« Le semis en bandes pour gagner du temps et préserver les sols »
Guillaume Pichot implante depuis deux ans toutes les céréales, le colza et les couverts de son exploitation située en Eure-et-Loir avec un semoir combinant dents fissuratrices et dents semeuses. Outre les gains agronomiques, il se dégage du temps pour ses activités de commercialisation.
« Contraint par des terres argilo-calcaires séchantes, une pression croissante de mauvaises herbes résistantes et une vie du sol en berne, j’ai entamé depuis deux ans une simplification de mes itinéraires, en abandonnant le combiné herse rotative et en réduisant drastiquement le labour, expose Guillaume Pichot, installé sur 220 hectares à Bazoches-en-Dunois, en Eure-et-Loir. La charrue est désormais réservée à l’implantation des oignons et pommes de terre, soit environ 10 % de la surface. Des cultures qui imposent aussi un recours régulier au décompacteur, dont j’espère espacer les passages avec le temps. » L’agriculteur réalise ainsi tous les semis de colza et céréales, mais aussi l’ensemble des couverts avec un appareil Claydon Hybrid T4 acheté en 2021. « Il affiche environ 350 hectares de semis par an et on devrait monter à 500 hectares, lorsque mon frère l’utilisera également sur son exploitation. Les bons résultats obtenus à la récolte 2022, aussi bien sur le rendement des cultures que la réussite des couverts, ont levé pas mal de doutes sur cette nouvelle technique. Les colzas étaient par exemple très bien enracinés. Le bilan 2023 devrait finir de le convaincre. »
Des dents semeuses espacées de 31 centimètres
Ce semoir semi-porté de 4 mètres de large, combinant dents fissuratrices et dents semeuses, a la particularité de travailler le sol et de positionner les graines sur des bandes espacées de 31 centimètres (cm). « Nous utilisons des socs semeurs de 18 cm de large équipés de deux diffuseurs avec lesquels on obtient des lignes de semis de 15 cm de large, espacées de 15 cm », précise Guillaume Pichot, qui indique par ailleurs ne pas utiliser le jalonnage pour éviter les bandes non semées. « Avec le guidage GPS, ça ne pose aucun problème. Cela me permet aussi de passer avec un décalage de 10 degrés par rapport aux lignes de semis du précédent. »
Sur l’Hybrid en version semi-portée, les dents sont réparties sur deux lignes séparées par une rangée de roues assurant le contrôle de la profondeur. « Ce grand dégagement permet de passer facilement dans les résidus de maïs, sans risque de bourrage. Il faut cependant être vigilant à ce que le semoir évolue bien de manière horizontale pour que les dents avant travaillent à la même profondeur que celles de l’arrière. On le vérifie à chaque nouvelle parcelle, le réglage de la profondeur étant centralisé à l’avant de la machine par un jeu de cales sur un vérin qui agit sur la position des roues de terrage. À l’avant, en plus de leur action de découpe, les disques frontaux jouent également sur le maintien de la planéité de l’outil. »
Une profondeur de fissuration de 7 à 15 centimètres
La profondeur de travail des dents fissuratrices et des dents semeuses se règle de manière indépendante. « On s’adapte aux conditions de sol. Quand le terrain est trop ferme ou en présence de mottes avec un précédent légume, les dents de fissuration sont réglées à 15 cm. Le reste du temps, on se limite à 7-8 cm pour préparer le lit de semence et favoriser la minéralisation. En ce qui concerne les dents semeuses, on ajuste assez facilement la profondeur en fonction du type de graine. Mais sur des terrains très meubles, la régularité n’est pas évidente à trouver, ce qui m’amène parfois à ne pas enterrer les socs pour une dépose des graines en surface, le travail de la herse arrière suffisant à les enfouir. » Dans ce dernier cas, mais aussi quand les conditions sont très sèches, notamment pour l’implantation des couverts ou du colza, Guillaume Pichot complète le travail du semoir, par un passage de rouleau. « On le fait uniquement pour rappuyer le semis, car côté nivellement, la succession des dents et les herses produisent un terrain très plat. »
200 chevaux pour semer de 8 à 12 km/h
Le semoir de 4 mètres est tracté par un Fendt 720 Vario. « Le bon report de charge sur le tracteur le rend assez facile à emmener. Les 200 chevaux suffisent largement pour avancer entre 8 et 12 km/h en fonction des conditions. On a tendance à ralentir dans les parcelles les plus caillouteuses pour préserver la régularité de semis, mais le Claydon passe mieux qu’un semoir classique dans ces conditions. Et contrairement au combiné de semis, on peut se passer d’un jumelage, ce qui nous facilite les trajets routiers. » L’agriculteur estime à 4 hectares par heure le débit de chantier instantané moyen. « En tenant compte des réglages et des rechargements de trémie, on se situe plutôt autour des 3 hectares par heure. » La seule contrainte pour le tracteur se situe au niveau de l’attelage, le constructeur anglais imposant deux retours hydrauliques pour garantir un fonctionnement optimal de la turbine. « Et il nous a aussi fallu faire tirer une prise électrique supplémentaire reliée directement à la batterie pour faire l’étalonnage sans démarrer le tracteur. »
En chiffres
220 ha de SAU : blé dur (50 ha), blé tendre (40), orge d’hiver (20), colza (20 à 40), maïs (30 à 50), pommes de terre (10), oignons (20) et betteraves (20)
120 000 euros HT prix catalogue du semoir Hybrid T4 mis à jour en juillet 2023 (modèle à deux trémies, sans option). À titre de comparaison, la version portée débute à 70 000 euros HT.
10 l/ha de consommation de GNR