« L’enrubanneuse solo reste compétitive »
Philippe Le Coguiec, entrepreneur et éleveur dans les Côtes-d’Armor, utilise une enrubanneuse traînée haut débit, appréciée pour sa simplicité et son coût d’utilisation. Une machine qui permet de bien rentabiliser ses deux presses à balles rondes.
Philippe Le Coguiec, entrepreneur et éleveur dans les Côtes-d’Armor, utilise une enrubanneuse traînée haut débit, appréciée pour sa simplicité et son coût d’utilisation. Une machine qui permet de bien rentabiliser ses deux presses à balles rondes.
Après avoir envisagé l’investissement dans un combiné presse-enrubanneuse pour son ETA, Philippe Le Coguiec, qui dispose par ailleurs d’un élevage de 50 vaches allaitantes limousines, à Plounévez-Quintin dans les Côtes-d’Armor, a préféré s’orienter vers une enrubanneuse traînée à double satellite Göweil 5020. Achetée au prix de 28 500 euros en 2019, celle-ci enrubanne près de 3 000 balles rondes par an. « Pour justifier un combi affiché à près de 90 000 euros, il aurait fallu que je développe mon activité d’enrubannage ou que je choisisse un modèle à chambre variable et l’utilise en complément au pressage de foin et de paille. En parallèle, j’aurais eu plus de mal à rentabiliser mes deux presses à balles rondes », argumente l’entrepreneur. Grâce à un fonctionnement entièrement automatisé, l’enrubanneuse démarre son cycle dès que la balle ronde (1,30 à 1,40 m de diamètre) vient au contact du capteur placé sur le bras de chargement. « Le bras se referme, puis charge la balle, qui reçoit ensuite trois couches de film avant d’être déposée à plat, grâce au vire-botte, le tout en 50 à 60 secondes. Avec huit bobines de film, dont six stockées sur le timon, on dispose d’une autonomie de 180 balles. »
Un fonctionnement automatisé
La gestion automatisée facilite l’utilisation de la machine, y compris par des chauffeurs débutants. « À part la mise en position travail et le dépliage manuel du vire-botte, il suffit d’indiquer le nombre de tours de satellites, en l’occurrence onze tours pour appliquer trois couches de film. On dispose également d’un compteur de balles journalier ou par client sur le boîtier, dont l’affichage est malheureusement en anglais. » L’électronique simplifie aussi le travail en cas de rupture d’un des films, le cycle d’enrubannage se poursuivant avec un seul satellite. « La machine adapte dans ce cas automatiquement la vitesse de rotation de la balle. »
Simple à utiliser et à dépanner
La simplicité de conception de l’enrubanneuse Göweil la rend très peu sensible aux pannes. « Et dans les rares cas où cela arrive, on peut intervenir nous-mêmes. J’ai toujours en stock un capteur (plusieurs capteurs de position sont identiques sur la machine) et un moteur hydraulique d’entraînement des satellites, deux pièces maîtresses qui pourraient nous immobiliser en cas de panne. D’ailleurs, pour préserver le moteur hydraulique, il est important de limiter le débit du tracteur à 30-40 l/min. » Du côté de l’électronique, Philippe Le Coguiec reste confiant. La machine dispose en effet de commandes hydrauliques manuelles permettant de la faire fonctionner sans le boîtier. « Nous ne pourrions pas avoir cette approche avec un combi, dont la complexité technique exige un chauffeur aguerri et un suivi technique dépendant de l’expertise du concessionnaire. En cas de panne, c’est tout le chantier qui s’arrête, alors qu’en décomposé, on arrive à trouver facilement une presse ou une enrubanneuse en dépannage », remarque l’entrepreneur.
Deux tracteurs et deux chauffeurs
En termes d’organisation de chantier, l’enrubanneuse impose davantage de contraintes qu’un combi en nécessitant l’emploi de deux tracteurs et deux chauffeurs, au même moment. « Il est indispensable d’enrubanner toute de suite derrière la presse, afin de préserver la forme des balles », reconnaît Philippe Le Coguiec, tout en précisant qu’un tracteur de 70-80 chevaux suffit pour animer l’enrubanneuse. Cette machine autorise en revanche une certaine souplesse pour la clientèle. « On propose deux types de prestation, soit pressage et enrubannage, soit uniquement enrubannage pour les éleveurs qui disposent de leur propre presse à balles rondes. » L’enrubanneuse solo permet aussi de déposer les balles à des endroits plus stratégiques, une demande de certains éleveurs qui ont des parcelles en pente.
Chiffres clés
6 salariés sur l’ETA
3 000 balles enrubannées par an, dont 2 300 en prestation complète avec pressage
9 600 balles (enrubanné, foin et paille) pressées par an avec 2 presses à chambre variable
7 euros par balle facturés pour l’enrubannage seul, film inclus (en 2020)
12 euros par balle facturés pour le pressage et l’enrubannage, film inclus (en 2020)
La presse-enrubanneuse toujours plébiscitée
« Dans l’Ouest de la France, les ETA optent très majoritairement pour des combinaisons presse-enrubanneuse. L’enrubanneuse solo est surtout choisie par les Cuma, avertit Jean-Eudes Simon, directeur de la division matériels chez Sterenn Equipements, qui commercialise la marque McHale. Bon nombre d’entrepreneurs disposent même de deux combinés, dès lors qu’ils dépassent les 8 000 balles enrubannées par an. Le débit de chantier, le confort de travail et la simplicité d’organisation sont plébiscités par les utilisateurs. » Dans l’Est ou le Centre, l’enrubanneuse solo est plus présente, car les agriculteurs sont plus nombreux à disposer de leur propre presse à balles rondes. « Mais on voit aussi apparaître des investissements dans des combinés d’occasion en individuel sur des grosses fermes d’élevage valorisant l’herbe, qui font plus de 2 000 balles enrubannées par an. Contraints par la main-d’œuvre et par la météo, ces éleveurs optent pour cette solution, afin de récolter rapidement avec un seul chauffeur. »