« Notre autochargeuse transporte tous les fourrages »
La remorque autochargeuse du Gaec de la Fontaine à Locmalo (Morbihan) est exploitée dix mois de l’année à l’affouragement. Elle ramasse également cinquante hectares d’herbe pour l’ensilage et transporte du maïs fourrage quatre jours dans l’année.
La remorque autochargeuse du Gaec de la Fontaine à Locmalo (Morbihan) est exploitée dix mois de l’année à l’affouragement. Elle ramasse également cinquante hectares d’herbe pour l’ensilage et transporte du maïs fourrage quatre jours dans l’année.
Après sept ans d’expérience avec deux remorques faucheuses-autochargeuses successives, dédiées à l’affouragement en vert, Sébastien et Gwenaël Pothier, associés en Gaec, ont investi en 2015 dans une remorque autochargeuse polyvalente (Pöttinger Europrofi 5510 D Combiline), d’une capacité de 31 m3 (DIN) pour un volume de fourrage annoncé à 55 m3. « Nos deux premières machines avec faucheuse intégrée avaient pour principal défaut de mal vieillir. Leur faible volume de caisse nous imposait de faire deux voyages chaque jour et le fait de travailler en déporté avec le tracteur impliquait de passer deux fois au même endroit, ce qui était limitant en conditions humides », justifient-ils. La nouvelle autochargeuse, associée à une faucheuse frontale de 3 m achetée en même temps, assure ainsi l’affouragement près de 300 jours par an, de fin février à décembre, quand la météo le permet. « Pour cette tâche quotidienne, nous utilisons un tracteur de 120 ch valorisé à son plein potentiel, même si c’est parfois un peu juste à l’automne, quand il y a beaucoup de fourrage à couper. La machine est remplie aux trois quarts pour couvrir la journée. Les parcelles dédiées à l’affouragement étant peu éloignées, nous mettons environ 30 minutes pour charger et distribuer. »
Une hauteur de caisse limitée par les bâtiments
La remorque est équipée de démêleurs et d’un tapis de distribution. « Nous déchargeons l’herbe en une seule fois, au-dessus de la ration distribuée auparavant par la mélangeuse. Malgré le volume important, nous parvenons à faire un andain régulier le long des cornadis, bien aidés par la caméra située à l’arrière de la machine. Une seconde caméra à l’avant, au sommet de la caisse, nous permet de contrôler le volume d’herbe restant et surtout d’optimiser le chargement en pilotant l’avancement du tapis au plus juste. » La gestion de ce gros volume de fourrage est aussi facilitée par le passage d’un robot repousse-fourrage toutes les deux heures. À noter que la hauteur limitée du bâtiment a également influencé le choix de la machine, qui ne fait que 3,60 m de haut. « Elle est équipée de pneus 620/40 R22.5. Pour plus de portance, il aurait été préférable d’opter pour des 710 mm, mais ça ne passait plus en hauteur », regrette Sébastien Pothier.
Autonomie pour l’ensilage d’herbe
Le second avantage de la remorque autochargeuse est de ne plus faire appel à l’ensileuse pour la récolte de l’herbe. « Nous sommes désormais autonomes pour faire nos 50 hectares d’ensilage. Suivant la distance du chantier, à 7-8 km au maximum, on fait des coupes de 10 à 15 hectares, en sachant que l’on ramasse en moyenne une remorque et demie par hectare. Le rotor à 35 couteaux fait des brins suffisamment courts pour de l’herbe récoltée à 50 % de matière sèche. L’ensilage étant repris par une fraise d’automotrice, les brins plus longs qu’à l'ensileuse ne nous gênent pas, au contraire. » La puissance absorbée par le rotor de coupe impose l’emploi d’un tracteur de 200 ch. Pour passer à l’ensilage, le tapis de déchargement est escamoté sous la caisse en moins de deux minutes. Contrairement à l’affouragement où l’herbe verte ne monte pas en haut de la caisse, le chargement s’effectue en mode automatique, grâce notamment au second capteur situé sur le volet de compression au sommet de la paroi frontale. « Le fond mouvant avance automatiquement pour un remplissage homogène de la caisse. Au déchargement, la présence des démêleurs n’entrave pas la sortie du fourrage ; au contraire, leur action évite la sortie de paquets trop compressés. »
Un gros tracteur pour transporter le maïs
Autre application plus marginale : l’autochargeuse fait office de remorque de transport à l’ensilage de maïs. « Avec un poids à vide de près de 8 tonnes, ce n’est pas la solution la plus économe, mais le volume utile est appréciable, d’autant plus que le déchargement est plus sécurisant et aussi rapide qu’avec une benne. Au sommet de la caisse, le volet de compression est rabattu à l’intérieur de la caisse pour optimiser le remplissage par l’ensileuse. Le seul reproche concerne l’équilibre de la machine sur route, la position des deux essieux ne favorisant pas le report de charge sur le tracteur. D’ailleurs, pour rouler en sécurité, nous utilisons notre tracteur de tête de 250 ch. » La première année, la remorque autochargeuse a également été utilisée pour récolter de la paille et du foin de prairie, afin de faire face à une pénurie de fourrage. « C’est plus sécurisant de récolter la paille de cette façon, plutôt qu’avec l’ensileuse ! »
Cette machine polyvalente demande peu d’entretien. « Nous effectuons un gros nettoyage par an, où nous en profitons pour graisser les chaînes et affûter les couteaux. Le reste du temps, il n’y a que les graisseurs. Cette remorque, pour laquelle on dispose d’une garantie de 3 ans, devrait bien vieillir », assurent les deux associés.
Chiffres clés
130 Prim’Holstein à 9 000 l de moyenne
20 ha de prairie de fauche et 20 à 30 ha de dérobées pour l’affouragement
50 ha de dérobées pour l’ensilage
300 jours d’affouragement
80 remorques d’ensilage d’herbe par an
4 jours de transport d’ensilage de maïs par an
85 000 euros d’investissement pour l’autochargeuse de 55 m3, la faucheuse frontale de 3 m et une prise de force frontale sur le tracteur de 120 ch
Récolte, transport et alimentation
Avec le développement de l’affouragement en vert sur des exploitations de grande taille, la remorque autochargeuse de grand volume peut se justifier par ses différentes fonctions. Équipée d’un rotor et d’un système de coupe, elle assure la récolte de l’ensilage d’herbe avec plus de souplesse d’organisation que l’ensileuse. Certes le débit de chantier est moindre, mais il est possible de s’adapter au plus près des fenêtres météo. Le choix du volume de caisse doit tenir compte de la distance moyenne des chantiers, afin de ne pas perdre trop de temps sur la route.
Les démêleurs et le tapis de distribution nécessaires à l’affouragement offrent à l’autochargeuse la fonction de distributrice, d’autant plus si elle est équipée d’un système de pesée embarqué.
Un seul équipement de distribution
Les autres composants de la ration sont chargés dans la remorque par couches successives au-dessus de l’herbe coupée, l’ensemble étant mélangé par les démêleurs au déchargement. Pour mieux passer dans les bâtiments, certains constructeurs proposent des caisses à réhausses hydrauliques, limitant la hauteur de la machine.
Cette catégorie d’autochargeuses, dont la caisse généreusement dimensionnée permet de se passer d’arceaux et de câbles, peut faire office de remorque de transport, le plus souvent à l’ensilage de maïs. Suivant la conception des machines (emplacement du pick-up et du rotor, positionnement des essieux), le report de charge sur la flèche varie, imposant parfois l’emploi d’un tracteur surdimensionné pour rouler en sécurité. Les machines équipées d’un pick-up " tiré " ou encore celles disposant d’une paroi frontale inclinable sur l’avant, offrent un meilleur équilibre, en plus de limiter leur gabarit. Cas particulier, les Claas Quadrant embarquent un ensemble pick-up et rotor amovible, améliorant la charge utile au transport.
À savoir
Neuf marques de remorques autochargeuses : Bélair, Bergmann, Claas, Fendt, Krone, Pöttinger, Schuitemaker, Strautmann, Vicon.