« Notre TPA simple équipement a un bon rapport qualité-prix »
Le Gaec Saint Lubin, dans la Manche, a opté pour une TPA 2x14 simple équipement pour ses 130 vaches. De la conception au choix du matériel et des équipements, l’ergonomie a été bien pensée.
Le Gaec Saint Lubin, dans la Manche, a opté pour une TPA 2x14 simple équipement pour ses 130 vaches. De la conception au choix du matériel et des équipements, l’ergonomie a été bien pensée.
« Nous ne voulons pas aller à la traite à reculons, affirme Pierre Sadot, jeune éleveur, installé à Picauville dans la Manche. Et pour ça, il n’y a pas de secret, il faut à la fois du confort et du débit. Pas plus d’une heure trente de traite lavage compris, c’est la limite que je me suis fixée. »
Quand Pierre a rejoint l’exploitation familiale en 2015, il fallait réinvestir dans une salle de traite et anticiper une augmentation des effectifs laitiers à terme. « Nous avions 80 laitières à l’époque. C’était trop pour un robot, et pas assez pour deux », résume-t-il. Les éleveurs ont préféré une TPA plutôt qu’une salle de traite en épi pour pouvoir limiter la longueur de la fosse et intégrer le bloc traite plus facilement dans le bâtiment existant. « Quant au simple équipement, il présente un bon rapport qualité-prix avec une utilisation du matériel optimisée pendant la traite », estime Pierre.
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Le choix de la TPA a porté sur un modèle assez robuste (stalle Champion chez DeLaval) avec un système de rails de cou à levage vertical qui facilite une sortie rapide des vaches, et le nettoyage. « Pour le confort, on a choisi des griffes légères (1,6 kg) qui descendent automatiquement (ComfortSmart) et qui sont plus simples à poser. Une option appréciable au quotidien. »
Les vaches sont identifiées électroniquement à l’entrée en salle de traite et leur production s’affiche sur l’écran de chaque poste. « Par contre, nous n’avons pas installé de porte de tri car nous pouvons faire déjà pas mal d’interventions pendant la traite en faisant le tour des quais. »
1 h pour 110 vaches traites, hors lavage, à deux trayeurs
On accède à la fosse de traite par un couloir en pente douce. La traite s’effectue toujours à deux même le week-end. Un des trayeurs monte guider les vaches sur le quai pendant que l’autre commence à appliquer la mousse sur les trayons. « En simple équipement, rien ne gêne l’accessiblité », apprécie Pierre. Le quai est subdivisé en deux parties pour travailler plus facilement en binôme. Chacun essuie trois à quatre vaches avec du papier jetable avant de commencer à les brancher. « On essaie d’avoir des vaches propres. L’hiver, le racleur à chaîne passe quatre fois par jour dans la partie logettes et le robot aspirateur toutes les trois heures sur l'aire d'exercice. On n’hésite pas à laver les pattes au jet sur les quais si besoin. » Le post-trempage est systématique toute l’année.
La traite s’effectue quasiment sans temps mort, mais sans courir pour autant. Quand un trayeur libère les vaches d’un côté, l’autre finit de brancher le second quai. Par contre, si une vache est longue à traire, non seulement elle bloque un quai mais le deuxième aussi. Alors mieux vaut la brancher dans les premières… « Heureusement, notre troupeau est assez homogène en vitesse de traite, précise Pierre. Mais c’est vrai, qu’au niveau du choix des taureaux, on regarde ce critère pour ne pas le dégrader. » En moyenne, la vitesse de traite par vache s’élève à 6,40 minutes pour 30 litres produits. « On a une vache qui se trait en 14 minutes, mais justement, elle n’a pas été réinséminée pour cette raison. »
Une traite peu bruyante, lumineuse et sans stress
Seul le lait des fraîches vêlées et des vaches sous antibiotique est trié. L’élevage n'a pas de problème de cellules. En cas de mammites (une par mois en moyenne), le faisceau trayeur est désinfecté. Avec le système d’identification à la traite et le logiciel de gestion de troupeau, une vache en traitement est repérée et la griffe ne peut pas se déclencher si le délai d’attente n’est pas achevé. « C’est une sécurité car nous sommes quatre à traire, mais cela ne nous empêche pas d’utiliser aussi des bracelets et d’inscrire leur numéro sur le tableau. »
La traite est très calme et lumineuse avec six grands néons. On entendrait presque les vaches ruminer ! Et pour cause : la pompe à vide, la pompe à lait et les compresseurs sont remisés dans un local technique isolé en panneaux sandwich. De plus, la pompe à vide à variation fonctionne selon les besoins en air, c’est du bruit et de la consommation électrique en moins. Et les pulsateurs s’éteignent sitôt la griffé déposée.
Si les éleveurs regrettent une chose, c’est que l’entrée des vaches sur les quais reste plus compliquée qu’en épi malgré le chien électrique. C’est le seul moment où on perd du temps. D’une part, il y a une certaine longueur (12 m) et d’autre part, c’est plus délicat pour les vaches de se positionner à l’équerre.
Un autre point reste perfectible : la hauteur des bras de traite. « Ils se trouvent à une hauteur optimale pour ma mère, qui fait 20 cm de moins que mon père et moi. Mais on pourra réajuster ça quand ma mère ne traira plus. »
Côté éco
Le matériel de traite a coûté 136 000 € en 2015. Il comprend les indicateurs de lait, la pompe à vide à variation, l’identification, le logiciel de gestion de troupeau (relié au DAC) et le décrochage automatique. Plus 7 000 € pour le chien électrique.
Chiffres clés
Avis d'expert : Patrice Guillet, de Littoral Normand
« Pour que traire reste un plaisir »
« Dans de nombreux élevages, la traite est devenue une corvée. L’astreinte y contribue, mais les conditions et la durée y sont aussi pour beaucoup. La traite ne devrait pas durer plus d’une heure à une heure quinze. Aussi bien pour le bien-être des vaches que celui des trayeurs, qu’on a souvent tendance à oublier ! Psychologiquement, au-delà d’une heure trente, on est moins vigilant et moins patient. Gagner 20 à 30 minutes de traite permettrait bien souvent de la vivre complètement différemment. D’où l’intérêt de se poser les bonnes questions à l’achat, et de réfléchir en termes d’évolution. Une installation de traite, c’est un investissement pour dix ans minimum. Autant faire en sorte qu’il soit encore agréable d’y travailler à cet horizon-là, sans avoir à réinvestir énormément. J’encourage plutôt à suréquiper les salles de traite pour y passer le moins de temps possible. C’est un surcoût mais qui s’amortit deux fois par jour pendant quinze ans ! »