« Nous avons investi dans une remorque autochargeuse pour mieux valoriser les prairies »
Depuis qu’ils ont investi dans une remorque autochargeuse, Jean-Noël Voiseux et son fils Antoine, situés à Fleury dans le Pas-de-Calais, valorisent mieux et au bon stade l’herbe produite par leurs prairies. Aussi, ils s’arrangent désormais à deux pour les chantiers de récolte d’ensilage d’herbe.
Depuis qu’ils ont investi dans une remorque autochargeuse, Jean-Noël Voiseux et son fils Antoine, situés à Fleury dans le Pas-de-Calais, valorisent mieux et au bon stade l’herbe produite par leurs prairies. Aussi, ils s’arrangent désormais à deux pour les chantiers de récolte d’ensilage d’herbe.


« Grâce à la remorque autochargeuse nous sommes autonomes pour les chantiers d’ensilage d’herbe. Nous n’hésitons pas à multiplier les coupes pour récolter au bon stade. De plus, comme nous valorisons mieux l’herbe, nous en mettons davantage dans les rations. Nous avons ainsi pu réduire les surfaces de maïs ensilage et implanter davantage de cultures de vente », soulignent Jean-Noël Voiseux et son fils Antoine, agriculteurs à Fleury dans le Pas-de-Calais. Ces exploitants disposent d’un atelier de 85 vaches laitières en traite robotisée. Ils en élèvent tous les veaux mâles (environ 40 par an) et possèdent également 15 vaches allaitantes de race salers qu’ils croisent avec des taureaux charolais. Ils produisent ainsi une cinquantaine de bêtes de viande par an. Les broutards sont en filière Prim’herbe, qui impose de livrer des mâles castrés âgés de 16 à 18 mois et d’un poids vif inférieur à 430 kg, nourris avec une ration sans OGM contenant au moins 40 % d’herbe.
Deux personnes pour gérer le chantier
La SAU de 190 hectares comprend 40 hectares de prairies, 35 hectares de maïs, 4 hectares de luzerne et 1,5 hectare de betteraves fourragères dédiés à l’alimentation du troupeau. Le reste est en cultures de vente : blé, colza et pommes de terre. « Nous avons longtemps récolté l’herbe à l’ensileuse automotrice. Nous réalisions également de petites surfaces en balles enrubannées et nous continuons de faire une centaine de bottes par an pour notre second site d’élevage qui ne possède pas de tas d’ensilage, précise Jean-Noël Voiseux. D’une part, les chantiers à l’ensileuse sont gourmands en logistique et ne sont pas forcément adaptés pour ramasser de petites surfaces. D’autre part, l’enrubannage engendre beaucoup de manutention et de nombreux déplacements dans les parcelles au risque de tasser le sol, avec de surcroît un débit de chantier limité. » Ces contraintes ont encouragé les éleveurs à investir 80 000 euros HT en 2023 dans la remorque autochargeuse Krone MX 330 GL, avec laquelle ils récoltent, en plusieurs coupes, l’équivalent d’une centaine d’hectares par an en se débrouillant tous les deux.
Une année avec l’autochargeuse d’une ETA
Pour l’acquisition, bien qu’ils partagent en Cuma de nombreux matériels et notamment la faucheuse, la faneuse et l’andaineur, ils n’ont pas envisagé un investissement en commun. « C’est une machine technique qui demande la plus grande attention pour la conduite et l’entretien. Je la vois mal passer dans plusieurs mains », confie Jean-Noël Voiseux. « Comme les remorques autochargeuses sont peu répandues dans notre région, nous avons souhaité tester cette technique de récolte, avant d’acheter notre propre matériel en faisant appel à une entreprise de travaux agricoles (ETA). Ceci nous a permis de bien en identifier les avantages et inconvénients », indique Antoine Voiseux. La prestation réalisée par l’ETA avec un modèle à trois essieux de grande capacité (42 m3 DIN) leur a permis de se rendre compte qu’un tel gabarit est inadapté à leur parcellaire et à leur organisation. « Cette grosse machine rencontrait des difficultés à accéder dans certains champs. En outre, elle rapportait un grand volume à chaque voyage, qui ne nous laissait pas suffisamment de temps pour confectionner le silo à notre goût », remarque les éleveurs.

Les remorques étalées sur toute la surface du silo
Avec leur autochargeuse Krone de 33 mètres cubes DIN, les agriculteurs apprécient de pouvoir récolter certaines pâtures inaccessibles à l’ensileuse automotrice. Ils organisent des chantiers de différentes tailles en fonction de la maturité et ramassent au maximum 15 hectares par jour. Les parcelles se situent en moyenne à trois kilomètres de l’exploitation. Afin d’obtenir un ensilage le plus homogène possible, le silo est entièrement découvert à chaque chantier. Jean-Noël Voiseux, qui confectionne le tas avec un chargeur télescopique, s’affaire à étaler chaque remorque sur toute la surface du silo. Afin d’optimiser le mélange, Antoine Voiseux, qui conduit l’autochargeuse, change de parcelle à chaque voyage, lorsque le stade de développement de l’herbe est différent. Et s’il y a de la luzerne, son ramassage est réparti sur la durée du chantier pour alterner les couches sur le silo.

Deux affûtages par jour
La qualité de coupe est un autre critère important pour les éleveurs. Leur autochargeuse dispose de 41 couteaux procurant des brins d’une longueur théorique de 37 mm. Elle est la majeure partie du temps utilisée avec tous les couteaux, hormis à l’automne où seulement un sur deux est activé, afin de ne pas réduire en bouillie les cultures dérobées (avoine et vesce) implantées avant le blé. Pour garder un parfait tranchant, les agriculteurs réalisent jusqu’à deux affûtages par jour à l’aide du système automatisé embarqué sur la machine. Le fait de travailler avec des couteaux émoussés se ressent sur la puissance absorbée. Cela augmente également la consommation de carburant. « Notre tracteur, un New Holland T7.245, est bien dimensionné pour tirer cette machine, car nous sommes dans une région dénommée le Pays des sept vallées où les parcelles vallonnées sont nombreuses. Dans les pentes et en fin de remplissage de la caisse, les 245 chevaux ne sont parfois pas de trop. Nous avons travaillé la première année avec un modèle à moteur quatre cylindres boosté à 200 chevaux, mais il manquait parfois de puissance et de stabilité. Notez que l’animation de l’autochargeuse n’est pas la principale activité de notre tracteur de tête, car il est aussi valorisé avec la tonne à lisier de 18 000 litres et la fraise pour préparer les terres à pommes de terre », termine Jean-Noël Voiseux.
En chiffres
2,5 UTH
1,90 ha de SAU
40 ha de prairies
35 ha de maïs fourrage
4 ha de luzerne
1,5 ha de betteraves fourragères
109,5 ha de cultures de vente (blé, escourgeon, colza et pommes de terre)
85 vaches laitières (90 % de prim’Holstein et 10 % de montbéliardes)
15 vaches allaitantes salers
50 bovins viande produits par an
80 000 euros investis dans la remorque autochargeuse Krone MX 330 GL
100 ha d’herbe ensilés par an
50 euros de conservateur par hectare d’ensilage d’herbe

Jean-Noël Voiseux et son fils Antoine sont très attachés à la bonne conservation de leur ensilage d’herbe. « Pour être sûrs d’obtenir un fourrage de qualité, nous ajoutons systématiquement du valorisateur dès que la teneur en matière sèche est supérieure à 30 %. Seuls les regains à l’automne et les dérobés, souvent trop humides, n’en reçoivent pas », précisent-ils. L’application est réalisée à l’aide d’un dispositif spécialement adapté à l’avant de la remorque autochargeuse. Ce système assure une pulvérisation sur l’andain avec un débit proportionnel à la vitesse d’avancement. La quantité distribuée est aussi en fonction de la taille de l’andain renseignée par le chauffeur dans le boîtier de commande. « Le valorisateur Hyprasil green de Kersia a pour intérêt d’entraîner une acidification rapide de l’ensilage, afin d’empêcher le développement des mauvaises bactéries, indiquent les éleveurs. Il évite ainsi les échauffements et les pertes d’unités fourragères (UF). Depuis que nous l’utilisons, nous n’observons quasiment plus de pertes. » Le sachet de conservateur, facturé 160 euros HT, permet de traiter 50 tonnes de fourrage brut. Avec un rendement moyen de 15 tonnes brutes d’ensilage d’herbe par hectare, cela revient à 50 euros par hectare. Par ailleurs, le silo se caractérise par la présence de deux fronts d’attaque, à l’ouverture alternée selon le côté concerné par le dernier ensilage. « Il est important pour nous de laisser la partie fraîchement récoltée fermée quelques semaines, afin d’éviter les mauvaises fermentations et garantir une bonne conservation », indiquent-ils.