hypothèse des interactions est « pleinement supportée » par leur analyse économétrique. « Cet effet de pair à pair dépasse également les limites des zones d'opération des Cuma, se répercutant sur les agriculteurs hors Cuma des zones voisines », notent les chercheurs.
Pour la seconde hypothèse sur le matériel, la réduction de l’utilisation des pesticides n’est observée que lors « d’une utilisation accrue d’équipements agroécologiques », explique l’étude. Ce qui suggère un « effet de rebond » pour les « équipements conventionnels », pour lesquels les « gains d’efficacité technique » ne permettent pas d’observer un effet sur l’utilisation des pesticides. Dans l’ensemble, les résultats soutiennent l'idée d'une « transition agroécologique cachée », dans le sens où les Cuma auraient un « potentiel inexploité » dans le cadre de cette transition.
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« Une voie prometteuse pour sortir du régime sociotechnique dominant »
Dans leurs conclusions, les chercheurs soulignent même que « l’effet Cuma » observé dans les échanges entre pairs « encourage les agriculteurs à réfléchir à leurs pratiques et leur offrent ainsi une voie prometteuse pour sortir du régime sociotechnique dominant ». Dans un communiqué de la FNCuma (Fédération nationale des Cuma), son Secrétaire Général Philippe Martinot soutient ces résultats : « Cette étude appuie l’importance du développement du modèle Cuma sur le territoire français, comme un levier puissant en matière d’action collective pour réduire les pesticides ».
Méthode : 64 % des Cuma étudiées dans l’étude
Pour aboutir à ce lien de corrélation, les chercheurs ont utilisé une base de données fournie par la FNCuma (Fédération Nationale des CUMA), couvrant un total de 5793 coopératives (soit 64 % des Cuma en France). Et pour l’utilisation des pesticides, les statistiques sont issues de la base de données de la Banque nationale des ventes des distributeurs (BNV–d) de pesticides. Pour chaque code postal, les chercheurs ont étudié la quantité moyenne de substances actives par hectare de surface agricole utilisée (SAU) pour les années 2015 et 2016, « compensant les effets de stockage observés au niveau de la ferme ».
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