Pourquoi il ne faut pas sous-estimer le choix des pneus de son épandeur à fumier ?
Le montage de pneumatiques adéquats sur l’épandeur à fumier à caisse étroite agit sur leur longévité, la consommation de carburant et le respect du sol.
Le montage de pneumatiques adéquats sur l’épandeur à fumier à caisse étroite agit sur leur longévité, la consommation de carburant et le respect du sol.
Appréciés pour leur facilité de traction, les épandeurs à fumier à caisse étroite, de type tombereau, méritent d’être correctement chaussés. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas, car, pour des raisons économiques, la monte de pneumatiques n’est pas considérée comme prioritaire lors de l’achat. Le choix de dimensions inadaptées coûte parfois cher, en se traduisant par une usure prématurée de la carcasse du pneumatique, ainsi que par une compaction plus importante du sol. Aussi, des roues trop petites rendent l’appareil plus dur à tracter, ce qui pénalise le débit de chantier et accroît la consommation de carburant. Pour faciliter le roulage des épandeurs de grande capacité, l’idéal est de retenir des pneus de grande taille, tels que des 650/75 R32, voire des 710/70 R38, affichant un diamètre d’environ 1,80 mètre et 2 mètres. « Il faut bannir les enveloppes à carcasse diagonale, de type 23.1-26, qui sont beaucoup moins chères à l’achat, mais n’apportent absolument aucun bénéfice à l’utilisation. Elles s’usent beaucoup plus vite et plus mal que les pneus de dimension équivalente à carcasse radiale », remarque Stéphane Tenot, de France Pneus Sélection.
Des pneus de 2,20 mètres de diamètre
L’Allemand Bergmann se distingue avec ses 480/95 R50, dont le diamètre de 2,20 mètres compense la plus faible largeur pour profiter aussi d’une grande empreinte au sol, afin de limiter le tassement. « Cette dimension permet d’élargir la caisse à 1,80 mètre, contre 1,50 mètre environ chez les autres fabricants, tout en respectant un gabarit routier inférieur à 3 mètres. La largeur de 480 mm est également appréciée pour fertiliser en plein champ, car les roues de l’épandeur passent dans les traces de celles du tracteur », précise Sébastien Dillies de Ropa France, distributeur Bergmann. Pour davantage respecter les sols, il existe les pneus VF ou IF de grand diamètre, qui permettent, à dimension identique, d’abaisser la pression de gonflage par rapport à des carcasses standards et de profiter d’une plus grande empreinte au sol. Cette technologie est intéressante, mais elle représente un réel surcoût, qui impacte le prix de l’épandeur et décourage de nombreux acquéreurs. Les pneus radiaux de plus petite dimension, comme les 23.1 R26 présentant un diamètre de 1,60 mètre, conservent toutefois leur intérêt sur les appareils jusqu’à 12 m3, qui sont notamment utilisés en région de montagne, car ils participent à la stabilité en abaissant le centre de gravité.
Attention à l’indice de charge
Outre la taille, les indices de charge et de vitesse s’avèrent importants. « Les épandeurs à simple essieu les plus gros sont homologués pour circuler sur la route avec un poids total autorisé en charge maximal de 16 tonnes, dont 13 tonnes sur l’essieu. Chaque pneu est donc censé supporter au maximum 6 500 kg. Or, les modèles à caisse de 18 mètres cubes, remplis de matières denses, affichent parfois plus de 20 tonnes sur la bascule. Nous déconseillons donc aux utilisateurs de circuler sur la route avec ces appareils chargés au maximum, car au-delà de l’aspect réglementaire, les pneus ne sont pas adaptés et le risque est grand d’abîmer leur carcasse. En revanche, pour un travail exclusif au champ entre 10 et 15 km/h, la dimension 710/70 R38, que nous préconisons pour ces épandeurs, s’avère bien adaptée, car elle présente, pour les marques de pneus sélectionnées, des indices de charge et de vitesses d’au moins 172A8 (6 300 kg à 40 km/h) », indique Benoît Haquin, responsable du SAV chez Sodimac.
Le pas cher peut coûter cher
La seule dimension du pneu ne renseigne pas sur sa capacité de charge, qui varie entre les manufacturiers et au sein même des gammes. Par exemple, le pneu Maxam AgriXtra 710/70 R38, monté par des fabricants d’épandeurs, qui affiche les indices de charge et vitesse 174A8, supporte 6 700 kg à 40 km/h. À taille identique, certains pneus de manufacturiers peu connus affichent la combinaison 169A8, comme le Rosava TR-203. Cela signifie qu’ils n’acceptent que 5 800 kg à 40 km/h. Par conséquent, ils ne sont pas suffisamment robustes en cas d’utilisation sur la route, même en respectant la charge de 13 tonnes sur l’essieu, le cumul des deux pneus n’atteignant que 11 600 kg. Dans le cas d’un usage intensif à des vitesses élevées, les pneus achetés 20 à 30 % moins chers, qui présentent de faibles indices de charge et de vitesse, risquent fort de se dégrader rapidement, voire d’éclater. « Le respect de la pression est aussi un critère déterminant la longévité des pneus. Les carcasses radiales standards n’acceptent pas d’être sous-gonflées et si c’est le cas, leurs flancs s’écrasent trop, entraînant une dégradation de la structure. Même après correction de la pression, le mal est fait. Les nappes intérieures sont fragilisées et des hernies peuvent apparaître », avertit Benoît Haquin.
Pensez à resserrer les roues
Les dernières générations de tracteurs affichent des vitesses maximales de 50 à 60 km/h, voire plus, alors qu’en France le Code de la route limite les convois agricoles à 40 km/h. Cette allure n’est légalement possible sous réserve de respecter les critères de largeur maximale (2,55 mètres), de disposer d’un système de freinage adapté et d’utiliser des véhicules remorqués homologués à 40 km/h. En plus d’être en infraction, la vitesse excessive fatigue mécaniquement les machines, notamment leur système de freinage et leurs pneumatiques. Le choc sur la route des barrettes des pneus crée des vibrations qui peuvent conduire au desserrage des roues. Les freinages brusques engendrent des contraintes importantes au niveau des jantes et des fixations d’essieu, qu’il convient de vérifier régulièrement. Les sollicitations sont d’autant plus importantes que les roues sont de grand diamètre et l’allure est élevée.
Pré-équipez l’essieu pour le télégonflage
Le télégonflage demeure rare sur les épandeurs à fumier à caisse étroite, même si cette technologie présente de grands intérêts en termes de préservation des sols et de respect des pneumatiques. Pour ceux qui s’interrogent sur l’opportunité d’adapter ultérieurement ce dispositif sur leur appareil, il est conseillé d’opter pour un essieu percé au moment de l’achat. Cette prédisposition facilite le montage du système de télégonflage et expose moins ses flexibles aux chocs lors des opérations de chargement. Le joint tournant alimentant le pneu en air est ainsi directement fixé en bout de fusée et aucun tuyau ne dépasse sur le côté de l’appareil.