La prestation complète se confirme chez les entrepreneurs de travaux agricoles
Une enquête réalisée par Marketing Direct Agricole auprès de 200 entrepreneurs de travaux agricoles dresse leur portrait en 2023.
Une enquête réalisée par Marketing Direct Agricole auprès de 200 entrepreneurs de travaux agricoles dresse leur portrait en 2023.
Qui sont les entrepreneurs de travaux agricoles en 2023 ? Telle est la thématique d'une enquête confiée à Marketing Direct Agricole qui a recueilli les réponses de 200 ETA. Déjà réalisé en 2013 et en 2019, ce sondage permet notamment de voir comment évolue leur profession.
Une profession qui rajeunit
L'enquête fait état d'un rajeunissement des chefs d'entreprise, avec une moyenne de 46 ans, contre 49 ans en 2013, preuve d'un renouvellement actif de cette population, qui se montre également de plus en plus formée, un tiers d'entre eux ayant au moins bac+2 (25 % avec BTS/BTSA contre 17 % en 2013)
Des tailles d'entreprises de plus en plus grandes
L'étude montre également une tendance à la diversification, vers les travaux des espaces ruraux (23 % contre 4 % en 2013), les travaux publics (18,5 % vs 5 %), les travaux forestiers (14% vs 2 %), le transport (12 % vs 1 %), la viticulture et l'arboriculture (6 % vs 1 %). Même si 52 % (identique à 2013) ne font que de la prestation agricoles. Les entreprises s'agrandissent. De 3 salariés en moyenne en 2013, elles sont passées à 4 en 2019 et 5,4 en 2023. Les chiffres d'affaires se montrent assez disparates, 13 % dépassant 1 million d'euros, quand 35 % ne franchissent pas 250 000 euros. Ces derniers sont pour la plupart des agriculteurs-entrepreneurs, "une catégorie qui est amenée à évoluer, selon Arnaud Poncelet de Marketing Direct Agricole, les contraintes futures les poussant soit à se recentrer sur l'agriculture, soit à développer la prestation."
Le renouvellement des matériels retardé
Concernant la stratégie d'équipement, si l'achat classique reste largement majoritaire, 41 % des ETA répondent avoir eu recours à la location au cours de ces trois dernières années, 36 % au leasing. La forte augmentation des prix des matériels agricoles poussent les entrepreneurs à revoir leur fréquence de renouvellement : 36 % des entrepreneurs pratiquant le renouvellement au maximum tous les 5 ans, annonçant vouloir allonger la durée de vie des matériels.
La prestation complète s'affirme dans les entreprises
En 2013, seulement 34 % des ETA pratiquaient la prestation complète, appelée aussi travail à façon ou full-service. Ce chiffre est passé à 54 % en 2019 pour se stabiliser à 50 % en 2023. Cette activité occupe une part de plus en plus importante dans ces entreprises, avec une part du chiffre d'affaires qui est passée de 25 % en 2013 à 32 % en 2019 pour atteindre aujourd'hui 43,5 %. 41 % des ETA la pratiquant pensent que cette prestation va continuer à se développer. Ce sont davantage les jeunes entrepreneurs, également agriculteurs, ayant au moins deux salariés et/ou uniquement centrés sur les travaux agricoles qui pratiquent cette prestation complète.
Dans cette configuration, 13 % des ETA décident pour les choix des intrants, 32 % conseillent leurs clients agriculteurs, qui restent décisionnaires, et 55 % suivent simplement les directives de leurs clients.
Gérard Napias, président de la FNEDT : "Quelques inquiétudes pour l'avenir"
Président de la fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), Gérard Napias a fait part de quelques inquiétudes. La fin du GNR (et sa défiscalisation) annoncée par Bruno Le Maire est une perspective qui va contribuer à la hausse des charges pour les EDT, en plus de celle des salaires et du matériel agricole. Se montrant opposé à cette décision, le président n'a pas manqué d'interpeler le ministre de l'agriculture sur ce sujet vendredi dernier lors du salon Euroforest, comparant avec les récentes annonces pour l'aviation civile qui devrait bénéficier de 2 milliards d'euros d'investissement pour la recherche dans des énergies plus vertes.
Gérard Napias est également revenu sur les vols de matériels agricoles qui restent trop souvent impunis : "Je crains qu'un jour il arrive un drame chez un entrepreneur excédé par les vols à répétition."
Enfin, le président s'est montré inquiet quant aux réglementations qui deviennent de plus en plus restrictives au niveau des plages de travail, "alors que nous avons besoin de travailler au maximum pendant ces fenêtres météorologiques déjà assez courtes pour rentabiliser nos investissements."